Voici quelques mots sur Pierre Leclercq, le nouveau directeur du design de la marque Citroën qui remplace Alexandre Malval, nommé directeur du centre de design avancé de Mercedes à Sophia Antipolis (voir ici : http://lignesauto.fr/?p=4334)
Vous y lirez les termes de “bande dessinée”, “grands vins français”, “Bangle”, “Frank O. Gehry”, etc.
De quoi mieux connaitre le patron d’une équipe de créatifs qui va enfanter les Citroën de l’après 2022 !
Pierre Leclercq est belge, comme d’autres grandes signatures du design automobile. Belge et donc… amoureux de la Bande Dessinée, cet Art du trait et du dessin.
Ses attaches familiales (voir plus bas notre “bonus”) aurait pu l’embarquer dans cet univers de bulles car il a longtemps hésité entre la bande dessinée et le design automobile.
Car il ne suffit pas d’aimer la belle bagnole pour devenir designer, et encore moins se limiter à cet environnement de travail pour manager toute une équipe de créatifs, répondre aux multiples contraintes et dictat – parfois – d’une direction générale.
Il faut un peu d’envergure. Pierre Leclercq pourra vous dire qu’il est sensible à bien d’autres univers, évidemment. Retenons qu’il est fan de U2 (ci-dessous) et… de grands vins français.
(À propos de vins français à consommer avec modération, n’oubliez-pas de rendre visite au très sympathique site http://vinsetvintage.fr)
Voilà qui augure de belles soirées si l’on veut bien se référer aux coutumes du constructeur Hyundai-Kia d’où vient Pierre Leclercq où bon nombre de designers ont l’habitude, après la validation d’un projet, de ne pas rentrer chez eux pour regarder le Michel Drucker local mais plutôt de s’offrir une belle soirée de fiesta…
Il y a quelques années, Pierre Leclercq avait eu les honneurs (!) des colonnes de LIGNES/auto, version papier.
Il nous expliquait sous la plume de Nadine Vanhalle que “j’ai toujours griffonné dans mes cahiers, que ce soit des voitures ou des bribes de BD. Il faut dire que j’ai de qui tenir, puisque mon oncle n’est autre que Pierre Seron, le dessinateur des « Petits Hommes » alors que l’un de mes cousins, “Clarke” dessine « Mélusine ». Malgré mon hésitation entre les univers de la BD et du design, j’ai pu concrétiser mon amour pour les voitures en devenant designer chez BMW.”
Sa plus importante création reste le concept du coupé SUV BMW X6 ci-dessous.
« J’ai toujours eu un gros faible pour les voitures italiennes, les Alfa et les Ferrari des années 60 et 70 … Pininfarina est mon maître, mon inspiration en termes de design auto. Un grand Monsieur ! La première Porsche 911 m’impressionne toujours autant. En fait, d’une manière générale, j’apprécie les voitures qui ont marqué leur époque, qui laissent des traces.»
Il y a une 2CV chez Citroën qui va donc intéresser le nouveau patron du design Citroën. Il y a aussi une DS et une SM, mais celles-là, il n’aura pas le droit de s’y référer.
À moins de faire goûter à l’excès ses bons vins français à Monsieur Xavier Peugeot (ci-dessous), le patron du produit de la marque Citroën 🙂
« J’ai aussi une affection particulière pour ce que fait Frank O. Gehry qui a réalisé entres autres le musée Guggenheim à Bilbao, le Concert Hall à Los Angeles ou l’IAC Building à New York. Je m’en inspire dans mes dessins.» L’architecte a également été associé à l’étude de l’immeuble “maison dansante” implanté au centre de Prague.
Ne vous en inspirez pas trop monsieur Leclercq, même si j’aime ce type d’architecture ! (voir ci-dessous)
Serez-vous surpris de lire que Pierre Leclercq apprécie tout particulièrement un autre designer… belge : « J’aime bien ce que fait Luc Donckerwolke. J’ai aussi rencontré Dirk Van Braeckel, mais il nous faudrait prendre le temps d’une vraie discussion ensemble ! »
Et lorsqu’il travaillait pour BMW, il ne manqua pas de rendre hommage à son patron d’alors, Chris Bangle (ci-dessous).
«D’abord, il a su redonner une image dynamique à BMW. Ensuite, contrairement à certains autres patrons de style, il nous laissait entière liberté et nous poussait même sans cesse plus loin dans la créativité pour que nous sortions des choses que l’on n’a jamais vues auparavant.”
N’oubliez pas ce confort de travail dont vous bénéficiiez naguère lorsque vous serez face à vos créatifs !
Peut-on parler d’une signature Leclercq ? « Définir la touche Leclercq ? Pour moi, ce qui caractérise l’expression d’un modèle se passe à l’avant, c’est le capot, les phares …»
Le parcours de Pierre Leclercq (ci-dessous) semble limpide : école de l’Art Center en Californie qu’il quitte en 1998. “J’ai ensuite travaillé 3 mois chez Zagato en Italie, puis pour Ford et en août 2000, j’ai intégré BMW aux États-Unis où j’avais déjà fait un stage.»
Il reste chez le constructeur Allemand jusqu’en 2013 à différents postes, et connaît désormais Munich comme sa poche !
Après un passage en Chine (c’est incroyable cette faculté qu’ont les designers BMW à s’exiler Chine !!) qui va soudainement accélérer sa carrière, il est nommé responsable du style Kia en Corée du Sud l’année dernière.
À peine le temps d’apprendre quelques rudiments de coréen que le voilà donc débauché par PSA !
L’occasion nous est donc donnée de poser une question : pourquoi les grands groupes automobiles piochent-ils à l’extérieur leur(s) directeur(s) de design de marque(s) ou de design groupe ?
