La nouvelle C3 bientôt dévoilée. Voici l’histoire des trois précédentes générations qui ont sauvé Citroën.

Chez tous les constructeurs, il existe un modèle qui compte plus que les autres. Souvent, c’est parce qu’il représente à lui seul le plus gros volume des ventes. Mais pas seulement. La 205 en 1983 sauve Peugeot, le Scénic de Renault invente un nouveau concept de familiale compacte et la décriée Porsche 911 type 996 -avec sa jumelle physique Boxster- sauve la marque.

La 4e génération de Citroën C3 qui arrivera en 2024 est de cette veine. Elle marquera une rupture, avec enfin un véhicule électrique mais aussi une nouvelle stratégie affichée en termes de positionnement (prix et concept). Son design adoptera le thème de la proue du concept Oli et le gabarit du modèle C3 Indien (ci-dessus). Mais bien sûr, sa plateforme sera celle des e-208 ou DS3 E-Tense, adapté à une stratégie de coût maîtrisé. Il est temps de rappeler l’importance des trois premières moutures qui sont chacune arrivées à des moments forts de l’histoire de la marque. Et ont contribué, quelque part, à la sauver !

Première génération : 2002-2009

La première C3 avec sa bouille de 2CV revisitée est celle qui va ancrer Citroën dans un renouveau tellement attendu. Avec le départ de Jacques Calvet en 1997 et l’arrivée de Jean-Martin Folz, les choses bougent au produit. Derrière les portes du bureau de style Citroën (on disait « Centre de Création Citroën » à l’époque) le patron du design Arthur Blakeslee laisse la voie libre à ses équipes. Enfin !

Frédéric Soubirou (aujourd’hui responsable du design extérieur de la marque DS) est alors stagiaire au style Citroën et se souvient qu’à la fin du règne du patron du style, « Marc Pinson et Oleg Son sont les deux personnes qui, voyant Blakeslee se retirer peu à peu, ont commencé à faire bouger Citroën. » Cela a donné naissance aux concept-cars C3 Lumière et C6 Lignage ci-dessous. Il y eut également la C4 Volcane, mais le patron de la marque Claude Satinet l’a gardée au chaud pour le programme de la future C4.

Cette période de la fin du deuxième millénaire est une véritable bouffée d’oxygène pour la marque, comme le soulignait Marc Pinson, auteur du design de la Lignage : « les projets incroyables qu’on faisait avant passaient systématiquement à la trappe alors que là, ils étaient sélectionnés par la direction, comme la C3 Lumière et la C6 Lignage. »

La C3 Lumière ci-dessus a été présentée en 1998, un an avant la Lignage. On doit son suivi à Oleg Son et son architecture originale de voiture « bulle » avec sa face avant singeant la 2CV ont au niveau de la calandre, séduit immédiatement le public. Il fallut attendre quatre ans avant que se profile le dérivé de série, simplement dénommé C3. Cette arrivée coïncide pratiquement avec celle de Jean-Pierre Ploué dans le fauteuil d’Arthur Blakeslee.

Deux ans avant la commercialisation de la C3, Ploué quitte Ford pour prendre la direction du design de Citroën. L’occasion de tout casser ? Surtout pas, comme il le confiait en 2000. « Quand je suis arrivé en 2000 chez Citroën, j’ai surfé sur la vague, il y a eu des bonnes choses et j’ai fait en sorte qu’elles soient meilleures, et j’ai poussé des produits en développement. Mais en aucun cas vous ne devez tout remettre en cause et tout casser. Nos patrons connaissent ce qu’il y a dans les cartons et ils poussaient alors tous nos projets. Ils n’avaient aucun intérêt à casser cette dynamique, bien au contraire » Jean-Pierre Ploué arrive au bon moment chez Citroën…

Deuxième génération : 2009-2016

Comme la chance sourit aux audacieux, la chance va sourire à Jean-Pierre Ploué. Son management est solide. Il faut juste pouvoir le suivre. Délaisser les godillots de l’ère Blakeslee pour chausser les baskets pour des sprints usants ! Aller toujours plus vite, casser les habitudes prises pendant deux décennies de flottement et d’enlisement.

Avec lui, une partie de l’équipe de stylistes va quand même changer. A l’époque, il affirmait que « lorsque je suis arrivé au design, il n’y avait que 97 personnes au style. Aujourd’hui, avec la réorganisation des différents secteurs, nous sommes 200 (en 2000 NDA). Nous avons intégré de nouveaux départements comme le développement de nouveaux véhicules en partie industrielle, nous avons accueilli le service des couleurs et matières, celui de la qualité perçue, du plan de forme mais nous avons quand même embauché. En fait, j’ai renouvelé l’équipe à 75/80%… »

Jean-Pierre Ploué a carte blanche mais il a surtout l’immense bonheur d’œuvrer au produit avec un homme de grande valeur : Vincent Besson. Avec ce binôme, Claude Satinet, le boss de Citroën, sait tenir une paire d’as. D’un côté l’esthète de l’esthétique, de l’autre le pro du produit. Pourtant, tout n’a pas été – et aujourd’hui patron du style Renault…- va entrer dans ce cercle des fidèles. Et même si Ploué veut avant tout de vrais pros, il fait confiance à de jeunes talents, à l’image de Frédéric Soubirou ou Matthias Hossann. Oui, l’actuel patron du design Peugeot !

