Série 4 Concept : la BM double-nez. L’histoire du double haricot magique…

Cela nous avait quelque peu intrigué, pour ne pas écrire autre chose, avec le restylage de la Série 7 ci-dessous. En découvrant ses naseaux – pour lesquels Kleenex va devoir agrandir ses usines – nous avons repensé à la généalogie des “naseaux” dans l’histoire de BMW.

Nous vous proposons de jouer les oto-rhino-laryngologistes et de plonger dans les fameuses narines des BMW à travers les âges. D’autant qu’avec la nouvelle Série 4 Concept dévoilée à Francfort, une nouvelle orientation du thème semble être… née.

Cette fois, le soft-nose des BMW, très horizontal, n’est plus alourdi par deux gigantesques naseaux déployés sur presque toute la largeur, mais il suit le mouvement très vertical de ces nouveaux naseaux (sur la Série 4 Concept) et est traité en lignes verticales à son tour. A défaut d’être plus élégant, c’est plus cohérent…

Mais cette identité future repose sur des décennies d’évolutions, souvent légères, parfois imposantes ! Ci dessous, BMW ose même expliquer par le dessin s’être inspiré du concept-car Garmisch, dessiné par Marcello Gandini pour Bertone en 1970, pour enfanter la proue de sa nouvelle Série 4.

La video Teaser de la BMW Série 4 Concept :

La réussite d’un constructeur automobile repose en premier lieu sur une reconnaissance de la marque via une identité forte. Une identité qui, elle, s’affiche principalement sur la proue du véhicule, que ce soient ses optiques ou, plus souvent, sa calandre. BMW a produit ses premières voitures en acquérant la marque Dixi en 1928. Puis la première BMW 3/15 PS voit le jour en 1929, dix ans après qu’André Citroën a lancé sa propre marque…

Si la première BMW n’a pas encore sa fameuse calandre caractéristique à double “haricots”, ces fameux naseaux apparaissent très vite, dès le début des années 1930, notamment sur la BMW 600 IHLE (ci-dessous)

Mais c’est bien sûr le roadster BMW 328 (ci-dessous) qui va marquer les esprits à son apparition en 1936 embarquant la marque vers une destinée sportive dont elle ne dérogera jamais. Ce roadster arbore fièrement la calandre qui devient l’identité forte de la reconnaissante de cette marque toute jeune.

Dès lors, toutes les réalisations de BMW vont adopter cette signature avec dans un premiers temps, des formes ovales verticales, parfois secondées d’autres entrées d’air comme sur la série des BMW 500 de 1951 (ci-dessous) qui, avec ses lignes un rien pataudes, n’en renforce pas moins la fameuse identité de marque…

En 1955, alors qu’en France Citroën dévoile sa véritable bombe “DS”, BMW reste également très actif avec l’apparition de l’icône 507, un cabriolet dessiné par Albrecht von Goertz. Une splendide réalisation (ci-dessous), très fine et équilibrée, destinée au marché américain et qui sera finalement boudée par ce continent puisque moins de 40 unités seront vendues là-bas sur une production totale de 251 exemplaires. Cet échec commercial n’en est pas un au niveau de l’identité de la marque qui, sous le fusain de von Goertz a ouvert la voie à une nouvelle interprétation de la fameuse calandre BMW : la voilà qui s’étire, s’allonge et respire le bitume par ses deux narines perçant l’intégralité de la face avant du roadster…

1955… C’est également l’année où BMW produit l’Isetta BMW (ci-dessous) au concept totalement opposé à celui de la 507.
Étonnement avec cette proposition dévoilée en même temps que la 507, nous sommes en présence d’une gamme qui repose sur deux modèles bien éloignés les uns des autres, à l’image de la gamme Citroën de cette époque avec sa 2 CV et la DS !
L’isetta a au moins le mérite de casser les codes puisqu’elle n’a pas de calandre !

Ce ne sera pas la seule BMW à être commercialisée sans calandre puisque la série 700 (ci-dessous) qui sera lancée en 1959, adopte la même architecture que la BMW 600 dérivée de l’Isetta, à soir un moteur positionné à l’arrière.

Mais avec cette 700, c’est avant tout l’arrivée du styliste Giovanni Michelotti dans la sphère BMW qu’il faut prendre en compte car avec lui, la firme allemande à l’agonie, quasi-vendue à Daimler-Benz, va être sauvée in extremis par le projet 1500. Cette berline de classe moyenne va être enfantée par le designer italien pourtant adepte des dessins de voitures sportives. Il va poser les bases d’un style BMW dont la maison mère va s’attacher à pérenniser. La berline 1500 appelée “Neue klass” (ci-dessous) va rencontrer le succès et sortir la marque Allemande de sa zone de très fortes turbulences.

Au milieu des années 1960, Michelotti s’attaque à un projet de berline légèrement plus compacte que la 1500, avec deux portes seulement qui donnera naissance à la série des 1600 aux 2002 et notamment à la 2002 Turbo. L’équipe de designers BMW accompagne l’italien dans ces travaux avec notamment Wilhelm Hofmeister à qui l’on doit la fameuse “virgule” dans le dessin du vitrage latéral du côté de caisse. Cette ligne “Hofmeister-Knick” (le coude de la vitre latérale) sera perpétuée jusqu’à aujourd’hui. Comme la calandre qui pourtant aurait pu abandonner ses deux “haricots” centraux (ci-dessous) pour les élargir afin d’intégrer les optiques avant…

Un principe qui a été en partie retenu sur la 1600 mais auquel les designers ont finalement ajouté au centre, l’emblème caractéristique de BMW (ci-dessous). Ouf ! Les haricots sont toujours là !!

