

L’actuelle Clio, née en avril 2019 et restylée en avril 2023, porte les traces du passage de Gilles Vidal chez Renault (ci-dessous). Le restylage a permis à cette Renault de prendre le dessus sur sa rivale de toujours : la Peugeot 208 née elle aussi en 2019. La nouvelle et 6e génération qui vient d’être dévoilée restera comme le cadeau d’adieu du designer à Renault. Car depuis, Vidal a fêté (?) son pot de départ et prépare son cartable pour sa rentrée chez Stellantis le 1e octobre prochain. A (re)lire ici la “lettre à Gilles Vidal” : https://lignesauto.fr/?p=41823

Avant son départ, Gilles Vidal a défini avec ses équipes et le concept-car Emblème les grands thèmes de design du futur de Renault que la nouvelle génération de Clio déflore aujourd’hui. Comme on vient de l’écrire, la précédente génération vivait au paradis, avec des scores de ventes en France et en Europe supérieurs à ceux de la 208 de 2019, dessinée sous la responsabilité de… Gilles Vidal !

On verra d’ici 2026-2027 si la nouvelle 208 avec son pilotage via le Hypersquare (volant rectangulaire et pilotage Steer-by-Wire, sans liaison mécanique ci-dessous) reprendra le dessus ou pas sur cette nouvelle Clio. L’objectif du nouveau patron de Renault, François Provost, est de parier sur “la valeur plutôt que sur le volume“. Voilà qui va faire s’étouffer Carlos Ghosn ! Renault veut monter en gamme pour prendre plus de distance face à Dacia… A quel prix pour la Clio ? On le saura bientôt.

Pour l’heure, avantage à la nouveauté comme on dit. Et donc à Renault face à Peugeot… Le paradis, c’est ce que compte bien atteindre également la nouvelle génération de Clio qui change (presque) tout. Certes, la plateforme est quasi identique à celle de la Clio 5, mais le nouvel opus prend un léger embonpoint (4,12 m de longueur, 1,77 m de large et 1,45 m de hauteur) sans pour autant exploser les cotes d’habitabilité qui restent peu ou prou identiques à quelques centimètres, voire millimètres près.

C’est avant tout le coffre qui gagne un peu en capacité, notamment grâce à un allongement de la partie arrière et au renflement du hayon. Ce dernier dispose d’une façade de tôle assez verticale avec un petit air de… 3008. Avant de parler design, et donc de la partie qui nous intéresse ici, évoquons rapidement l’arrivée de la chaîne de traction E-Tech hybride de la nouvelle génération avec un bloc thermique de 1.8 l et une puissance en hybride de 160 ch, au lieu du 1.6 et de ses 145 ch de la génération actuelle.

Côté design, force est de reconnaître qu’il s’agit vraiment d’une nouvelle génération, et pas d’un gros restylage. Laurens van den Acker dit que “la Clio était un héros, la nouvelle génération est un super héros, avec de supers pouvoirs !” et ajoute que le design, “sensuel, repousse les limites d’un nouveau langage de formes.” L’empattement de la 6e génération évolue peu (+ 8 mm) mais la longueur en hausse de 6,7 cm par rapport à la génération actuelle a permis de redessiner totalement la partie arrière.

Elle est plus dynamique et même aérodynamique. Elle participe de l’augmentation du volume de coffre (390 dm3 en thermique). La lunette est plus inclinée et surmontée d’un becquet plus généreux conférant à cette zone un aspect très sportif. L’esprit est celui d’un coupé compact, logeable qui sait à peu près tout faire en ville ou sur la route et les autoroutes.

Le hayon adopte une nouvelle signature lumineuse arrière scindée en deux éléments de la forme d’un hexagone irrégulier de même apparence, mais celui intégré au côté de caisse dispose d’un habillage surprenant. Ainsi, le feu n’est plus du tout affleurant à la carrosserie, mais vient se poser directement sur le galbe concave de l’aile arrière, avec un découpage très géométrique. A propos de l’aile arrière, on applaudit une nouvelle fois les emboutisseurs et les personnes liées à la qualité avec cette découpe de portière ondulante qui semble avoir maîtrisé les jeux. A voir en grande série.

Les poignées de portes arrière sont toujours dissimulées mais le triangle qui suit la remontée dynamique de la ceinture vitrée, pointe jusqu’à l’extrémité du panneau de coté de caisse. Tout l’inverse de la solidité perçue d’une VW Golf qui appuie son design sur un panneau de custode très épais dans cette partie. En revanche, la ligne supérieure du vitrage descend rapidement dans cette zone, alors que celle du pavillon reste élancée et plus horizontale pour préserver la garde au toit à l’intérieur.