Les exemples sont nombreux : Thierry Metroz, aujourd’hui patron du design DS, était légitime pour succéder à Patrick Le Quément au poste de directeur du design Renault mais c’est un homme de Mazda (Laurens van den Acker, ci-dessous) que le constructeur a choisi. Mercedes lui-même est venu chercher Alexandre Malval chez Citroën pour le placer à la tête de son centre de design avancé à Sophia Antipolis. Sans compter les responsables de design (BMW, Rolls-Royce, Land Rover, etc.) qui filent en Chine. Pour accélérer leur carrière ?
Il semble donc difficile pour un designer de grimper tous les échelons de la hiérarchie et des responsabilités en interne, sans se faire coiffer au final par un recrutement extérieur.
C’est un peu comme si les constructeurs, après avoir banni les consultations extérieures pour leurs projets (Bertone, Pininfarina, etc.), les avaient remplacées par ces recrutements externes afin de “secouer” leurs équipes…
Dans le cas de Citroën, reconnaissons que rien ne laissait présager du départ du responsable design de la marque, Alexandre Malval…
Pierre Leclercq aura la grande chance de débarquer à la tête d’une marque qui vient de refondre la totalité de sa gamme avec une identité forte et claire.
Il reste même deux produits (au moins) dans les tuyaux qui finiront d’établir cette identité que l’on trouve désormais sur la C3 (ci-dessous), la C3 Aircross, la C5 Aircross, le Berlingo et la C4 Cactus restylée.
En clair, Pierre Leclercq arrive dans une maison saine où le feu brûlait au début de la décennie mais où le boulot a été fait et fort bien réalisé par l’équipe en place.
On peut même imaginer que la future identité pointe déjà son nez dans l’étude de la CXperience (ci-dessous).
Qu’en fera-t-il ? Lui seul a la réponse…
Le concept-car CXperience de 2016
Les réactions officielles de la directrice générale de la marque et de Jean-Pierre Ploué :
« Je tiens à remercier Alexandre Malval pour sa contribution au renouveau du Style Citroën et pour la qualité de nos échanges.
Je lui souhaite bonne route pour la suite de sa carrière. Avec la nomination de Pierre Leclercq à la direction du Style Citroën, je suis pleinement confiante sur notre capacité à entamer un nouveau cycle de créativité afin de proposer des modèles au design toujours plus fort tout en continuant d’incarner la dimension du confort chère à la Marque »
a commenté Linda Jackson, Directrice Générale de Citroën.
De son côté, Jean-Pierre Ploué, directeur du Style du Groupe PSA indique : « Je suis très fier que Pierre Leclercq nous rejoigne, fort d’une réputation acquise dans l’industrie automobile mondiale. Je suis convaincu qu’il va apporter tout son talent à la marque Citroën et plus largement son expérience internationale à la direction du design du Groupe PSA. »
Voici ci-dessous le “bureau” de nouveau patron du design Citroën :
– À droite, en forme incurvée et évidée, la terrasse de présentation des projets Peugeot.
– À gauche, cachée par le bâtiment, l’autre terrasse, dédiée à la marque Citroën
– Au sommet, l’immense terrasse extérieure.
BONUS LIGNES/auto :
Le design, c’est chouette, c’est même notre raison d’être sur ce site. Le design, c’est en partie le dessin.
Et le dessin nous permet de plonger dans des univers différents même si animés de la même passion. Il était donc tout naturel que nous évoquions ici l’art de la bande dessinée en présentant Frédéric Seron, dit “Clarke”, cousin de Pierre Leclercq et auteur de la série “Mélusine”.
Clarke est né à Liège le 16 novembre 1965 et sait à peu près tout faire : jouer de la musique, parler l’espagnol, composer des chansons en allemand, écrire en danois, chanter en latin… et même réaliser un nombre incroyable de planches de bande dessinée chaque semaine ! Après avoir suivi les cours de l’école des Beaux-Arts, il s’oriente vers l’illustration de mode avant d’être séduit par la BD en participant à des publications collectives locales (“Qui a tué François Walthéry” et “B.D. Mode, c’est belge”).
En 1987, il publie, chez Khany, son premier album personnel : “Rebecca Bon anniversaire, Papy”, sur scénario d’un autre débutant, François Gilson, qui ne le quittera plus guère. SPIROU accueille ses récits complets des “Cambrioleurs”, écrits par Crosky, et les mini- strips fantaisistes d’Africa Jim, animés par Gilson. C’est avec ce dernier que Clarke découvre les charmes de la sorcellerie en lançant “Mélusine” en 1992. Envoûtées, les Éditions Dupuis accorderont rapidement sa propre collection d’albums à l’éternelle apprentie- magicienne.
Avec le succès, la production de Clarke s’emballe à tel point qu’il est contraint d’adopter le pseudonyme Valda pour illustrer, dans un style plus épuré, les aventures des “Baby- sitters” que lui propose Christian Godard. La collection “Humour libre” lui permet de se multiplier. Sur des scénarios de Yann, il massacre allègrement les biographies des respectables auteurs Andersen et Perrault proposés dans la série des “Sales petits contes”. Il s’octroie du reste le plaisir d’y ouvrir sa propre collection, avec la complicité de Midam pour les scénarios, sous le titre prometteur “Durant les travaux, l’exposition continue…”.
Caractéristique originale des deux premiers tomes de cette série : tous les personnages de ces gags arborent des lunettes. Clarke dit n’en porter que lorsque ses yeux sont fatigués… Ce qui ne doit pas lui arriver trop souvent, car il trouve encore le temps et l’énergie pour livrer moult animations au beau journal SPIROU quand il n’anime pas une nouvelle série pour le mensuel FLUIDE GLACIAL.