Ces deux-là vont métamorphoser une nouvelle fois l’offre de la marque avec la remplaçante de la première génération de C3. La C3 de 2009 explose les codes avec une version trois portes qui n’a plus rien en commun avec la C2 qu’elle renouvelle. Christian Streiff, nouveau et éphémère patron de PSA, pousse le projet vers une offre de type premium et personnalisable. Côté style, Matthias Hossann crée la version cinq portes, alors que Frédéric Soubirou, ci-dessous, imagine la trois portes avec son fameux aileron de requin… déjà présent sur les premières maquettes du coupé Peugeot RCZ étudié dans le même temps.

Qu’à cela ne tienne, Ploué tranche pour retenir cet aileron sur la Citroën et Vincent Besson imagine avec ses troupes la « ligne Citroën DS ». Sans savoir qu’à court terme (en 2014), cette gamme dans la gamme va disparaître de l’offre Citroën et mettre la marque en danger.

Troisième génération : 2016-2024

Car voici que le design, aidé de la moitié du groupe PSA, pousse pour convertir la « ligne Citroën DS » née en cette année 2010 avec la Citroën DS Inside, en une marque à part entière. Ce sera chose faite grâce à la Chine qui a été la première à vendre des « DS »- et seulement des DS, sans le logo Citroën- ainsi badgées sur son propre marché. En 2014, Carlos Tavares, le nouveau patron du groupe PSA tranche : oui à la marque DS. Clap de fin pour la « ligne Citroën DS ».

Jean-Pierre Ploué impose donc une nouvelle organisation puisqu’une troisième marque débarque. Gilles Vidal conserve le style Peugeot qu’il vient de prendre en charge en 2010, Thierry Metroz devient le directeur du design DS alors qu’Alexandre Malval prend en charge un difficile chantier : celui de redonner du souffle à une marque Citroën amputée d’une ligne DS pourtant profitable alors exploiter l’identité Citroën créée pour le Picasso et la Cactus sur l’intégralité de la gamme, en l’adaptant à chacun des nouveaux produits de cette fin des années 2010 : C3, C3 Aircross, C5 Aircross, C4 Cactus restylée et C5X.

Maquette de la future C3 de troisième génération. Photo prise dans le studio de style implanté à la Ferté Vidame, qui va disparaître l’an prochain…

En 2016, lorsqu’elle débarque sur le marché, la troisième génération de C3 dessinée par Cyril Pietton est une belle réussite, une Citroën comme on les aime, différente. Elle conserve le thème d’une personnalisation poussée que la Citroën DS3 avait inaugurée. Mais elle est bien esseulée avec le C5 Aircross… De plus, elle est basée sur l’ancienne plateforme, et ne pourra pas surfer sur la nouvelle vague des motorisations hybrides, et encore moins sur celle des véhicules électriques.

La C3 se fait en outre doubler par la remplaçante de la DS3 (DS3 Crossback en 2018) et par la 208 qui récupèrent une plateforme multi énergie, interdite à la C3 de troisième génération. Pire, Citroën semble délaissée par le tentaculaire groupe Stellantis et n’a pas présenté de grande nouveauté depuis la C5X (ci-dessus), si ce n’est la silhouette tricorps de de la C4. Il est grand temps que la C3 de la quatrième génération débarque.

Alexandre Malval ci-dessus à gauche lors de la présentation de la C3, a quitté la direction du design Citroën en fin d’année 2018 pour diriger le centre de design avancé de Mercedes implanté dans le sud de la France. Pierre Leclercq lui a succédé. C’est le neuvième « patron » du style Citroën après Bertoni, Opron, Fiore, Olsen, Blakeslee, Ploué, Metroz et Malval (ci-dessous, nous avons ajouté Jean Giret, qui a tenu le centre de style de mains de maître au départ d’Opron). Du style au design, de Bertoni à Leclercq, le monde a changé. Et ce changement s’accélère, à tel point que Citroën a loupé une marche, car en 2023, la marque ne présente toujours pas d’offre d’accès à la gamme en 100% électrique contrairement à la majorité de ses concurrents.

Permettez-moi de ne pas considérer l’Ami dans cette catégorie. Le nouveau patron de Citroën Thierry Koskas – successeur de Vincent Cobée, Koskas bénéficiera donc du travail de ce dernier sur le projet de la 4e génération de C3- veut s’appuyer sur une future ëC3 à bas coût et simplifier sa gamme. Mais Peugeot sur ce dernier point coupe l’herbe sous le pied de Citroën en présentant un e-3008 en seulement deux niveaux de finitions et trois packs d’option seulement. Il faut absolument que Citroën retrouve cette passion des hommes et femmes qui l’ont mené de mains de maître depuis 105 ans, pour le meilleur et souvent, l’excellence ! S’appuyer sur cette C3, attendue comme “le libérateur désigné et envoyé par le dieu de l’automobile“, ne suffira pas. Quid de l’avenir d’une marque qui va voir débarquer prochainement dans le groupe de nouveaux et nombreux produits Fiat, dont une Panda dont on dit qu’elle sera très proche de la C3 en termes d’ambitions…

BONUS LIGNES/auto

Lorsque Heuliez était un consultant privilégié du groupe PSA, sa petite cellule de création n’hésitait pas à proposer des silhouettes dérivées de celles des marques Peugeot ou Citroën. Pour la deuxième génération de C3, Heuliez avait songé à un dérivé break. Mais le constructeur a choisi de basculer sa silhouette trois portes dans l’univers “premium”…

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