Voici une archive qui a fait couler beaucoup d’encre il y a 65 ans : le texte de la UNE de l’auto-journal du 15 septembre 1955 révélait les derniers secrets de la DS, plus d’un mois avant la présentation officielle.

La DS vue par L’Auto-Journal/15 septembre 1955
“Voici
la bombe Citroën !”

La 11 CV Citroën qui vient d’atteindre sa majorité est maintenant condamnée à brève échéance. Elle ne disparaîtra pourtant pas tout à fait puisque le modèle révolutionnaire qui la remplacera a dû se contenter du même quatre cylindres chevronné. Après des années d’attente et de déception, les fidèles de la marque verront cette fois apparaître au salon la nouvelle Citroën, dont le prix non encore déterminé ne sera pas très éloigné des 900 000 francs. La somme est, on le voit, très supérieure à celles auxquelles était accoutumée jusqu’ici la clientèle du Quai de Javel.

Cette 11 CV “ 56 ” a déjà été construite à une quarantaine d’exemplaires, remisés dans un local étroitement surveillé. Le constructeur espère maintenant parvenir à une cadence de 1200 voitures par mois au début de l’an prochain, puis atteindre progressivement le rythme de 6000 unités mensuelles qui était il y a quelque temps celui de la 11 CV. Le nouveau modèle est, on s’en doute, une traction-avant.

Le pot d’échappement transversal se trouve lui aussi à l’avant. L’originalité semble d’ailleurs avoir été la préoccupation majeure des créateurs de la voiture. Il n’y a depuis longtemps rien de nouveau en automobile mais il est toujours possible de présenter des formules peu familières. a Citroën “ 56 ” ne s’en prive pas. Une centrale hydraulique avec réservoir sous le capot alimente un réseau très développé de tubes (plusieurs dizaines de mètres) correspondant tout d’abord à la suspension oléopneumatique, analogue à celle de la 15H mais équipant l’avant comme l’arrière. D’autres circuits d’huile commandent la boîte à quatre vitesses et l’embrayage contrôlés par un seul levier disposé sur le tableau de bord.

La formule du moteur retourné qui on le sait a été expérimentée, a été finalement abandonnée à cause du porte-à-faux excessif qu’elle entraînait. Le train avant apparaît déjà extrêmement chargé sur le modèle qui a été retenu. En effet, à la mécanique connue s’ajoute de nombreux dispositifs hydrauliques assez compliqués pour ne pas parler de la roue de secours, curieusement placée, comme l’outillage, devant le radiateur.

De la sorte, la pédale de débrayage disparaît et l’embrayage entre en action automatiquement au moment de changer de vitesse. Ainsi, Citroën s’adresse à un circuit hydraulique pour effectuer le travail qui est demandé à l’électricité sur d’autres modèles français à deux pédales (…). Mais comment ne pas évoquer dès maintenant la question que l’on se pose ici ou là : l’ingéniosité certaine de la voiture va de pair avec une complication non moins évidente. Cette dernière ne soulève-t-elle pas, sur le plan de l’entretien et des réparations, des problèmes singulièrement ardus ?

Ci-dessous, PARIS MATCH devait sortir le jour de la présentation, mais une grève retarda la parution du numéro consacré à la DS

