Emmanuel Klissarov : portrait d’un designer qui entreprend ! PARTIES 2-3

LIGNES/auto vous propose, en trois actes, le portrait surprenant d’un designer à la carrière tout aussi étonnante. Son parcours doit donner espoir – et envie – à tous les jeunes designers ou étudiants qui se posent des questions sur le chemin idéal à emprunter pour accéder à ce métier. Nous avons laissé Emmanuel Klissarov en partance pour l’Allemagne pour intégrer le studio de design avancé de Mercedes. Mais le voilà finalement de retour en France…

« Juste avant que je quitte Renault, je passe mon entretien à Stuttgart avec Steffen Koehl chez Mercedes, pour un poste au design avancé. Ensuite, alors que j’effectuais mon tour du monde, j’ai appris que j’étais accepté et qu’on me proposait le choix entre Stuttgart et Sophia Antipolis, dans le sud de la France, où Mercedes allait ouvrir son nouveau studio de design avancé. Je ne savais pas encore que c’était Alexandre Malval (ex-directeur de design Citroën jusqu’en 2018 NDA, ci-dessous) qui allait en prendre la direction. »

NOUVEAU : facilitez-vous la lecture. Télécharger gratuitement ces deux PDF bilingues avec des bonus et des documents inédits, en cliquant sur les deux boutons PDF ci-dessous.

« Évidemment, mon choix s’est porté sur le meilleur des deux mondes : travailler pour un constructeur Allemand, mais dans le sud de la France ! J’ai beaucoup de respect pour Alexandre et le studio est vraiment top et bien situé. »

Mercedes reste une bonne période pour Emmanuel, mais le challenge de ce studio satellite du design avancé était avant-tout d’être force de propositions et pousser le design de l’Allemagne. Une situation délicate ! « Le plus grand challenge a été de réussir le dosage, de voir jusqu’où on devait pousser le curseur de la créativité. Il fallait trouver ce juste équilibre entre ce que les Allemands attendaient de voir, et ce que nous pensions être la bonne tendance pour le futur. »

Cette nouvelle expérience pendant laquelle il va faire partie des designers influenceurs de la Smart#3 ou encore du concept Vision Simplex de 2019 ci-dessus, va permettre à Emmanuel de clore un premier grand chapitre de sa carrière. Et c’est la Covid qui va bousculer sa vie. Emmanuel Klissarov va rester à Sophia Antipolis chez Mercedes de 2018 à 2021. C’est donc un an après la pandémie de la Covid qu’il va décider de bâtir son propre studio de création : Klissarov Design. Pourquoi la Covid l’a-t-elle aidé dans cette démarche ? Simplement parce que partout sur la planète du design automobile, les designers ont tous vécu une nouvelle façon de travailler : à domicile ! Qui aurait pu le croire dans les années 2000?

« Dans ce cadre d’un travail à distance, un designer a besoin de peu d’outils : une connexion internet rapide et sécurisée, un bon ordinateur, une tablette, du papier et toujours nos crayons ou marqueurs, selon la personnalité de chacun. » Ci-dessus, un bureau de designer chez Audi avec ses “outils” faciles à déménager. Mais un designer ne peut s’improviser comme travailleur indépendant s’il ne possède que ces outils…

« Il faut évidemment avoir la compréhension du métier et surtout des enjeux de ce qu’il a à livrer. L’idéal est quand même de connaître le modelage (ci-dessus, réalisation du concept-car Renault 2027 Vision F1) pour comprendre les volumes. Se lancer directement en travail à distance sur la modélisation en 3D sans avoir connaissance du travail de modelage physique, c’est très compliqué pour un indépendant. » Et ces compétences, Emmanuel les a acquises de la Roumanie – chez Dacia – à Mercedes en passant par Renault dans les différents départements.

Pour autant, se lancer dans le grand bain du travailleur indépendant dans ce métier est risqué. Pourquoi ne pas être resté à l’abri de toutes ces contraintes en étant salarié d’un grand constructeur ? Pour Emmanuel, il s’agissait de sortir d’une certaine zone de confort. « Lorsqu’on est designer, on peut avoir l’objectif de gravir les échelons pour devenir manager ou ‘chief designer‘. J’aurais pu avoir ce type d’opportunité, mais c’est comme si je savais à quoi m’attendre. Et je voulais sortir de cette zone de confort. Ça m’a rappelé mon arrivée à Strate, en provenance du Canada pour mieux me former au métier. C’est ce que j’ai voulu faire de nouveau. Il le fallait, sinon tu ne grandis jamais ! On a besoin en tant qu’humain de stimulation avec de tels challenges, parce que la vie a plus de goût comme ça ! Pourquoi dès lors ne pas franchir le pas et travailler à distance avec différents constructeurs que je connais bien ? » Encore faut-il que ces constructeurs puissent – ou veulent – suivre de tels aventuriers.

