Deux jours après avoir dévoilé sa nouvelle identité (voir ici : https://lignesauto.fr/?p=25979) Citroën lève le voile sur le concept-car Oli – appelée par Citroën All-ë – qui va servir de locomotive à l’implantation d’un nouveau langage formel accompagnant le nouveau logo ovale. Oli n’est pas un concept-car à proprement parlé, évoquons plutôt un manifeste, car il déflore une multitude d’idées concrètes qui pimenteront les futurs modèles de la gamme. En attendant, c’est aujourd’hui le joli OLI day !
Oli est d’abord une nouvelle expression d’une mobilité individuelle plus durable et inédite, pour un véhicule du segment B (C3 et 208), avec une longueur de 4,20 m. Inédite, car elle casse les codes de la génération des voitures électriques toujours plus encombrantes, plus lourdes et complexes. Oli ne dépasse pas les 110 km/h, demeure sous la barre de 1000 kg, embarque une « petite » batterie de 40 kWh et son objectif premier est de limiter sa consommation à 10 kWh pour 100 km, soit une autonomie de 400 km.
Anne Laliron, Directrice des produits futurs de Citroën, confirme que cette étude est partie d’une page blanche à partir de laquelle « on s’est posé les bonnes questions pour enfanter un véhicule qui puisse permettre à une famille d’avoir un seul véhicule, abordable, et avec la plus faible empreinte environnementale. » Chaque élément constitutif d’Oli a été repensé de A à Z avec cette priorité de durabilité, de frugalité et de réparabilité.
Pour atteindre les 110 km/h de vitesse maxi, il faut alléger. Pour alléger, il faut réduire la surface vitrée qui pèse lourd. Le pare-brise vertical, sans réduire les prestations de visibilité, est réduit et permet en effet secondaire de limiter le réchauffement de l’habitacle en été. Et donc, autorise une climatisation plus compacte, moins chère et moins lourde.
Une voiture moins lourde, ce sont des batteries moins imposantes pour la même efficience et un système de freinage plus léger lui aussi. Vous l’aurez compris, la magie d’Oli est d’embarquer tous ses concepteurs (designers, ingénieurs, aérodynamiciens, etc.) dans la spirale d’un cercle vertueux.
La Citroën All-ë ne produit pratiquement plus de déchet ? Voilà qui inquiète Wall-ë !
Tout ça est bien joli, mais quid d’un véhicule de série ? Il faudra sans doute attendre les nouvelles silhouettes de 2024/2025 pour retrouver tout ou partie des innovations d’Oli. Mais pas celle d’un Pick-up quatre places et quatre portes comme ici. Pour l’heure, la nouvelle identité lumineuse apparaîtra dès le milieu de l’année prochaine. Il est temps de décrypter le design de cet OVNI qui respecte bien les gènes de la marque.
3/4 AVANT
1 : le pavillon plat est constitué d’un carton alvéolé comme le coffre AV.
2: la vitre de la porte AR descend sur le côté de caisse, clin d’œil à la C2 ?
3: les Air-Bump sont à nouveau réinterprétés
4: la nouvelle signature lumineuse, avec ses deux barrettes horizontales et un gros feux vertical
5: le nouveau logo ovale redéfinit totalement la face avant des futurs modèles
Raphaël Doukhan, designer extérieur, nous explique “que l’on est arrivé à ce concept de micro pick-up parce que dans cette empreinte au sol de 4,20 m qui est raisonnable, on a réfléchi à apporter un maximum d’usages et un maximum de praticité pour le quotidien. Par exemple, vous pouvez embarquer dans le volume ouvert à l’arrière un gros carton“.
3/4 ARRIÈRE
1: les roues aérodynamiques ont une partie de leur jante qui remonte sur le pneumatique GoodYear
2: le bouclier arrière est symétrique avec son homologue avant, comme les portes
3 : le concept du micro-pick-up laisse un accès libre au volume arrière
Raphaël poursuit en indiquant “qu’on voulait que ce manifeste soit durable. Il y a donc eu remise en question sur les assemblages, sur les découpes de panneaux qui ont déclenché un langage formel extrêmement simple et pur. On a dessiné des vitres planes, moins coûteuses à produire. Le pare-brise vertical vient de nos réflexions. On voulait aller plus loin que les concepts aérodynamiques en goutte d’eau et réduire la masse du pare-brise, ce qui permet d’avoir moins de poids, de matière et une efficacité thermique supérieure avec à la clé, un bloc de climatisation plus petit.” Un tel module de clim’, plus compact et inédit sur les étagères, devrait sans doute être partagé avec… Fiat si Stellantis veut le rentabiliser.
