Il y a 13 ans, C-Cactus : la révolution Citroën

Citroën vient de présenter sa berline compacte aux codes de SUV : la C4. Cette même appellation a accueilli  dans la gamme en 2014 la très fameuse C4-Cactus, née après un long processus d’études menées suite à la présentation, voici treize ans déjà, de l’un des concept-cars les plus emblématiques de la marque : C-Cactus. Revivez la naissance particulière de cet incroyable concept-car.

« Pour C-Cactus, je me suis inspiré de la morphologie du bulldog ! »
Olivier Vincent, designer de la C-Cactus

L’année 2007 restera gravée dans l’histoire du constructeur. Au salon de Francfort, Citroën présente C-Cactus, une vision futuriste de la berline écolo. Elle casse les codes et engage le style dans une nouvelle dynamique.

Arthur Blakeslee, le patron du style Citroën d’alors, est dubitatif. Au début des années 1990, le designer Oleg Son le prévient que l’un de ses maquettistes modeleurs va certainement les quitter pour Audi, afin de devenir… designer, et qu’il serait bien dommage de le laisser partir. C’est alors que l’homme en question, Olivier Vincent ci-dessous, entré chez Citroën en 1991, tente le tout pour le tout.

“Petit à petit, lors de mes années pendant lesquelles j’ai opéré comme modeleur maquettiste auprès d’Oleg Son, Jacques Blondel et Marc Pinson, j’ai compris que je voulais passer de l’autre côté, devenir designer.” explique Olivier Vincent. “Mais l’idée n’était pas bien perçue par Arthur Blakeslee. J’ai alors participé à des concours de design, chez Renault et Audi. Chez ce dernier, je suis arrivé cinquième du concours, et ce constructeur était prêt à m’engager après une formation. Mais elle n’était pas rémunérée et je ne pouvais pas laisser tomber mon boulot… J’ai finalement pu présenter mon travail à Blakeslee qui a accepté de financer en partie mes études à Strate Collège. Je tenais à rester chez Citroën, car je suis attaché à cette maison, c’est ma première boîte. J’ai une grande estime, ça représente quelque chose pour moi cette fidélité !

Après ses deux années d’études, Olivier Vincent est intégré à l’équipe de designers par Jean-Pierre Ploué. Il va travailler sur le projet Tubik  – avec Mark Lloyd – qui n’est pas encore le concept-car de 2011 évidemment, mais une sorte d’Audi A2 dont une maquette roulante est réalisée en collaboration avec la DRIA (Direction de la Recherche et Innovation et des technologies Avancées). Puis il œuvre sur la C5 de la seconde génération. « Officiellement, après avoir participé à l’avance de phase, j’ai dessiné la silhouette break Tourer et ensuite, le temps de la Cactus est arrivé ! »

Lorsque ce programme débarque sur la table des designers, l’idée est de concevoir un véhicule économique, recyclable. Ce concept a marqué l’histoire du design Citroën. “Nous étions très libres au départ, il fallait dessiner un engin écolo, économique mais surtout très typé. Lors du concours entre tous les designers, j’ai opté pour un design attractif et en même temps appropriable.

Je me suis inspiré d’un… bulldog parce qu’il est atypique en termes de morphologie, on a envie de le caresser car il est mignon et en même temps espiègle. Un bulldog n’est pas forcément très beau mais il est facile de se l’approprier. Mes propositions sortaient clairement de l’univers automobile” explique Olivier.

Et le plus beau commentaire vient de Jean-Pierre Ploué, très emballé par les dessins, et qui souffle à Olivier « qu’il n’aurait jamais pu dessiner ça ! » Au début, les dessins d’Olivier Vincent – qui signera également le design de la Citroën DS4 – tutoient l’univers du Hummer avec un avant plat, un ensemble plutôt haut sur pattes. Et puis il y a eu cette morphologie du bulldog qui rompt totalement avec le côté très zen de l’intérieur, enfanté par Cathal Loughnane. Comme Olivier, Cathal est orienté vers le concept d’une voiture « essentielle ». Essentiel, le terme est lâché. C’est au service marketing produit qu’il naît sous la direction de Vincent Besson.

Ce dernier explique à la presse que le concept-car C-Cactus « est une nouvelle vision écologique et attractive de l’automobile essentielle, une nouvelle vision de l’automobile, centrée sur les valeurs essentielles. Il relève le pari ambitieux de proposer une berline écologique au style attractif et ludique, équipée d’une chaîne de traction hybride HDi au prix d’une C4 d’entrée de gamme. Autour de l’épine dorsale que constitue notre gamme actuelle, nous envisageons volontiers une gamme décalée vers le bas, baptisée “essentielle”, qui reprendrait le concept de la C-Cactus et le déclinerait à trois niveaux différents de plateforme. » Au sein du groupe PSA, c’est une histoire qui va aboutir à un projet complexe car pour passer du concept d’Olivier Vincent à la voiture que l’on connaîtra en 2014 (la Citroën Cactus), rien ne se passera comme prévu.

Tout d’abord, il est impossible de développer le projet sur la plateforme de milieu de gamme pour venir en renfort « économique » de la C4. En basculant sur la plateforme de la C3, C-Cactus qui mesure plus de 4,20 m de longueur, entre dans une sorte de no man’s land automobile, en se faisant passer pour une berline du segment supérieur malgré ses dessous de C3. Le développement stylistique de la voiture de série dérivée de son concept-car (projet E3) ne concernera pourtant pas Olivier Vincent. Marc Pinson a besoin de lui sur le projet de la C4 Picasso et le projet E3 bascule aux mains de Frédéric Duvernier.

« L’exercice de transposer C-Cactus sur le programme E3 était périlleux car le package n’était pas approprié. J’avais tenté l’opération avant de basculer sur le projet C4 Picasso, mais Jean-Pierre n’était pas convaincu. » La morphologie du bulldog du concept-car sera donc abandonnée au profit d’un objet plus lisse, high-tech.

Un iPod sur roues qui voit le jour sept longues années après la présentation du concept C-Cactus de 2007. Au cours de la genèse de ce dernier, Olivier Vincent a-t-il pensé à la 2CV, autre voiture « essentielle » du constructeur français ? « Non, mais il est vrai que l’esprit de la 2CV est là avec son côté essentiel et humaniste. Dans le graphisme, la 2CV est très typée avec ses grandes ailes. Il existe quelques similitudes entre les deux. »

C-Cactus a ouvert une voie nouvelle à Citroën, voie que le constructeur a eu du mal à défricher sur le plan industriel. Mais l’enthousiasme était bien réel puisqu’une version C-Cactus break (projet E32) était programmée. Elle aurait peut-être pu réaliser ce que seule l’Ami 6 avait fait avant elle : se vendre mieux que la berline !

Aujourd’hui, avec l’arrivée de la C4 2020 ci-dessus, les jours de la C4 Cactus sont peut-être comptés. Elle n’en reste pas moins l’une des plus audacieuses tentatives du constructeur français à défricher des voies inexplorées. Parfois à ses risques et périls !

Sujet extrait du livre “Concept-cars et prototypes d’études Citroën” disponible sur le site BJB Editions : https://www.bjbeditions.com/products/concept-cars-et-prototypes-detudes-citroen

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