Renault ‘Emblème’ ou future Alpine A590 ?

La surprise est grande de découvrir le concept-car, ou plutôt le démonstrateur Renault Emblème au Mondial de Paris. Surprise, car il ne sera géographiquement pas très éloigné, sur son stand au Mondial, du concept de la prochaine Alpine sport fastback compacte, l’A390. Cette dernière fera son apparition le 11 octobre prochain sur le site media de la marque sous la forme d’un show-car « A390_β » alors que ce dernier sera exposé en première mondiale à Paris sur le Mondial de l’Auto ci-dessous.

Évidemment, l’A390 n’a pas encore livré tous ses secrets, même si on évoque une longueur de 4,40 m, une première version à quatre roues motrices avec trois moteurs EV. Cette Alpine sport fastback, à cinq portes, permettra avant-tout d’établir un volume conséquent permettant à la marque d’atteindre à court terme (2026) une marge à deux chiffres annoncée par Luca de Meo en juin 2023. Mais ne parlons pas de volume, car Luca de Meo ne parle jamais de volume !

Avec 4,80 m de longueur, Renault confirme avec son démonstrateur Emblème s’intéresser plus que jamais aux segments C et D. Et propose un gabarit qui irait parfaitement au futur crossover Alpine A590! !

Mais, me direz-vous, pourquoi évoquer Alpine à l’occasion de la présentation du démonstrateur Emblème ci-dessus ? Car ce « shooting-brake » qui combine « élégance et fluidité, et est le symbole d’un design pensé pour optimiser l’aérodynamisme et maximiser l’efficience » s’approche, avec ses 4,80 m, du gabarit de l’autre futur crossover Alpine, le A590* programmé pour 2027. L’A590 est destinée notamment aux marchés américain et chinois. Et ces 4,80 m semblent être une bonne base pour le futur gabarit de ce second crossover électrique. Sans même parler de son style dynamique.

Le travail aérodynamique est remarquable sur l’Emblème, grâce notamment aux travaux menés par… Alpine.

Les connexions entre Renault et Alpine ne sont pas seulement dues au fait que le démonstrateur Emblème a profité des travaux d’Alpine pour le développement de son fond plat « inspiré de la F1 est agrémenté d’un diffuseur actif, basculant vers le bas et l’arrière pour équilibrer les flux d’air et ainsi minimiser la traînée aérodynamique » comme le précise Renault. Ou encore que « le design a été affûté grâce au matériel de simulation numérique de pointe mis à disposition par l’écurie Alpine F1. » Sans doute LIGNES/auto va un peu vite en besogne pensez-vous ? Pas tant que ça… Nous ne pouvons pas nous empêcher de croire que cette Renault-là ferait une très belle Alpine A590.

L’énorme diffuseur arrière participe de cette efficience aérodynamique.

Pourquoi ? Parce que son design tout d’abord rompt avec le langage formel actuel de Renault. Logique me direz-vous : Gilles Vidal veut définitivement marquer de sa griffe le design Renault sur le long terme. Soit, mais l’option du concept d’un crossover dynamique sera sans doute également retenue pour l’Alpine A590… même si le volume de cette dernière serait un peu plus généreux pour satisfaire les Américains. Renault pourrait nous contredire en expliquant que ce thème de concept dynamique était nécessaire dans l’étude du démonstrateur Emblème pour atteindre l’excellente valeur de 0,25 de Cx.

Gilles Vidal considère-t-il ce démonstrateur comme “son” manifeste du futur design Renault ?

Alors plongeons sous le capot ou plutôt sous le coffre arrière car Emblème est une propulsion, pour démontrer d’autres points communs avec Alpine : l’hydrogène. En mai dernier, le service communication d’Alpine nous révélait les caractéristique technique de L’Alpenglow HY4 dotée d’un moteur thermique à hydrogène. Dans un premier temps, l’Alpenglow reçoit un moteur thermique à quatre cylindres, puis elle va inaugurer un tout nouveau V6 spécifiquement conçu pour être alimenté en hydrogène. Alpine œuvre sur cette technologie au même titre que Renault.

L’Alpenglow présentée en 2022 a fait du chemin… La voici en version à moteur alimenté par hydrogène et elle inaugurera un V6 dédié à ce “carburant”. De la suite dans les idées qu’on retrouvera dans la future gamme Alpine ?

