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Lorsque la marque Alpine aura dévoilé l’intégralité de son plan produit, soit 7 modèles d’ici 2028, on s’apercevra que pratiquement la moitié d’entre eux seront des crossovers ! Le C-XO GT sur le segment des compacts, le D-XO GT sur le segment des routières et le E-XO GT sur le segment du haut de gamme, porteront à trois les modèles basés sur le concept des crossovers.
Ils feront partie de la ligne “Lifestyle” d’Alpine qui ne se cache pas pour préciser qu’il s’agira avec eux de faire du volume. La petite A290 s’ajoute à cette lignée. En face, on trouve celle des sportives avec la future A110 en version coupé et roadster, et la 2+2 places, qui prendra l’appellation d’A310. Si l’on ajoute que le roadster sera un dérivé de l’A110 et que la E-XO GT sera une version longue de la D-XO GT, on peut sans être dans l’erreur écrire que la moitié de la gamme Alpine – celle des volumes en tous les cas – sera basée sur le concept crossover.
On devine sur le schéma ci-dessus que la partie “sport” s’appuiera sur trois modèles inédits, basés sur la plateforme inédite dénommée “APP” pour “Alpine Performance Plateforme”. Cette architecture est totalement modulable et accueillera les trois modèles : A110, A110 Roadster et A310. Cette dernière, ci-dessous, disposera d’un empattement et de voies augmentés ainsi qu’un second rang pour deux passagers. La plateforme APP ne sera en revanche pas retenue pour le crossover C-XO GT qui empruntera la sienne au Nissan Ariya.
Les passionnés de la marque historique ne doivent donc pas se flageller devant l’arrivée des crossovers qui verront le jour à partir de 2025 pour le C-XO GT, et jusqu’en 2028 pour les deux crossovers à vocation (très) internationale. Car les silhouettes sportives seront bien présentes. Ci-dessous, voici le profil de la future A110 dévoilé lors de la présentation du plan produit. Faut-il s’y fier ? Nous l’avons mis en parallèle avec celui de la Berlinette originelle. La future, 100% électrique, bénéficiera de la version courte de l’APP. On relève un pavillon très bulbeux…
Fermons la porte du garage des futures sportives d’Alpine pour ouvrir celles des crossovers “life style”. Pourquoi la marque Alpine se tourne-t-elle vers ce type de silhouette ? Les réponses sont évidentes. Premièrement, si Alpine veut devenir et demeurer une marque rentable tout en restant dans le giron du groupe Renault (entendez par là, sans être vendue…) il lui faut acquérir un seuil de rentabilité qui impose nécessairement du volume. Et ce ne sont pas les futures A110 et A310 qui apporteront ce socle solide, mais bien les silhouettes crossovers, comme le très prochain C-XO GT ci-dessous.
Deuxièmement, l’idée d’une Alpine qui mélange les genres, croise les concepts et ose s’affubler du terme de crossover n’est pas nouvelle en soi. Elle a même plus de… quarante ans ! Voici un petit récapitulatif de ces projets d’Alpine qui débordaient largement la simple idée d’un produit léger, sportif et compact ! Avec une exclusivité qui montre que le prochain crossover compact C-XO GT n’est pas né de la dernière pluie !
LISEZ L’INTERVIEW DU DESIGNER ADRIEN ACQUITTER (“De Ferrari à Alpine”) ici : http://lignesauto.fr/?p=30191
1979 : le SUV VVA : Véhicule Vert Alpine
Alors que la Matra Simca Rancho née en 1977 n’a pas encore célébré son deuxième anniversaire, le style Renault imagine en 1979 un véhicule de loisirs badgé Alpine. C’est le VVA : Véhicule Vert Alpine. Michel Jardin et Marcello Gandini se chargent du style des premières propositions. Jardin opte pour un design qui offre de la luminosité à bord. Plus que de contrer directement la Matra, le projet VVA ambitionne de trouver une activité pour l’usine Alpine de Dieppe, car les multiples projets de développement de la gamme ont tous connu des déboires. « Nous avions retenu Alpine parce qu’avec leurs moyens industriels légers et peu coûteux, il aurait été possible de tester le marché sans de trop lourds investissement. » Cette Alpine devait être dotée de quatre roues motrices, contrairement à sa rivale Matra Simca. En 1980, le projet change d’orientation…
1980 : le VGR : Alpine sort du projet
Cette nouvelle voie qui ambitionne un véhicule plus international et au design plus typé, est conduit par quelques belles signatures italiennes, au premier rang desquelles : Marcello Gandini. Il propose deux variantes du projet VVA qui perd son appellation “Alpine”, pour devenir VGR (Véhicule de grande randonnée). Mario Bellini étudie un intérieur cossue pour la seconde proposition de Gandini, très “Range Rover”. Mais AMC entre dans la danse en passant dans le giron de Renault et Bernard Hanon, le patron, a d’autres plans avec la gamme Jeep. Les VVA et VGR resteront à l’état de prototypes.
2005 : le projet W16, une Renault-Sport “Alpine” SUV et compacte
Alpine, que Louis Schweitzer a fait mourir en 1995, est pourtant bien présent dans l’esprit de nombreux designers dans les tous nouveaux locaux du Technocentre de Guyancourt, là où sont implantés les bureaux de design du groupe Renault. Si le label Renault-Sport a remplacé la marque Alpine, il va sans dire que nombreux sont ceux qui vivent et respirent tous les jours “Alpine” ! Le petit SUV 2+2 places à moteur central étudié en 2005 sous le nom de code W16 invente à lui seul l’idée d’un crossover compact. Il a été pensé pour Renault-Sport par des designers qui imaginaient une Alpine. Celle qui aurait redonné vie au mythe.
