Mis au congélateur pendant de longues semaines suite à la pandémie de la Covid, le concept Citroën “The Urban Collëctif” mené en partenariat avec Accor et JCDecaux, a été présenté ce mercredi 29 septembre. L’occasion de le découvrir avec Pierre Leclercq, patron du design Citroën et avec notre vidéo. Pierre Leclercq en profite pour nous expliquer que la mobilité urbaine de demain a un impact jusque dans le choix des designers composant son équipe !
Le concept des « pods » sur une base électrique n’est pas nouveau en soi : Mercedes avec l’Urbanetic ou Renault avec l’EZ-Pro l’ont approché également…
“On a poussé le concept plus loin. Ici, on n’est pas du tout dans l’univers automobile. Il faut comprendre qu’à partir du moment où vous travaillez avec des robots – le skate électrique est totalement autonome -, il n’y a aucune raison que vous posiez dessus une carrosserie de voiture !”
VIDÉO INÉDITE DU CONCEPT ET DE SES CONCURRENTS :
L’atout de ce concept, c’est que vous offrez la base technique et que le client ou utilisateur peut y adapter son propre pod ?
“La force du concept que nous avons développé – un robot autonome- offre en open-source quatre points d’attache sur cette plateforme qui sont des vérins pour ancrer la cellule. A partir de ce concept, vous pouvez tout imaginer : un maraicher qui dispose d’une cellule en bois pour aller chercher ses légumes à Rungis. Le point fort, c’est que Citroën fournit toute la technologie dans le « skate » et le client peut dès lors investir ce que bon lui semble dans son « pod ». La cellule peut être customisée comme il le souhaite. On peut même imaginer une petite famille installer son propre « pod » sur un train et un « skate » à l’arrivée ira le récupérer.”
La plateforme est-elle dotée du niveau 5 en termes de déplacement autonome ?
“Oui. Les robots vont finalement rouler presque 24/24h – hors temps de charge – et c’est pour ça que nous avons mis toute la technologie autonome dans cette plateforme. Cette technologie est actuellement trop coûteuse pour être intégrée dans une voiture particulière où elle ne sera pas utilisée à 100%, contrairement à notre « Skate »”
Si les robots « Skate Citroën » travaillent également la nuit, ils peuvent transporter des marchandises ?
“Les robots vont transporter des passagers pendant la journée et pourquoi pas des colis durant la nuit. Aujourd’hui dans les grandes villes et métropoles, les bus sont saturés de 7h à 10h et de 16h à 19h et ils ne sont pas utilisés la nuit. Notre projet est bien plus flexible, avec une empreinte au sol la plus petite possible, ce qui est différent des autres projets que vous évoquiez.”
Vos deux partenaires Accor et JCDecaux ont-ils dessinés leurs propres « pods » ?
“Ce projet, on voulait vraiment le rendre concret. L’idée est donc de concevoir un « skate » technologique et de le proposer à différents clients ou utilisateurs privés. On s’est donc tournés vers ces deux sociétés privées qui sont entrées dans le programme. Les « pods » que nous avons dessinés en collaborant longuement avec elles sont ainsi imprégnés de leurs valeurs de marque, de leur style. On est allé chercher Accor, car ils ont des marques d’hôtels très différentes, et on a pensé à JCDecaux, ce qui leur permet de réinventer leur business en ayant un abribus qui vient vers vous (ci-dessous), au lieu d’attendre le bus. JCDecaux peut ainsi réinventer le transport à Paris par exemple, en le rendant plus direct et plus flexible.”
Votre « skate » est relativement compact comparé aux rares projets de ce type. Vous pourriez le dupliquer pour une petite voiture urbaine ou au contraire, pour un transport plus généreux, de ville à aéroport par exemple ?
“Pourquoi pas ! On a démontré ici la flexibilité du concept global. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’on ne veut pas abandonner la mobilité individuelle. Elle ne passera pas forcément par la possession d’un véhicule, plutôt par la location. Chez Citroën, on a tout remis à plat. On est parti du constat que dans les grandes villes, voir les voitures pare-chocs contre pare-chocs montre bien qu’il existe des écosystèmes où elles ne sont pas forcément la meilleure solution. Deuxième constat : l’automobile se fait peu à peu éjecter des centres urbains. Enfin, la technologie autonome est mieux adaptée à ce type de concept qu’à la voiture particulière.”
Cette nouvelle orientation vers la mobilité urbaine, parfois robotisée, vous conduit-elle à restructurer votre équipe et modifier vos embauches ?
“Il y a deux choses importante à savoir : ce n’est pas parce qu’on a enfanté ce concept qu’on ne va plus dessiner de voiture ! Je crois dur comme fer que la mobilité individuelle de demain et l’automobile vont se diviser en deux univers dans le monde du design. Ce sont donc bien des designers Citroën qui ont dessiné les « pods » en coopération avec Accor et JCDecaux. En revanche, c’est un profil de designer particulier que j’ai sélectionné. Il y a des designers qui sont plus orientés ‘design produit’ où chaque centimètre carré est important, des contraintes qu’un designer ne prendra pas forcément en compte lorsqu’il s’agira de développer la prochaine C4 par exemple. Et justement, on engage des jeunes designers avec des profils différents qui ne sont clairement pas des designers automobiles. J’ai ainsi fait entrer dans mon équipe une jeune Indienne et un jeune Hollandais qui sont designers produit. J’attends d’eux qu’ils amènent une autre vision pour ces deux univers…”
En fait, depuis votre arrivée, vous avez totalement changé l’équipe de design Citroën ?
“Presque toute, oui…”