Sauf que sur le démonstrateur Emblème, il n’y a pas de moteur thermique, mais une motorisation électrique bi-énergie : Emblème se déplace soit en tout électrique via son moteur EV de 160 kW disposant d’une petite batterie de 40 kWh, soit grâce à sa pile à combustible alimentée par un petit réservoir d’hydrogène. En cela, Emblème rappelle le concept car Scénic, dévoilé en 2022 ci-dessous avec Gilles Vidal, qui inaugurait la chaîne de traction « H2-Tech » équipée d’une pile à combustible de 16 kW (30 kW sur Emblème). Cette chaîne de traction est basée sur la technologie du range extender « qui permet d’embarquer sur le Scénic Vision une batterie deux fois plus légère, pour une même autonomie, contribuant ainsi à la décarbonation au-delà de l’électrification du véhicule. »

La chaîne de traction du démonstrateur Emblème dévoilé au Mondial – il promet d’émettre 90 % de CO2 en moins qu’un modèle équivalent d’aujourd’hui et ce de sa conception jusqu’à sa fin de vie – permet de « conserver une autonomie de plusieurs centaines de kilomètres avec le moteur EV, largement suffisante pour les trajets du quotidien, alors que la pile à combustible, alimentée en hydrogène via un réservoir de 2,8 kilos, apporte quant à elle l’énergie nécessaire pour les longs trajets. » Donc, la Renault Emblème est certes plus proche du concept Scénic Vision ci-dessous que de l’Alpine Alpenglow, mais reconnecte ces points communs avec ce que pourrait être la future Alpine A590 avec une chaîne de traction futuriste et surtout, avec l’hydrogène…

Un parallèle qui nous transporte jusqu’au mois dernier lorsque Alpine a annoncé la transformation de l’usine de Viry-Châtillon (on ne reviendra pas sur l’abandon du développement du moteur F1 impliquant la fin de 50 ans de conception novatrice des différents moteurs de F1…) en centre Hypertech Alpine qui travaillera « dès les premiers jours sur les projets d’avenir du Groupe et de la marque. » Et donc sur les projets « hydrogène » d’Alpine et de Renault. En juin 2023, Luca de Meo évoquait le positionnement particulier de la marque Alpine « qui ne ressemblera pas à celui de Renault. »

Pourtant, avec l’A390 dans un premier temps, puis la grande A590 d’ici 2027, les liens entre les deux marques vont se resserrer. Alpine pousse sa gamme vers le haut – au même titre que Renault…- avec des voitures du gabarit européen (3,90 à 4,65 m) et d’autres plus ambitieux pour son expansion aux États-Unis et en Asie. Le prix moyen des Alpine, comme ceux des Renault, vont donc augmenter, ainsi que la marge. Il sera toutefois plus aisé pour Alpine d’atteindre la fameuse marge à deux chiffres d’ici 2026, voire 2030.

Renault d’un côté et Alpine de l’autre montent sérieusement en gamme !

Il est désormais assez loin le temps où Renault payait des royalties à Alpine à chaque modèle Renault vendu en finition « Esprit Alpine ». Au départ, cette idée de Luca de Meo de proposer l’esprit Alpine sur des Renault, devait « payer » le développement de la stratégie produit de la marque dieppoise. Mais les anciens modèles Renault badgés « Renault Sport » ne représentaient alors que 7 à 8 % des ventes. Or, rapidement, certains modèles Renault badgés Esprit Alpine ont dépassé les 50 % ! Il fallait mettre fin à ce principe de royalties…

Saviez-vous qu’au lancement de la finition “Esprit Alpine”, Renault payait des royalties à la firme dieppoise ?

Ce qui indique le potentiel de la marque dieppoise. Il ne faudrait toutefois pas que le concept de style Renault (voiture dynamique, design sportif) anticipé par le démonstrateur Emblème, et les chaînes de traction (hydrogène ?) viennent brouiller le message auprès du grand public et ternir celui d’Alpine… Franchement, vous ne trouvez pas que l’Emblème pourrait légitimement se parer du logo du A fléché, sachant où veut aller Alpine dans un futur proche ?! La question se pose…

Il a de la gueule ce futur crossover Alpine, non ? Oups, c’est une Renault…

*Le plan produit d’Alpine a évolué avec l’arrivée du nouveau patron de la marque, Philippe Krief. Le crossover A390 ne sera plus épaulé par deux autres modèles des segments supérieurs, mais par un seul : l’A590. Il visera principalement les marchés des États-Unis et de l’Asie en priorité, et ceux de l’Europe. Une idée saugrenue traverse mon esprit : et si le crossover A490 abandonné en route dans le plan produit Alpine avait finalement été transformé en démonstrateur Renault ? J’affabule, j’affabule…

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