Renault fait fort dans le domaine du calendrier de présentations de ses nombreuses nouveautés, sans doute au détriment de son concurrent français Peugeot. En présentant son Rafale (un Austral à la silhouette dynamique) et son Scénic E-Tech AVANT le Peugeot 3008, Renault force ainsi son rival à endosser le statut de suiveur. Alors que la réalité des faits est tout autre… Les équipes de Gilles Vidal ont mis le four à 200° pour une cuisson ultra-rapide de ces deux projets (Rafale et Scénic). Si le Rafale a été habillé (en partie ?) par le nouveau patron du design Renault, et ex-patron du design Peugeot, le Scénic semble être le premier véhicule 100% signé par Vidal.
Annoncé de longue date, le remplaçant du 3008 a mis un temps certain – et même un certain temps – pour arriver jusqu’au stade de sa présentation officielle. Il s’est fait griller la politesse par Renault et son Scénic à Munich, un salon où seule la marque Opel représentait le groupe Stellantis. Mais la volonté d’être hors-cadre en présentant son nouveau 3008 hors salon est assumée par Peugeot. Cette présentation tardive fait mal dans l’esprit du grand public qui pense que le 3008 copie le Rafale, voire le Scénic. Dans l’absolu, le 3008 a encore en lui quelques gènes de l’époque Vidal et (beaucoup) de la nouvelle ère du patron du design Peugeot, Matthias Hossann.
Il est toujours compliqué pour un nouveau patron de design d’une marque de démarrer sous ses nouvelles couleurs. Il doit effectivement traîner derrière lui pendant au moins trois ans les créations de son prédécesseur en les adoubant parfois avec un sourire forcé. On constate que Gilles Vidal est allé assez vite pour faire oublier cette période de transition et pour apporter sa griffe sur les créations Renault. Le problème, c’est que cette griffe ressemble fort à celle du design Peugeot qu’il a relancé ces dernières années. D’où une levée de boucliers de certains qui estiment que c’est au designer de s’imprégner de l’ADN de la marque, et non l’inverse. Mais est-ce que Luca de Meo a laissé le choix à la pépite Vidal, surprise du mercato Stellantis-Renault de l’année 2020 ? Sans doute pas.
Le patron Italien a un objectif prioritaire, celui de développer l’offre dans le segment C (voire D) et avec l’Austral, le Rafale, l’Espace et le Scénic EV, là encore la rafale (!) de produits nouveaux est impressionnante. Plus animée en tous les cas que celle de Peugeot. A la décharge du design Peugeot, pourquoi Matthias Hossann et ses équipes auraient changé une équipe qui gagne ? Le 3008 est la star de la gamme et son renouvellement s’est fait avec pragmatisme et une prise de risque calculée, notamment sur le concept de silhouette dynamique. Mais la transformation de la plateforme précédente en STLA Médium multi-énergie a peut-être ralenti le processus de développement.
Le 3008 de l’actuelle génération est né en 2016, son remplaçant ne sera commercialisé qu’en 2024, soit huit ans après. C’est plus d’une année que la moyenne actuelle. A cela, Peugeot pourra répliquer que la dernière génération de Scénic, née elle aussi en 2016, sera remplacée dans les concessions qu’au début 2024. Mais le contexte n’est pas le même : le Scénic précédent restait ancré dans l’attitude du monospace (certes dynamique) alors que le 3008 a depuis sa première génération adopté l’ADN du crossover… Quoiqu’il en soit, le nouveau Peugeot 3008, aidé de sa variante e-3008 et du futur 5008 familial, devra lutter chez Renault contre plusieurs silhouettes différentes : Austral thermique et hybride, Rafale thermique et hybride, Scénic 100% électrique et même Arkana thermique et hybride. Bon courage !