Quand le nouveau patron du design Peugeot jouait avec Citroën en Chine.

Le nouveau patron du style Peugeot a eu une vie bien remplie avant d’accéder au Graal ! Retour sur un concept-car qui reste l’un des moments forts de sa carrière : Metropolis, présenté voici tout juste dix ans. Déjà !

Alors que les concept-cars Hypnos et GTbyCitroën sont dévoilés à l’automne 2008, Matthias Hossann, designer Citroën depuis six ans, boucle ses valises pour rejoindre le tout nouveau centre de design en Chine qui vient d’ouvrir ses portes à Shanghai. La vie dans cette ville qui fait face à la mer de Chine Orientale, est un changement radical par rapport à Vélizy Villacoublay où sont implantés les bureaux de design du groupe PSA.

Matthias oublie pour un long moment les plats de la cantine de l’ADN. Peut-être aura-t-il testé à Shanghai le plat traditionnel du « porc en forme de tête de lion »? Mais de Lion, il n’en est pas encore question à cette époque, même si depuis ce mois d’août 2020, Matthias a pris les commandes du design Peugeot. Mais en 2008, le voici « Senior designer » au sein de ce centre de design chinois où Oleg Son chapeaute la petite équipe locale. C’est elle qui va enfanter un concept-car ambitieux, long de 5,30 m qui sera présenté en avant-première lors de l’exposition universelle de Shanghai le 1e mai 2010, dans le pavillon français.

Thierry Métroz (aujourd’hui responsable du design DS) est alors responsable du design Citroën depuis le début de cette année 2010 et se souvient très bien de ce vaisseau amiral ! « C’est effectivement Oleg Son qui est en Chine à cette époque comme responsable du studio de Shanghai. Lorsque j’arrive aux commandes du design Citroën, le projet est finalisé car les premiers travaux ont commencé dès 2009. L’équipe est alors très jeune, principalement composée de Chinois mais elle est encadrée par des Français avec notamment Matthias Hossann. Le but est alors de montrer le savoir-faire du studio créé depuis peu. C’est surtout un projet extrêmement motivant pour les designers, une occasion de s’exprimer et de reconnaissance de la créativité du studio. Le projet est évidemment supervisé par Jean-Pierre Ploué. »

Si en Chine, la grande berline prend des allures de limousine classique avec trois volumes bien définis entre un avant très expressif, un habitacle très bas et une malle au dessin de promontoire assez original, à plus de 9 000 kilomètres du studio de Shanghai, Thierry Métroz et son équipe songent également à anticiper l’univers de la grande berline avec le projet de la Numéro 9 (ci-dessous) qui arrivera deux ans après Metropolis. Mais il est question dans ce dernier cas de Citroën DS et non pas seulement de Citroën…

En Chine, les contraintes pour élaborer Metropolis sont légères. « L’équipe a pu imaginer tout ce qu’elle voulait dans ce projet » rappelle Thierry Métroz. Le concept-car dégage une réelle prestance, même si la première définition du prototype se présente sous la forme d’une maquette semi-creuse où l’habitacle n’est pas matérialisé. Citroën précise cependant à l’époque que « le design intérieur de Metropolis s’inspire de l’éventail et des instruments de musique traditionnels à cordes, signes du lettré chinois raffiné. L’ensemble se décline en strates superposées accueillantes qui forment un écrin luxueux dans lequel la richesse de l’expression est fondamentale. »

Le design extérieur démontre quant à lui des détails très achevés, comme le jonc chromé qui habille le panneau de custode ou encore la découpe des ailes avant. Thierry précise également que ce volume général a été traité pratiquement en partant des places arrière, celles dont les chinois aiment qu’elles soient accueillantes et confortables. L’empattement de la Metropolis tutoie les trois mètres de longueur, favorisant du même coup une grande liberté pour imaginer un vaste espace pour ce fameux « rang 2 ».

Comme les Citroën de haut de gamme de l’époque, la Metropolis repose sur la plateforme PF3 des C5/C6 et dispose donc de la suspension hydractive. Mais l’occasion est surtout donnée à PSA de montrer au marché chinois qu’il est lui aussi capable de fournir un moteur puissant. C’est le V6 de 270 ch qui est retenu accouplé à une machine électrique sur le train arrière, autorisant du même coup une puissance cumulée lors de la phase de boost de 460 ch avec la transmission intégrale.

Mais au-delà du style, des rêves et de l’excellent travail effectué sur ce concept-car Metropolis, il faut impérativement le resituer dans son contexte. En 2010 lorsque Metropolis est présenté en Chine, le groupe PSA célèbre les dix-huit ans de sa joint-venture avec Dongfeng Motor Group qui produit sur le territoire chinois des Peugeot et des Citroën. Metropolis, avec ses logos Citroën et son double chevron est donc bien un véhicule qui peut célébrer cet anniversaire.

Mais la même année, le groupe français crée une seconde joint-venture, cette fois avec le chinois Changan. Cette dernière, appelée CAPSA chez PSA (ci-dessus), sera effective en novembre 2011 et ne produira que de véhicules badgés « DS Automobiles ». Tout ceci augure d’un bel avenir, mais en Europe, le lancement de la ligne Citroën DS vient tout juste de débuter avec la Citroën DS3. Une phase de transition va naître alors entre la gamme européenne constituée des futures Citroën DS4 et Citroën DS5 et celle de la gamme dédiée à CAPSA qui sera construite dans l’urgence. Quatre longues années de cohabitation entre des Citroën DS européennes et des DS chinoises vont finalement aboutir à une mondialisation de l’intégralité des silhouettes des gammes Citroën et DS Automobiles et, surtout, à la création de la marque DS Automobiles à l’échelon mondial.

Ce texte est en partie extrait du livre “Concept-car et prototypes d’études Citroën” (ci-dessus) dédié à l’histoire du style Citroën de 1960 à 2019. A commander ici : https://www.bjbeditions.com/products/concept-cars-et-prototypes-detudes-citroen

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