Emmanuel Klissarov n’avait pas de certitude. « Ce qui m’a marqué dans mon tour du monde, c’est qu’il faut tenter les choses. Tu apprends sur le tas et les opportunités s’ouvrent. Évidemment, il ne faut pas se lancer dans le vide sans une bonne étude, notamment de faisabilité financière. J’ai eu la chance que Laurens van den Acker me contacte rapidement, avant-même que j’ai enregistré mon entreprise. C’était un bon timing, avec beaucoup de projets dans le groupe. »

S’il a connu le plaisir de travailler autant dans les studios que dans les ateliers de maquettage avec l’odeur de la Clay omniprésente, de son domicile, Emmanuel Klissarov ne réalise que des études d’avant-phase sur ordinateur.  « Lorsque je travaille avec les constructeurs, c’est bien en amont, dans la phase créative, notamment dans la phase de mise au point sur la 3D ou du suivi de cette 3D. » Klissarov Design ne se contente pourtant pas des seuls travaux automobiles. Pour élargir son portefeuille de projets, la société voit plus large et pour attirer de nouveaux clients, n’hésite pas à se lancer dans de nouveaux chalenges avec des projets bien en accord avec le développement de mobilités nouvelles. C’est le cas de l’incroyable ACRO, une monoplace volante pour le loisir, peut-être à l’origine d’une gamme comme on va le voir dans la troisième partie de ce portrait.

PARTIE 3

Voici le dernier acte où Emmanuel Klissarov nous propose de ne pas uniquement rouler, mais aussi de voler et de voguer.  On s’en doute, Emmanuel Klissarov n’est pas seulement intéressé par la mobilité automobile. D’autres concepts ont déjà germé dans son esprit et pour certains, prêts à entrer dans le monde réel. Le programme ACRO fait partie de ces derniers. « Je suis passionné par toutes sortes de projets. Et même si je sais que dans le milieu automobile, beaucoup de personnes me font confiance, il faut aller chercher des clients ailleurs. Alors comme un jeune qui veut débuter dans le design automobile, je dois montrer mon travail pour entrer dans ces nouveaux univers. » Emmanuel s’oriente sur trois axes de développement : l’air, la mer et la terre.

Pour l’air, le projet de Klissarov Design se nomme ACRO, un nouveau mode de mobilité individuelle. Le principe d’un véhicule volant n’est pas nouveau en soi, mais la technologie des batteries des dix dernières années offre de nouveaux horizons à la révolution de la mobilité non seulement sur terre, mais aussi dans les airs.

ACRO fait partie des véhicules e-VTOL (pour Electric Vertical Take-off and Landing) mais son objectif n’est pas de devenir un moyen de transport urbain. Il est dans un premier temps axé sur les loisirs. « ACRO est propulsé par un système qui vient de l’entreprise Cyclo-Teck, une compagnie autrichienne qui développe depuis quinze ans leur rotors composés de plusieurs hélices dans un cylindre. » Ci-dessous.

La principale caractéristique de ces rotors est leur capacité à orienter instantanément le vecteur de poussée sur un cercle complet de 360 degrés, alors que tous les autres systèmes de propulsion tirent ou poussent essentiellement dans une seule direction. « Il suffit de changer l’angle des rotors et on change la direction dans laquelle on envoie la propulsion, et l’ensemble est très stable. »

Pour l’heure, ACRO n’existe qu’au stade de la numérisation, mais tout est savamment calculé et pensé. Même le parachute est implanté dans ce petit engin 100% électrique. Bientôt une maquette à l’échelle 1/1 ? « Je suis en contact depuis un an avec Cyclo-Teck mais ce ne sont pas des partenaires pour mon projet. De mon côté, j’ai finalisé mon propre projet ACRO monoplace alors que Cyclo-tech, la marque qui développe le cyclo-rotor, a dévoilé un prototype biplace. Et comme je crois en leur technologie du cyclo-rotor, j’ai développé ACRO avec la vocation de le rendre désirable. »

Pourquoi un engin monoplace ? « Actuellement, le domaine ‘Urban Air Mobility’ englobe tous les véhicules volants qui ne sont pas des hélicoptères ou des avions. La réglementation se développe aux États-Unis et aussi en Chine et à Dubaï, voire à Paris. Ces futures réglementations prennent en compte les véhicules qui embarquent plus d’un passager à bord. Il faut une certification pour pouvoir voler et il faut un pilote agréé. Avec ACRO, nous sommes en dehors de ces réglementations puisque mon véhicule entre dans la catégorie des très légers. Il n’y a donc pas besoin de certification, pas besoin de licence de pilote et ça me permet de bâtir sur la marque. Parce que si l’on attend que la réglementation soit prête pour arriver sur le marché, on sera les derniers ! »

Le revers de la médaille est qu’avec ce type d’engin, on ne peut pas survoler les zones d’habitations. « C’est pour ça que j’ai conçu ACRO pour des vols au-dessus de la mer et de zones libres pour des vols ‘plaisirs’ afin d’asseoir la marque ACRO et faire connaître la technologie. Une fois les réglementations en place, nous ne serons certes pas les premiers, après Dubai ou la Chine qui ont déjà des autorisations, mais mon projet sera prêt ! »

Au-delà des airs, Emmanuel a déjà pensé à l’après, c’est-à-dire un lien entre son petit engin volant ACRO et la ville. Il pourrait s’agir d’un véhicule capable de transporter le passager des zones libres de vol au-dessus des campagnes ou de la mer, à un centre-ville, par la route. Mais là, il est trop tôt pour en parler, le sujet est encore top secret !

N’hésitez pas à télécharger les PDF proposés en début de ce sujet, avec des bonus et des documents inédits

Next Post

Emmanuel Klissarov: portrait of an enterprising designer! PART-1

In three acts, LIGNES/auto presents a surprising portrait of a designer with an equally astonishing career. It’s all about snow groomers, the Renault F1 concept car, the Dacia Duster and individual mobility for a pleasant flight in a blue sky. His journey should give hope – and desire – to […]

Subscribe US Now