“Le langage formel est nouveau mais nous avons la chance dans notre portfolio d’avoir une vraie palette d’expression et de passer de l’Ami à la C5 X. Avec Oli, on voulait un design pur, et donc sans ligne de carre qui n’avait rien à faire ici. Le véhicule devient du même coup honnête et optimiste.” Raphaël Doukhan.
3/4 AVANT bis
1: le retour de la porte arrière est dessiné pour ventiler l’habitacle
2: pas de serrures électriques mais un système d’ouverture inédit
3: avec une face verticale, les entrées d’air aérodynamiques sont travaillées pour plus d’efficacité
4: les feux de route sont discrets et logés dans le bouclier
5: le capot plat est en carton alvéolé peint par BASF et totalement rigide
Raphaël Doukhan précise également “que l’on savait que la question de l’aérodynamique allait être soulevée, alors on a conçu une entrée d’air à l’avant spécifique, un dispositif pour dévier le vortex qui pose problème à hautes vitesses.“
LA SYMÉTRIE
On devine sur les deux dessins ci-dessus que Oli est une grand sœur de l’Ami One. La symétrie n’est pas utilisée sur autant de pièces, mais signalons quand même les deux portes identiques ainsi que les deux bases des boucliers avant et arrière. “On a ramené les idées d’Ami, comme les portes symétriques, et le langage formel du véhicule est né ainsi.” Raphaël Doukhan.
A BORD
Jonathan Cornu est le designer intérieur du manifeste. Il revient évidemment sur la volonté d’alléger et de simplifier le concept pour respecter le cahier des charges d’un véhicule accessible, économique, durable et recyclable. ” Pour arriver à cet allègement, on a évidemment réduit le nombre de pièces à bord et cette simplification est un travail énorme.“
Il entame sa démonstration avec la porte (ci-dessus) : “au lieu d’avoir un embouti de tôle, un empilement de pièces pour le médaillon, le décor, l’ouvrant, l’accoudoir ect. et plutôt que de cacher les pièces techniques pas forcément belles, on a pris le contre-pied de les mettre en valeur. Elles ont été dessinées pour ça et malgré la logique minimaliste, on a fait plus avec moins. Ainsi tout le confort est sur l’accoudoir. La vitre s’ouvre vers l’extérieur en basculant vers le haut. En fait, un peu comme sur Ami et 2CV, tout le mécanisme des vitres est dans le montant. On dégage ainsi un énorme volume dans le panneau de porte intérieur.“
Pour les sièges, la méthodologie a été identique : réduction du nombre de pièces pour l’allègement, sans nuire au confort. “En production, un siège peut recevoir jusqu’à 40 pièces. “On a éliminé la mousse et on s’est inspiré des premiers sièges tubulaires. La structure a été dessinée pour être apparente et l’élément de confort vient s’adapter dessus. Les dossiers sont en impression 3D dont le motif permet de la flexibilité pour le confort. Le plancher est dans le même esprit car le tapis est semblable à celui d’un tapis de yoga déroulé dans la voiture et découpé à la forme.“
Le petit clin d’œil de LIGNES/auto : quand Citroën se prend pour Jaguar !
Avec un pare-brise à la hauteur contenue et aussi large, il fallait bien penser à son balayage sous la pluie. Autant Oli regorge d’innovations, autant le sempiternel sujet des essuie-glaces n’a pas évolué d’un iota sur ce manifeste. Il s’agit toujours de faire appel à des balais et des lames de caoutchouc. “Et qu’avez-vous d’autre à proposer LIGNES/auto ?” Euh… rien en fait ! Il n’empêche, avec ses trois essuie-glaces, la Citroën Oli a un point commun avec la Jaguar Type E de 1961. Sympa la mobilité de demain !
ARCHIVES : le jour où Walter de Silva (ci-dessous) a signé chez Citroën. A lire ici : http://lignesauto.fr/?p=17714