Giugiaro nous a révélé lors d’une interview dans LIGNES/auto version papier les petits secrets d’une genèse qui a bien failli tourner au fiasco !
« Le projet de la Golf est né à la fin des années 1960. Un groupe d’ingénieurs de Volkswagen accompagné par l’importateur italien sont venus au salon de Turin en 1969 et, en décembre, le groupe me téléphone et me dit que VW me demande de concevoir une voiture capable de remplacer la Coccinelle.” A cette époque, Italdesign existait depuis peu (1968) et venait de terminer le projet de l’Alfasud pour Alfa Romeo…
Évidemment, je suis ravi et le 1er janvier 1970, je suis à Wolfsburg où les dirigeants m’annoncent en fait qu’ils désirent que Ital Design travaille sur toute une gamme de modèles et pas seulement une seule ! J’étais complètement sidéré, j’avais une forme de respect profond pour ces gens de Volkswagen mais je trouvais incroyable qu’ils me confient autant de projets. J’ai par la suite demandé à l‘importateur VW en Italie pourquoi VW m’avait choisi plutôt que Bertone ou Pininfarina. Il m’a répondu que pendant leur tour du salon de Turin en 1969, sur les six voitures qu’ils avaient sélectionnées, quatre avaient été dessinées par mes soins. Le directeur général de VW a pensé que si, sur six voitures, quatre avaient été conçues et dessinées par Giugiaro, VW serait tranquille : Ital Design trouverait forcément la bonne solution ! Ce qui est complètement fou, c’est qu’ils voulaient signer avec moi un contrat de dix ans… »
« Nous nous sommes mis au travail très rapidement et au mois de mai, nous présentons d’abord la Passat puis en août, j’ai présenté la Golf. Je me souviens que les dirigeants de VW venaient ici, d’Allemagne, pour voir le prototype mais à ce moment-là, les dirigeants n’étaient plus ceux avec lesquels j’avais eu mes premières discussions. Là, je me suis dit que tout était fichu ; j’ai appelé Mantovani pour lui dire que son contrat de dix ans, c’était terminé ! En fait, l’un des nouveaux dirigeants de VW venait de chez Audi. Il voulait que la Passat repose sur une plate-forme d’Audi et il désirait aussi lancer l’Audi 50 plutôt que la Golf…”
“D’ailleurs, notre Golf ne lui plaisait pas, il ne la comprenait pas mais la situation industrielle était tellement mauvaise que les actionnaires ont décidé d’aller de l’avant et de produire notre projet. Le patron n’était pas content mais il a bien été obligé de respecter les actionnaires. Nous étions sauvés ! »
Si la présidence de l’époque ne sentait pas la Golf, Giorgetto Giugiaro, lui, y croyait : « Moi j’étais tranquille car je me basais sur mon instinct… » Après la Golf, les relations avec VW furent moins productives. « Il n’y a pas eu de suite. Nous avons juste collaboré sur un prototype jusqu’aux lignes de montage. Nous avons aussi réalisé l’Audi 80, mais plus avec cette volonté de dynamisme qui animait l’ancienne direction. Puis VW a créé son propre bureau de style, Audi également… »
Il y a cinq ans, pour les 40 ans de son joyau, Volkswagen célébrait l’anniversaire de la Golf Golf : “la voiture européenne la plus populaire de tous les temps : la Golf. À ce jour, plus de 30 millions d’exemplaires en ont été vendus à travers le monde. La Golf a toujours reflété les avancées technologiques de son époque.”
“Moteur turbo, moteur à injection directe, moteur électrique, hybride rechargeable, technologies ABS, ESC, XDS ou 4MOTION, régulateur de vitesse adaptatif, freinage d’urgence en ville, stabilisateur de remorque ou freinage multicollision, la liste est longue des innovations technologiques démocratisées par la Golf, sans oublier la climatisation automatique, le système Dynaudio, l’écran tactile à capteur de proximité, les phares à LED, les finitions Trendline, Comfortline et Highline ou encore les déclinaisons GTI, GTD ou GTE.”
“La toute première Golf est sortie des lignes de montage de Wolfsburg le 29 mars 1974. Elle est arrivée en mai chez les concessionnaires. À une époque où la Coccinelle occupait le devant de la scène, avec son moteur arrière et sa transmission aux roues arrière, une ère nouvelle s’ouvrait : celle du moteur à l’avant en position transversale et de la transmission aux roues avant. Cette transition avait été initiée peu de temps auparavant par le coupé Scirocco et par la berline Passat présentée en 1973, la première Volkswagen à traction après le K70 hérité de NSU.”
“Dessinée par Giorgetto Giugiaro, la Golf avait pour lourde tâche d’assurer la succession de la Coccinelle, le modèle le plus populaire de l’histoire automobile avec plus de 21,5 millions d’exemplaires vendus. Pari tenu : avec sa transmission sûre et moderne, une excellente habitabilité et un design attrayant, la Golf put fêter son millionième exemplaire dès le mois d’octobre 1976.”
“La Golf première génération reflétait les dernières avancées technologiques et les tendances automobiles de son époque. La première Golf GTI (1976) contribua à dynamiser ce segment. De même, la Golf D (diesel à aspiration naturelle, 1976) et, plus tard, la Golf GTD (turbodiesel, 1982) participèrent à imposer le diesel sur le segment des compactes.”
“En 1979, Volkswagen lança sur le marché la Golf Cabriolet, la décapotable la plus vendue au monde à ce jour. La Golf première génération s’est vendue à 6,99 millions d’exemplaires, incluant les variantes de carrosserie comme la Cabriolet, mais aussi la Jetta.”
A quelques mois de la présentation de la huitième génération de Golf (qui va se faire souffler la vedette par la compacte VW I.D. 100% électrique au salon de Francfort) il était bon de retrouver ses formes simples, tellement évidentes 45 ans après. Mais il a fallu le trait de génie de Giugiaro pour que cette évidence le devienne, à un moment où Volkswagen se réinventait totalement…