Au départ du projet, Peugeot ne voulait pas de SUV : l’histoire des deux générations de 3008

Ci-dessus, étude du programme qui donnera naissance à la deuxième génération de 3008. En attendant la 3e qui sera révélée le 12 septembre, petit retour sur la genèse des deux premières grâce aux extraits du livre « Concept-cars et prototypes d’études PEUGEOT » ci-dessous.

Cet ouvrage est disponible sur place ou à la commande à :
– Librairie Passion Automobile, 83 rue de Rennes à Paris (75006) : https://www.librairie-passionautomobile.com/design/14247-concept-cars-et-prototypes-d-etudes-peugeot-9782955578070.html
– Librairie Motors Mania : https://www.motors-mania.com/fr/tous-nos-produits/10758-concepts-cars-et-prototypes-d-etudes-peugeot.html
– Boutique LVA à Avon (77) : https://www.la-boutique.com/produit/concept-cars-et-prototypes-detudes-peugeot/

2009, le premier Crossover compact
Jérôme Gallix ci-dessus a été patron du design Peugeot pendant deux ans, de 2007 à 2009. De nombreux projets ont été imaginés durant cette courte période. D’autres ont vu le jour, comme le coupé RCZ. Mais ce dernier n’est pas le seul OVNI à naître pendant ces deux années comme Gallix le raconte dans l’ouvrage « Concept-cars et prototypes d’études Peugeot ».

Esquisses de Sylvain Henry pour le 3008 première génération avec de grandes roues. Une autre allure !

Le 3008 de la première génération apparaît en 2009, mais le patron du design de l’époque révèle qu’à l’origine, Peugeot n’avait pas l’intention de développer un « SUV », le constructeur voulait accompagner la 308 d’une silhouette volumique, sorte de Golf+ à la française. « C’était un non-sens, et j’ai promu l’idée – soutenue par Vincent Soulignac – d’orienter le projet vers un dessin plus 4×4, et le seul véhicule que j’avais sous la main à l’époque, c’était le Honda Joy Machine, sauf qu’il était très cubique. »

Le crossover 3008 permet à Peugeot de prendre un net avantage sur la concurrence en terme d’architecture et de design intérieurs

« Chez Peugeot, il y avait une aversion aux modelés cubiques et j’avais du mal à faire passer mon message. Le 3008 tel que je l’imaginais, j’étais le seul à y croire, avec Robert Peugeot qui aimait ce projet parce qu’il bousculait tout le monde en interne. On a alors proposé un véhicule exploratoire sur la base d’une 207, en plus gros et moins cubique pour s’adapter aux roues trop petites. Les personnes du produit n’ont jamais voulu prendre acte que les roues étaient trop petites, et ils nous ont balancés dans une direction avec un véhicule massif et imposant. »

« Pour nous au design, ça a été un moment un peu douloureux car on avait proposé une voiture qui était extraordinaire en style. Mais pour la mener à terme, il aurait fallu mettre des diamètres de roues de 675 à 680 mm et, à cette époque, modifier la plateforme ne se faisait pas. Pour la petite histoire, le 3008 actuel, c’est 752 mm ! » Jérôme Gallix continue avec ses équipes à défricher des terrains inédits, comme la version 7 places du 3008 (le 5008) et un projet d’architecture novatrice du poste de pilotage. C’est l’avant-phase de ce qui deviendra le « i-Cockpit® ».

Les premiers tests du concept i-Cockpit devaient aboutir sur la première génération de 508, celle de l’ère Gallix. Ce sera finalement avec la 208 de Vidal.

« Oui, les bases de ce concept étaient déjà là ! » confirme Jérôme Gallix. Cette architecture a été pensée pour la première génération de 508 par l’équipe d’avance de phase, où l’on trouve notamment Pierre Rémond et le designer Yong Wook Sin qui a eu l’idée de cet i-Cockpit®. Il sera finalement repoussé au lancement de la 208 de 2012. Dans le vivier des études prospectives aptes à convaincre Christian Streiff, il est un programme multidisciplinaire qui ratisse large avec des produits totalement inédits. « C’est ce que l’on a appelé les Urban Distinctives » explique Jérôme. « Le discours des Urban Distinctives était très dérangeant chez Peugeot, voire… urticant ! » (trois de ces voitures sont révélées dans le livre)

Le cabriolet revival de la 204 accompagnait d’autres silhouettes en 2008, toutes abandonnées lors de l’arrivée de Jean-Pierre Ploué à la tête du design Peugeot en 2009.

