Il y a 55 ans naissait le “bouclier” Renault

Christophe Bonnaud

Un anniversaire passé inaperçu : Renault célèbre cette année les 55 ans de son “bouclier” en matériaux composites. S’il a fait son apparition en une pièce monobloc en 1972 sur la R5, il a d’abord servi de ceinture du pare-chocs arrière de la R17. Pourtant, dès 1968, il est présent sur les maquettes du projet 120 d’une grande berline (ci-dessous) qui s’est lentement transformée en Renault 30. Cette dernière n’a paradoxalement jamais été dotée de ce fameux bouclier !

C’est donc bien la Renault 5 (projet 122) qui a reçu la première cet élément de protection et de sécurité. Mais au fait, à quoi aurait ressemblé ce modèle s’il n’avait pas bénéficié de cet élément ? Et bien, à cette maquette de R5 ci-dessous, où l’on ne parlait pas encore de ces boucliers pour ce projet…

Heureusement, Yves Georges, directeur des bureaux d’études, et Claude Prost-Dame alors responsable de la carrosserie, vont imposer cette solution sur le projet 122. Gaston Juchet, le patron du style, va prendre en charge son intégration sur le style galet de la petite Renault. Il n’a pas été simple de vendre l’idée qu’un élément plastique coûtait plus cher qu’un pare-chocs recouvert de chrome !

L’avantage du bouclier, outre son amortissement des chocs jusqu’à 7 km/h, résulte de sa hauteur de protection supérieure à celle d’un pare-chocs en tôle. Pour que ce nouvel élément remplisse sa fonction, le matériau choisi est constitué de fibres de verre, imprégnées de résine polyester. C’est une innovation qui pousse Renault à prendre un pari technique nécessitant de gros investissements.

Le produit obtenu avec la fibre de verre et la résine de polyester est alors traité pour dériver vers un matériau ayant la consistance d’un mastic épais. Il est ensuite enroulé sur des bobines de 1,5 tonne livrées à l’usine de Dreux, spécialement aménagée pour la production de ces boucliers.

Des presses de 1500 tonnes (ci-dessus) les mettent en forme à une température de 150° pour permettre le thermo-durcissage, le tout sous une force de pressage de l’ordre de 70 kg au cm2. L’ensemble permet de sortir quarante pièces à l’heure par presse qui sont au nombre de quatre. Ce matériau novateur colle parfaitement aux années 1970, adeptes des matières synthétiques dans des univers aussi distincts que ceux de l’ameublement, de la mode vestimentaire ou autres accessoires ménagers.

Le résultat est fantastique puisque ces pièces à la teinte gris clair participent pleinement au style de la R5. Ces éléments en matières composites vont pourtant bien au-delà du seul aspect stylistique ou de protection. Ils offrent la possibilité de réduire le nombre de pièces composant la structure, en supprimant quelques éléments de tôle dans la partie inférieure avant du véhicule.

Alors Renault va décider pour ses projets futurs de privilégier cette solution, quitte à tomber dans l’excès comme pour cette étude de citadine du programme VBG de 1977 et dessinée par Marc Deschamps (ci-dessus). Les boucliers s’étaient déjà logés sur les flancs de la R5 GTL en 1976, mais sur cette maquette, ils laissent peu de place à la tôle ! Et que dire de cette autre maquette du VBG ci-dessous qui est pareillement affublée de ces boucliers protecteurs.

En 1976, les boucliers font naturellement partie du style de la R14 (ci-dessous)dessinée par Robert Broyer, mais à l’inverse de ce qui s’est passé sur la R5, leur intégration est ici plus délicate car les ailes de la berline compacte sont plus développées et finalement, elles seront moins bien protégées qu’escompté. Les R30 (1975) et R18 (1978) conserveront quant à elles les pare-chocs en lame courbée.

Propre, nette et simple, la solution du bouclier s’est depuis généralisée et de bouclier de protection, elle est devenue soft-nose avec bien plus d’innovations encore qui impactent directement le design des voitures contemporaines et futures…

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