Ce projet n’existe pour l’heure qu’en numérique. Mais il est déjà déposé et protégé, car il recèle une multitude de bonnes idées. Cette nouvelle vision du plaisir automobile fait la part belle aux matériaux oubliés, comme le… liège.
VERTEX : vous pensez immédiatement à Vortex, ces trainées aérodynamiques qui se visualisent parfois à l’arrière des ailerons de F1.
Christian Polo, responsable avec sa compagne de Centro Polo Design a choisi ce nom pour d’autres raisons : “Vertex, c’est le nom donné au sommet des courbes de Bézier avec lesquelles je travaille. ‘Vert’ fait référence à électromobilité et ‘tex’ annonce un univers inédit en matière de textile sur ce projet…”
Avant d’évoquer les nouveaux matériaux qui composent tout à la fois la carrosserie et l’habitacle de ce projet, parlons de philosophie automobile. Celle du plaisir !
“Avec Vertex, je veux proposer une voiture plaisir, essentielle, sans aucune délégation de conduite.” Dès lors, les recettes vieilles comme le monde sont appliquées : 400 ch pour moins de 1000 kg. Vieilles comme le monde ? Pas vraiment puisque la chaîne de traction est pour le moins originale.
“Je suis en contact avec une entreprise anglaise qui développe des moteurs électriques intégrés dans les roues. Chaque moteur fournit jusqu’à 100 ch, soit une puissance de 400 ch” Christian Polo précise que son projet, à l’image d’une Tesla, évoluera en cours de vie. “Les évolutions de cette technologie progressant, votre Vertex pourra le faire aussi rapidement en changeant… les roues !“
L’architecture repose sur un thème également connu mais revu : le châssis hybride d’aluminium et de fibres de lin est de type “châssis-poutre” et intègre dans sa partie centrale, l’ensemble des batteries. “Elles sont ainsi moins exposées en cas de choc latéral.” Une trappe inférieure pourrait permettre d’échanger rapidement les packs batteries. Le châssis est étudié en partenariat avec un bureau d’études français.
LA GAMME VERTEX : TROIS SILHOUETTES
Trois silhouettes sont d’ores et déjà envisagées. L’idée là encore est de remettre à jour un concept, celui de la voiture modulaire, comme le fit Mercedes en 1995. Une base structurelle commune, reçoit au choix trois parties supérieures distinctes, comprenant également les parebrises, à la différence du concept Mercedes de 1995, ci-dessous.
La voiture est extrêmement compacte avec ses 3,65 m de longueur et 1,75 m de large. “C’est une empreinte au sol à rapprocher de celle d’une Fiat 500 Abarth” précise Christian. Autre innovation, la suspension permet de rehausser l’assiette, pour s’installer à bord ou sortir d’un chemin un peu escarpé. A noter que certains éléments de carrosserie sont symétriques, notamment les panneaux de portières.
Cette symétrie se retrouve dans les “crash-box” avant et arrière, de teinte noire, qui accueillent les optiques et feux. “Ces crash-box sont de véritables boîtes et elles peuvent accueillir en cours de vie les nouvelles technologies d’éclairage .” Vertex évolue au fil du temps…
Mais venons-en à l’innovation majeure de ce produit : la composition de sa carrosserie fait appel à de la fibre végétale. “Je me suis inspiré du squelette humain et de ses os. La carrosserie est composée de fibre de lin qui enveloppe un matériau creux et aéré constitué de liège.”
La fibre de lin qui provient de Normandie se tisse comme la fibre de carbone. Elle est recyclable, ses qualités techniques sont proches de celle du carbone : des coques de bateaux font déjà appel à ce matériau.
Quant au liège (ci-dessus), Christian Polo est allé en Sardaigne pour œuvrer avec des entreprises spécialisées. “Le liège est très résistant au feu, isolant, souple, étanche au gaz et liquides, antivibratoire, insonorisant et très léger…” Bref, il possède des caractéristiques peu connues du grand public.Christian précise qu’on peut le coller sur n’importe quel matériau au final. “Il peut aussi venir s’apposer sur toutes les pièces de l’habitacle ou des commandes.“
A bord, la fibre de lin qui compose la carrosserie devient un élément décoratif, comme la fibre de carbone. “J’imagine un intérieur avec ces matériaux : lin, tissu de lin, liège, cuir de liège et fibres de lin…“
Vertex, c’est donc actuellement le bureau de design de Centro Polo Design, un bureau d’études français pour le châssis, la Normandie pour le lin, les Anglais pour les moteur-roues et le savoir-faire Sarde pour le liège. Reste à trouver, comme toujours, le financement pour voir ce programme se concrétiser. “Vertex, c’est une philosophie. Un investissement, comme on achèterait une montre haut de gamme, intemporelle. C’est une communauté d’esprit.”
“L’idée serait de pouvoir l’assembler dans trois pays pour relancer, à mon niveau, leur économie : en Normandie, en Angleterre et en Sardaigne. Évidemment, il s’agit de très petite série, de l’ordre de 1000 unités par an.” De si petites quantités impliquent forcément un coût, tout comme le développement et le choix de matériaux et de solutions originales, différentes. Vertex se situerait ainsi à la frontière des 100 000 €. Une somme, certes, mais c’est moins de la moitié de celle qu’il vous faudra débourser pour le futur roadster Tesla…
POUR CONTACTER L’AUTEUR DE CE PROJET : centropolo@wanadoo.fr
BONUS : Quand FORD testait une voiture à la carrosserie en… cannabis !
Henry Ford travaillait dans le secteur des biocarburants, et en 1941, il a construit un prototype de voiture alimentée au chanvre et dont la carrosserie faisait appel au chanvre. Les panneaux de étaient “en plastique” composés de 70% de fibres de cellulose, dont du chanvre industriel, mélangées à un liant en résine. Bref, une Ford au cannabis !
Le chanvre et la marijuana proviennent de la même plante, le cannabis sativa, qui est le nom botanique latin. Le chanvre est la fibre des tiges et des graines stériles, tandis que la marijuana est constituée de feuilles, de fleurs et de graines viables. On savait que les voitures fumaient parfois, mais on ne savait qu’on aurait pu les fumer !