Electrique : les constructeurs sont-ils sur la bonne voie ?

La machine s’emballe : en moins de cinq ans, le nombre de projets de grands constructeurs (généralistes ou “premiums”) pour concevoir et produire des modèles 100% électriques explose. Nous voici arrivé à l’heure des présentations  !

Mercedes, Audi, Volkswagen, BMW (ci-dessus, détail de la prochaine BMW iNEXT) mais aussi PSA ou Renault, sans même évoquer les coréens Kia et Hyundai conjuguent l’électrique au temps présent. Cette gourmandise soudaine, alimentée en partie par l’affaire du dieselgate, ne va-t-elle pas devenir indigeste pour certains constructeurs ou clients… D’autant que les stratégies (commerciales ou industrielles) diffèrent d’un constructeur à l’autre.

Mercedes a donc ouvert un nouveau champ des possibles avec son produit inédit, le EQC, SUV 100% électrique qui vient se mêler à la bataille sur le marché mondial de la voiture électrique, dans le segment des SUV. Il est intéressant de rappeler que c’est quand même Elon Musk et ses Tesla qui aura été l’initiateur de cette montée en puissance du tout électrique. Tesla, et non les géants automobiles. Géants qui ont de la même façon été suiveurs sur le thème de la voiture autonome, grillés par les premiers tests des voitures Google. Google qui, avec sa filiale Waymo (ci-dessous), produira finalement des systèmes pour voitures autonomes… La boucle sera bouclée !

Revenons à l’électrique : le SUV EQC lance la nouvelle “ligne” EQ du 100% électrique chez Mercedes. EQ, c’est un peu à l’image de la ligne DS chez PSA du début des années 2010 : une gamme dans la gamme qui, ici, se démarque par sa chaîne de traction électrique. Et aussi par ses silhouettes spécifiques. Mais pas vraiment novatrices. On peut s’interroger sur le besoin de créer des véhicules dédiés à l’électrique tout en les habillant de silhouettes totalement datées et dont le style n’évoque en rien cette mutation automobile. Une automobile qui, d’après Gilles Vidal – patron du design Peugeot – “est à la veille des plus grandes révolutions de son histoire.

Reconnaissons ici que l’EQC au même titre que l’Audi e-tron (voir plus bas) entrent de plain-pied dans un nouvel univers électrique sans que leur design fasse état de cette réelle mutation. Ce décalage entre la technologie inédite et le “style” contemporain confirme sans doute les craintes des constructeurs à s’engager dans un monde encore flou et inconnu. Raison pour laquelle les silhouettes restent relativement classiques. Et puis il faut toujours loger une planche de bord, une clim’, des freins, une direction ou les IHM…

Il n’en va pas de même – étrangement – pour la stratégie industrielle menée par certains des géants allemands qui optent pour des sites industriels dédiés à la production de leur nouvelle famille de véhicules électriques. Restons avec Mercedes qui dédie ainsi le site de production français de la Smart, à Hambach, pour ses futurs modèles électriques : la Smart EV bien sûr mais aussi et surtout, la prochaine silhouette de la famille EQ, la EQA, berline compacte qui sera fabriquée en France.

Le Dr. Dieter Zetsche, reçu ici à l’Elysée par le Président Macron, a annoncé vouloir investir 500 millions d’euros sur le site français pour confirmer cette future production.

Volkswagen n’est pas en reste. Comme BMW avec sa lignée “BMWi”, comme Mercedes avec sa famille “EQ” et comme Audi avec ses modèles dédiés “e-tron”, le géant allemand a construit de toutes pièces une nouvelle gamme dans sa gamme : “I.D.”. Quatre modèles ont d’ores et déjà été dévoilés : la berline compacte I.D., le SUV I.D. Crozz, le monospace vintage  I.D.Buzz et la grande berline I.D.Vizzion.

C’est la première citée, une berline au gabarit de Golf (ci-dessous) qui sera produite dès l’année prochaine dans l’usine de Zwickau, un site industriel dédié aux productions 100% électriques de Volkswagen sur la plateforme MEB. Le constructeur a annoncé qu’à la fin de l’année 2020, l’usine ne fabriquera que des modèles électriques au rythme annuel de 330.000 unités au-delà de 2020… Énorme pari que d’imaginer une usine produisant exclusivement des modèles électriques.

Si la berline compacte I.D. ne s’éloigne pas trop du design du concept-car ci-dessus, elle pourrait être l’une des premières compactes 100% électriques a opter pour un design typé. Mais c’est à bord que l’I.D. devrait faire la différence avec sa future sœur “thermique” Golf 8 puisqu’elle offrira l’habitabilité d’une Passat en seulement 4,10 m de longueur. Le Dr. Herbert Diess, alors au comité de direction, a confirmé en début d’année que 1500 I.D. et I.D.Crozz seront produites QUOTIDIENNEMENT à partir de 2019. Et il a même indiqué le prix de la Box-recharge murale “accessible à tous pour 300 euros.

