Une Bugatti (presque) inconnue, est-ce possible ? Oui, d’autant que celle-ci n’est qu’une maquette échelle 1/1 (ci-dessus et ci-dessous) qui ne possède pas de moteur. Mais l’ambition était grande. Cette proposition vient de chez Bertone, et elle date de 1990, alors que Bugatti est aux mains de Romano Artioli depuis trois ans seulement.
C’est en 1989 que la société Bugatti Automobili SpA est créée par Artioli . Le 15 septembre 1991, la première création de cette ère « italienne » est dévoilée en présence d’Alain Delon : c’est la spectaculaire EB 110 (ci-dessous) dont seulement 126 exemplaires seront vendus, hors prototypes et voitures d’essais.
La Bugatti de l’ère Artioli a été à l’origine l’objet de nombreux fantasmes et propositions de grands designers, et pas des moindres. Au 63e salon de Turin en 1990, le maître Giorgetto Giugiaro dévoile sa première Bugatti, sur la base technique fournie par la maison mère en 1989. Longue de 4,10 m, elle prend l’appellation de ID90 (ci-dessous). Cette proposition ne sera pas retenue, mais elle arrive bien avant que Bugatti ne tombe dans les bras de Volkswagen en 1998. Giugiaro sera plus productif sous l’ère de Ferdinand Piëch. Volkswagen a intégré la marque en novembre 2021 dans une joint-venture créée par Porsche et Rimac Automobili.
En 1990, Giugiaro n’est pas le seul à flairer le bon filon et comme son rival italien, la Carrozzeria Bertone décide elle aussi de tenter l’aventure. Chez Bertone, l’actualité est à des années lumières de la marque Bugatti : c’est la Citroën XM, présentée en 1989, qui sublime le design italien, enfanté par le… français Marc Deschamps.
En 1990, Marc Deschamps vient de créer le prototype de salon Chevrolet Corvette Nivola (ci-dessus), une spectaculaire berlinette propulsée par le V8 5.7 litres de la Corvette ZR1. Le français va s’en inspirer pour créer la maquette de la première Bugatti signée Bertone. Mais Romano Artioli a d’ores et déjà jeté son dévolu sur le design de sa EB110 qui a été finalisé par un designer à la formation d’architecte, Giampaolo Benedini , d’où des lignes assez singulières.
Qu’à cela ne tienne, la maquette Bertone, en plâtre et semi-creuse, va servir de base à la réalisation du concept-car italien de l’année 1991 : la Lotus Esprit Émotion (ci-dessus). Car chez Bertone, Marc Deschamps duplique ses idées, comme le lui demande le patron Nuccio Bertone.
C’est ainsi que le carrossier propose à Alfa Romeo en 1986, trois ans avant la sortie de la XM signée Bertone, un grand coupé (ci-dessus) reprenant les thèmes du design de la Citroën ! Alfa n’a pas donné suite à cette proposition au style plutôt convaincant.
Mais en interne, Bertone peut tout à fait se permettre de reprendre les thèmes de « sa » Bugatti de 1990 inconnue (ci-dessus et ci-dessous) pour les adapter au concept-car Lotus Émotion, dès 1991. Artioli, ancien propriétaire de Bugatti mais aussi de Lotus Cars, a du sourire le jour où il a découvert cette Lotus signée Bertone.
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Marc Deschamps retrouvera en 2001 la Bugatti EB 110 lors de la conception de l’Edonis (ci-dessous) qui reprend une partie de sa chaine de traction. C’est le designer français qui se charge alors de dessiner la surprenante silhouette de cette étonnante Edonis qui a été présentée à la première heure du XXIe siècle. C’est donc officieusement la première nouveauté automobile du troisième millénaire…
C’est alors la société B-Engineering implantée à Modène qui se charge de la concevoir. Cette société, voulue par Jean-Marc Borel déjà initiateur de la renaissance de Bugatti de l’ère Romano Artioli, ne réussira pas son pari de produire 21 voitures (pour le XXIe siècle). Marc Deschamps de son côté déploie par la suite son énergie en collaborant avec la société Irisbus à partir de 2004.