L’ambition est ensuite de renouveler la 607, avec le projet W31, dernier programme auquel ait participé Welter. « J’ai milité contre le projet W31 » reconnaît Jérôme Gallix. « Sur ce projet de grande berline, on avait trouvé la double signature lumineuse sur la proue, bien avant Citroën. » Ce programme se transforme en W35 avec un esprit plutôt coupé. « Pininfarina avait été engagé sur ce projet mais les W31 ou W35 étaient tous les deux déraisonnables sur le plan financier, et le bon sens a pris le dessus. Il ne fallait pas défendre l’indéfendable » conclut Jérôme Gallix.

Jérôme Gallix quitte le groupe, contraint et forcé, en 2009. Jean-Pierre Ploué prend en charge le design Peugeot, en plus de celui de Citroën et nomme rapidement Gilles Vidal à la tête du design de la marque Sochalienne. Ploué-Vidal : deux Citroën aux commandes du design Peugeot ! Cette période est riche, parfois troublée par quelques tensions. Voici l’extrait de cet ouvrage concernant la genèse de la deuxième génération de 3008 de 2016.

Sandeep Bhambra a depuis le programme 3008 rejoint Gilles Vidal chez Renault

La 308 renouvelée avec les berline et break, il est temps pour l’équipe de Gilles Vidal de s’attaquer au remplacement des crossover 3008 et 5008. Issus de l’ère Jérôme Gallix, ces véhicules ont su ancrer la marque dans l’univers naissant des SUV. En l’absence de monospace, la gamme Peugeot mise tout sur cette silhouette que l’on devine salvatrice. On l’a vu, l’impact de la crise de 2008, l’implantation sur le marché chinois, le lancement des premiers hybrides diesel et le développement des plans produits de Peugeot et Citroën mettent à mal la situation financière du groupe au début des années 2010.

Après avoir tenté de courtiser une première fois General Motors (un projet de renouvellement de la C5 de 2008 a pour un temps récupéré le V6 de l’Insignia et ses quatre roues motrices) PSA tangue et se raccroche en 2014 à une recapitalisation avec l’entrée de l’État et du chinois Dongefeng à hauteur de 15% chacun. C’est dans cette conjoncture que le renouvellement du 3008 progresse. Gilles Vidal se souvient « qu’au design, nous avions bien conscience des enjeux de chacun des projets que nous menions. Nous n’étions pas hermétiques aux pressions. Mais cela ne nous a pas affectés car les designers sont des personnes enthousiastes et positives avec toujours cette envie de progrès ! »

La deuxième génération de 3008 n’est pas née d’un coup de crayon magique : quelques maquettes ont quand même été nécessaires.

Le projet va être mené au mieux. Ce sont tout d’abord trois maquettes en polystyrène qui sont dévoilées à la Ferté Vidame lors de la présentation annuelle. En pleine crise… Il y a là déjà les prémices de ce design taillé à la serpe et des silhouettes classique, longue et dynamique.La silhouette du crossover coupé ne sera pas retenue (ce n’est que partie remise puisque la 3e génération de 2023 repose sur l’esprit du coupé crossover NDA), mais l’idée germe dans les cerveaux des créateurs. Les résultats des tests clientèle de cette deuxième génération de 3008 ne sont pas très optimistes.

L’une des versions de 5008 de la deuxième génération reprenait les feux arrière de la berline 308 en “U” et offrait un volume arrière impressionnant.

Maxime Picat, alors patron de la marque, est dubitatif suite aux remarques qui font paraître la voiture comme trop agressive. Gilles Vidal se veut alors rassurant. « Dans les tests, quand on demande à un client ce qu’il veut demain, au mieux, il répond sur ce qu’il préfère aujourd’hui. Quelque chose qui peut paraître osé ne le sera pas autant lorsque le produit sortira deux ou trois ans plus tard. Il ne faut pas avoir peur de ces commentaires. » C’est donc le design qui l’emporte sur les tests, et le concept du 3008 est poussé jusqu’à la série avec le succès que l’on sait.

En 2014, le thème et le gel du style coïncident avec un changement majeur dans la sphère directoriale puisque Carlos Tavares, jusqu’alors numéro 2 de Renault, voyant son parcours obstrué par Carlos Ghosn, change de camp. Le 1er avril, il prend la direction de la branche automobile de PSA. En moins de deux ans, la stratégie mise en place permet au groupe de retrouver sa rentabilité et, en 2016, son bénéfice a doublé. Dans le même temps, le 3008 est révélé et la marge opérationnelle dépasse sur ce modèle les deux chiffres. Le 6 mars 2017, fort de son rétablissement, PSA s’offre Opel pour 1,3 milliard d’euros.

Gilles Vidal a géré la genèse du 3008 de la deuxième génération. Le voilà aujourd’hui chez le concurrent direct où il a présenté l’Austral, grand rival de la 3008. Relisez son interview ici : https://lignesauto.fr/?p=24342

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