L’ensemble terminé sur la fameuse “petite” 1600/2002 (ci-dessous) reste une signature indémodable de l’identité de la gamme BMW des années 1960 et 1970. Une année 1970 ou tout va subitement s’accélérer…

Il y a d’abord, en 1972, le premier concept-car de la firme bavaroise : c’est la BMW Turbo (ci-dessous. Photo Ch.Martin) dessinée par le français Paul Bracq. Après dix ans passés chez Mercedes de 1957 à 1967 et un passage en France, le voilà de retour en Allemagne chez le concurrent de Daimler-Benz ! Et pas avec n’importe quel produit : un jalon dans l’histoire du design automobile et dans celle du design de la marque.

Paul Bracq va s’attacher par la suite à conserver l’identité forte de la calandre BMW en la faisant pourtant grandement évoluer. Il va ainsi instaurer l’inclinaison négative de la calandre avec ce nez caractéristique qu’adopteront les Série 3, Série 5, Série 6 et Série 7.

La première Série 6 apparue en 1976 (ci-dessus) accompagne le lancement de la première Série 3 et confirme que BMW a su faire évoluer sa calandre sans toucher aux fondamentaux de son identité…

Bien plus tard, lorsque la Série 7 sera proposée avec un moteur V12, les stylistes conservent l’architecture de la calandre type de BMW sans être ostentatoires ou vulgaires. Ci-dessus, la première Série 7 à moteur V12 dispose de larges naseaux, certes, mais ce n’est rien par rapport à ce qui va suivre… Voici la Série 7 de 2019 (ci-dessous) qui a été dévoilée en Chine. Où l’on sursaute en découvrant les naseaux qui ont triplé de volume par rapport à la première “7” V12 ci-dessus !

Ce nouveau langage de l’identité BMW a pris racine bien avant cette nouvelle Série 7. Les années 2000 vont être le théâtre d’une évolution du dessin de la calandre des BMW que certains jugent aujourd’hui dramatique et que d’autres applaudissent en expliquant qu’elle est dans l’air du temps..

Série 4 Concept : héritière d’une évolution sans limite !

Ces années 2000 débutent avec la présentation du premier SAV (Sport Active Vehicle) dans l’univers des constructeurs allemands : la BMW X5 ouvre la voie non pas à un véhicule nouveau, mais à une véritable révolution qui conduira tous les constructeurs du monde à créer une véritable gamme dans leur gamme de ce que l’on appelle aujourd’hui les SUV.

De générations de X5 (ci-dessus celle de 2018) en générations de X1, X2, X3, X4, X6, X7, le très fameux double haricots s’est mué en haricot magique, prenant au fil des ans des proportions digne des calandres de poids lourds !
L’identité de BMW qui reposait sur la subtile alliance des deux “haricots” encadré par deux calandres intégrant les optiques s’est considérablement modifiée en ne reposant désormais plus que sur les deux naseaux. Ils sont désormais différents selon qu’ils habillent un SUV, une berline ou un véhicule électrique.

Ainsi, les naseaux de la X7 (ci-dessus) représentent à eux seuls plus de 60 % de la surface frontale alors que les optiques à l’inverse, ont considérablement réduits leur voilure !

Pour les SUV de la gamme “BMW i”, (ci-dessus et ci-dessous la BMW iNEXT) les deux haricots sont interconnectés et non totalement séparés comme sur le reste de la gamme. Ils s’étirent sur pratiquement l’intégralité de la proue et ne cache plus d’entrée d’air puisqu’ils n’ont plus de moteur thermique à refroidir mais rassemblent tous les capteurs ou lasers introduits sur les véhicules autonomes. Ils perdent leur fonction première, en retrouvent une toute nouvelle et poussent l’identité de la marque née au début des années 1930 à son paroxysme.

Les proportions de la “fausse” calandre du concept-car iNEXT prennent toutes leurs… dimensions avec cette vue (ci-dessus) Cette “interconnexion” entre les deux éléments de la calandre sera également adoptée par l’hypothétique berline 100% électrique de la gamme i4 comme l’a suggéré le concept-car i Vision Dynamics de 2017 (ci-dessous)

En résumé, l’identité de la proue des BMW a constamment évolué depuis les années 1930 tout en conservant toujours le fameux “double-haricot”. Les deux petites calandres qui complétaient cette vue de face ont disparu, remplacées par une croissance gargantuesque de ces fameux naseaux.

Dessin de la calandre du concept Série 4 dévoilé à Francfort.

Pour conclure, j’aurais adoré que BMW s’inspire plus largement du concept-car de Pininfarina dévoilé en 2013, le Gran Lusso Coupé (ci-dessous) qui réinterprétait la calandre mythique de la marque avec talent, élégance et sans exagération nuisible tout en reposant sur des proportions extraordinairement affûtées. Une vraie BM, quoi…

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