De ¾ arrière, la nouvelle Clio paraît du coup bien plus dynamique que l’actuelle génération. Cette dernière l’était – dynamique – dans sa partie avant : pour la nouvelle Clio, le changement est radical dans cette zone frontale. Au point de rappeler aux anciens le groin d’une certaine Citroën Visa née en 1978 ! Il est là notre petit groin de paradis !

La calandre est superbement amenée par la sculpture du capot “qui pousse la calandre vers le bas” nous dit Laurens… Et quelle façade : j’ai compté pas moins de 40 losanges imbriqués dans ce nouveau mufle, auquel il faut ajouter celui du logo. Bon, l’Austral restylé nous avait prévenu avec ses 46 losanges intégrés à sa calandre !

Mais sur la Clio de 2026, il faut rajouter 72 (!!) de ces losanges (pardon : diamants…) logés dans la prise d’air inférieure qui élargissent visuellement la voiture en lui conférant une certaine prestance. Au total, ce ne sont pas moins de 113 “logos diamants losanges Renault” qui sont logés en frontal de la nouvelle Clio. Si votre voisin ne sait pas quelle nouvelle voiture vous venez d’acheter, changez de… voisin. Ce groin proéminent fait jaser, et comme on dit dans le métier, « si le design fait parler de lui, c’est qu’il interpelle et c’est son rôle ! »

La calandre est engoncée dans le soft-nose qui rejoint le capot moteur assez haut. Il est toujours très complexe pour les designers de dessiner cette zone où les contraintes de chocs limitent un peu la créativité. Dernière réflexion : l’éclairage LED latéral de part et d’autre de la grille inférieure reprend le thème de la signature lumineuse du concept-car Emblème en forme de demi-losange. Je n’ai pas compté ce losange découpé en deux…

Les optiques, comme les feux arrière, sont une pièce de design en elle-même, très travaillées et non affleurantes. Elles sont intégrées dans une platine noire comme dans un écrin. Elles prennent une forme hexagonale pour intégrer la technique, forme qui fait écho à celle des feux arrière. Comme la Peugeot 208, la Clio opte pour des habillages de passage de roue en noir laqué alors que l’embouti des deux portières est assez calme, tout juste souligné, en partie basse, d’une ligne pincée qui donne un certain dynamisme au profil. Une simplicité qui tranche avec les côtés de caisse du Rafale. Renault a donc bien l’intention de changer de style !

A bord, c’est la révolution puisque l’architecture classique de la planche avec combiné/visière face au conducteur disparaît au profit d’une architecture horizontale, flanquée du double écran OpenR en V et le système multimédia OpenR Link avec Google intégré qui est une première dans cette catégorie de véhicule. On retrouve un thème esthétique proche de celui des Renault électriques (4 et 5).

La commande de boîte sur la version E-Tech passe au volant, dégageant de l’espace sur une console bien moins envahissante que l’actuelle et c’est tant mieux. Cette console voit également disparaître le jonc lumineux qui l’habillait, gênant en conduite nocturne. L’habitacle adopte des habillages qui anticipent la volonté de Renault de désormais (presque) tout concevoir avec un seul mot en tête : l’économie circulaire.

La durabilité (Sustainble) et le recyclage sont mis en avant. Enfin, terminons par une bonne nouvelle : la Clio 6 n’est pas disponible qu’en gris. Ses sept teintes nous ravissent : un rouge et un vert “Absolu”, un blanc classique, le fameux gris Rafale, un gris plus soutenu (Schiste), un noir Étoilé et un bleu Iron.

L’atout maître de la Clio, c’est sa venue rapide sur le marché européen, en début d’année 2026, bien avant sa rivale Peugeot. C’est aussi une belle adéquation réalisée par le style entre la préservation de l’image de la Clio (best-seller de la marque) et un renouvellement mené avec pertinence et modernisme. Et sans doute, un budget contenu. Troisième atout, sa chaîne de traction thermique hybride, laissant le 100% électrique aux R4 et R5. Renault compte bien persévérer dans cette stratégie claire pour la clientèle puisqu’aux côtés de sa R4 100% électrique, Renault proposera dans moins de deux ans la remplaçante du crossover Captur thermique hybride, bientôt sur les rails de l’industrialisation.

La nouvelle Clio est la sixième génération depuis 1990 : revivez la genèse de la toute première génération ici : https://lignesauto.fr/?p=41611
Il a dirigé l’ingénierie chez Stellantis et chez Renault : l’interview de Gilles Le Borgne ci-dessous