Volkswagen est même allé plus loin en confirmant que la plateforme MEB sur laquelle reposeront donc les premières VW 100% électriques a été conçue pour recevoir d’autres silhouettes : nous avons l’intention d’utiliser cette plateforme pour 27 modèles (!) de quatre de nos marques. La Chine sera la base de volume pour cette architecture électrique  (ce qui impose notamment d’avoir des SUV dans cette offre, NDA) et nous avons fait évoluer nos partenariats dès novembre 2017 avec nos co-entreprises chinoises dans cette optique.”
Parmi ces 27 modèles, il y aura donc la nouvelle Audi e-tron (ci-dessous), un SUV 100% électrique à un prix d’appel de 80 000 euros qui viendra donc en concurrence directe avec la Mercedes EQC. Si Mercedes a coupé l’herbe sous le pied de son concurrent côté présentation officielle, Audi a d’ores et déjà démarré la production de son modèle (ci-dessous) dans l’usine belge de Forest (elle produisait l’Audi A1) qui sera dédiée au moins jusqu’en 2025 à la production de l’e-tron et de ses batteries.

Peter Kessler du comité de direction d’Audi (à droite) pose devant l’un des premiers exemplaires de l’e-tron qui sera dévoilé le 17 septembre. A gauche, Patrick Danau, directeur de l’usine bruxelloise d’Audi.

Comme on peut le deviner ci-dessus, le design de l’Audi e-tron reprend lui aussi les fondamentaux d’un SUV “thermique”. Audi a tenté de biaiser en proposant un gabarit qui le situe entre Q5 et Q7 afin de ne pas trop se marcher sur les pieds. Volkswagen, Mercedes, Audi : tous programment un SUV 100% électrique dans leur offre à très court terme.
BMW ne pouvait rester en dehors de cette bataille d’électrons. Après avoir révélé la vision électrique de son X3 au printemps dernier, BMW va passer la vitesse supérieure en dévoilant dès ce dimanche 9 septembre son concept-car iNEXT. Il “encapsule” toutes les technologies de mobilité électrique, de connectivité et de conduite autonome sous la robe d’un… SUV dont on aperçoit la calandre à peine prétentieuse (!) sur le teaser ci-dessous.

“Le projet iNEXT est notre vision pour le futur automobile. Il profitera à toute l’entreprise et à toutes nos marques. Pour la première fois, nous combinons toutes les technologies clés de la mobilité future dans un seul véhicule. L’iNEXT est entièrement électrique, entièrement connecté et offre également une conduite hautement automatisée. Aujourd’hui, nous avons donné à nos actionnaires un premier aperçu du design de la BMW iNEXT. Plus tard cette année, nous présenterons le BMW iNEXT comme véhicule de notre vision du futur automobile. “ Voici comment parlait Harald Krüger de la direction BMW le 17 mai dernier.

iNEXT sera dévoilé du 9 au 14 septembre, dans quatre pays différents, sur trois continents et voyagera à bord d’un Boeing 777 Cargo de la Lufthansa. Munich, New-York, San Francisco et Pékin : voilà le voyage qu’effectuera le concept-car en 5 jours !

Terminons avec la vision française de l’électrique. Elle diffère de celles que nous voyons de voir. Principalement par la taille des modèles concernés : Renault Zoe, future Peugeot 208 (ci-dessous) ou encore prochaine DS3 Crossback visent à donner la possibilité au plus grand nombre d’accéder à la voiture électrique grâce à des offres situées dans le segment “B” des petites berlines urbaines et compactes.


Découvrez la future Peugeot 208 sur le site Carscoophttps://www.carscoops.com/2018/09/2019-peugeot-208-gti-spied-stylish-new-design/

Le groupe PSA ne dédiera pas de “ligne” ou “marque” à l’électrification de ses modèles. Ses futures électriques seront ainsi dérivées directement des modèles thermiques. Pour autant, les modèles électriques du groupe PSA bénéficieront d’une nouvelle plateforme capable de recevoir au choix une chaîne de traction thermique ou électrique. Les avantages sont nombreux, à commencer par celui octroyant les mêmes prestations de coffre ou d’habitabilité que sur une variante thermique.

Second avantage, la possibilité d’introduire cette plateforme, et donc les nombreuses silhouettes allant avec (voir ci-dessous celle de la DS3 Crossback), dans un plus grand nombre d’usines. Aucun site du groupe PSA ne sera ainsi dédié à la production exclusive de modèles électrique.

C’est une sacrée sécurité en cas de ‘retard à l’allumage’ du marché du tout électrique. Dans le cas inverse, il faudra revoir cette stratégie plutôt maligne à moyen terme…

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