Ce projet de crossover ouvre donc de nouveaux horizons. Il faut rappeler qu’avant lui, la Berlinette Z11 (potentiel retour du nom Alpine dans le groupe Renault) avait été proche d’une production. Et ce coupé sportif des années 2000, qui aurait dû être présentée en 2001, adoptait déjà un look très différent de l’idée qu’on se faisait alors du retour d’Alpine en grande série (voir ci-dessous). C’était déjà une sorte de “mélange des genres”. Un crossover donc… Ce projet Z11, comme le W16, n’ont hélas pas eu de suite. Mais les amoureux d’Alpine n’ont pas dit leur dernier mot.
2011 : le “ZH-25” devait devenir le premier crossover Alpine
Sous le nom de code ZH-25, le deuxième concept-car de l’ère Laurens van den Acker de 2011 (après le coupé DeZir qui a un temps accueilli lui aussi le logo Alpine), se cache le concept Renault Captur. Comme on le devine aisément sur le dessin du projet ci-dessous, l’équipe des concept-cars tente une nouvelle fois d’apposer le logo Alpine. Ce dessin d’un crossover coupé dynamique avec ses optiques rondes enchâssées entre deux phares affutés aurait tout à fait pu prétendre à être intégré à la gamme Alpine.
Mais la gamme Alpine n’existe plus en 2011, même si les projets ne manquent pas en interne. La guéguerre entre les passionnés du A fléché et ceux du label Renault-Sport ne facilite pas les choses. Dans ce duel interne, Laurens van den Acker décide qu’il est trop tôt pour badger l’un des concept-cars du logo Alpine. Le ZH-25 deviendra donc le Renault Captur en 2011 avec un dérivé SUV de la Clio qui empruntera son nom au concept, mais pas son dynamisme. Sous le traits du Captur de 2011 se cache déjà les gènes d’un potentiel crossover Alpine… Ce n’est que partie remise !
2018 : l’A110 SUV
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Sept ans plus tard, alors que le projet Alpine se dirige enfin vers la production d’une descendante de la Berlinette, les ambitions montent d’un cran. Car en coulisses, on sait que le coupé sportif, seul, ne permettra pas à la marque de perdurer. Pour autant, le patron d’alors – Carlos Ghosn – n’a pas l’intention de créer une “gamme” Alpine. Encore moins d’imaginer ce nom devenir une marque à part entière aux côtés de Renault et Dacia…
En 2017 donc, l’Alpine A110 de la nouvelle génération est dévoilée après qu’une première tentative de Berlinette sur base de Nissan ZX, avec moteur avant, a échoué. C’était le projet W19 daté de 2007 déjà publié sur notre site (ci-dessous).
Avec le nouveau projet d’A110 de 2017, le design se projette avec justesse dans un futur où le thème du “SUV” plaira et, associé au nom d’Alpine, imagine un “SUV dynamique”. Cette version crossover dont voici en exclusivité l’une des maquettes, ne peut pas être datée avec précision, mais le panneau de custode, proche de celui de l’A110 de série semble attesté qu’elle a été réalisée pratiquement en même temps le projet de renaissance de l’A110.
On reconnait la silhouette de l’A110, avec une proue (en 1) dotée des deux optiques additionnelles, alors que le capot est presque plat, sans doute pour permettre l’implantation du groupe propulseur (évoquait-on déjà le 100% EV ? Sans doute pas à cette date…), un empattement très allongé et quatre portes (en 3). La hauteur de caisse est rehaussée et le travail aérodynamique poussé dans les bas de caisse (en 2). La stature est haute, alors qu’à l’arrière on retrouve le design caractéristique de l’A110 (en 4), notamment sur le montant au-dessus de la roue et l’inclinaison de la vitre arrière. En 5, le dessin semble très proche de celui du coupé A110, avec seulement des feux rehaussés eux aussi. Le crossover Alpine n’ira pour l’heure pas plus loin que cette maquette…
2020 : l’Alpine Sport X, la tentation éphémère
Après l’annonce du plan Renaulution et des trois modèles 100% électriques (A290, crossover compact C-XO GT et future A110), la très récente A110 thermique sait que ses jours sont comptés. Pas question de version découvrable, alors qu’une frange de la clientèle la réclame et pas question d’un renouvellement sur cette plateforme conçue exclusivement pour une chaîne de traction thermique.
Mais comme il faut faire tenir ce merveilleux engin quelques années encore, de nombreuses évolutions touchant à la mécanique, aux finitions et aux performances sont proposées avec des résultats commerciaux flamboyants ! Un concept est alors dévoilé en 2020 qui intègre l’esprit crossover : l’A110 Sport X. C’est bien plus qu’un amusement car il confirme qu’Alpine est désormais prête à passer le cap : un crossover compact sera bien là en 2025 et sera assemblé dans la mythique usine de Dieppe. Près de huit ans après la renaissance de la marque. Le temps d’accepter, voire de digérer, que le nom d’Alpine puisse être associé au concept du crossover…