Nouvelle Citroën ë-C3. Des questions ? Nos réponses !

Cette 4e génération de Citroën C3 sera-t-elle providentielle et, tel le messie, « instaurera un ordre de justice et de bonheur » dans la gamme. Justice ? Oui, car jusqu’alors, la marque semblait délaissée par le groupe Stellantis. La dernière grande nouveauté est la version 4 portes de la C4 : la C4X, alors que cette nouvelle C3, au moment de sa commercialisation au deuxième trimestre 2024, remplacera un modèle âgé de presque huit ans. Il était temps que Citroën se secoue pour retrouver sa place sur les marchés européens et surtout, pour assurer sa viabilité.

LIGNES/auto vous offre un magazine de 22 pages pour retrouver la présentation de la C3, avec des photos et sujets inédits. Pour une lecture facile sur tablette et ordinateur, ce PDF se lit comme un magazine papier ! Et c’est gratuit… Prenez le temps de le télécharger ici :

Pourquoi diable un SUV pour remplacer une citadine dynamique ?
C’est vrai qu’à la première découverte de la nouvelle ë-C3, on se dit qu’une fois encore, le thème du SUV (parlons plutôt de crossover, car la ë-C3 est une deux roues motrices) a pris le dessus. Pour de bonnes raisons ? Pierre Leclercq, directeur du design Citroën, assume ces choix architecturaux et stylistiques : « nous pensons que la toute nouvelle Citroën ë-C3 changera la donne sur le segment des citadines polyvalentes. Nous avons pris en compte les caractéristiques que les clients apprécient le plus dans les SUV, comme la position de conduite haute et l’espace à bord, ou encore la robustesse. »

« Ainsi, bien qu’elle ait une empreinte similaire en termes de longueur et de largeur au modèle précédent, nous l’avons dessinée plus haute pour une plus grande sensation de force et de présence sur la route, une attitude assurée, avec les avantages supplémentaires d’une garde au sol plus enlevée et d’une position d’assise plus haute pour que les conducteurs et les passagers se sentent plus à l’aise »

Tout change esthétiquement avec cette 4e génération. Pourquoi ?
Comme souvent lorsqu’il s’agit de renouveler l’un de ses modèles, Citroën fait table rase de son passé. Exit donc la sympathie de la C3 actuelle, place à une C3 cubique : le design à mis en boîte la nouvelle génération ! Citroën précise que ce 4e opus « a été complètement réinventé avec un look nouveau, frais et affirmé qui incarne la nouvelle identité audacieuse du design de Citroën. » Un nouveau langage formel dans lequel « la verticalité́ contraste avec des lignes horizontales et des surfaces techniquement sculptées. »

Il y a du concept-car Oli (ci-dessus) dans cette C3…
Oui, il ne vous a pas échappé que le concept-car Oli a laissé des traces dans le dessin de la C3. On pense bien sûr à la verticalité de la face avant, brutale et à cette toute nouvelle signature lumineuse qui sonne le glas des LED en « V ». On note aussi et surtout l’apparition du logo ovale, cinq ans après son apparition sur le concept-car 19_19. Ce logo a été finalisé à l’occasion de la présentation de Oli l’an dernier. A l’arrière, il prend place au centre d’un bandeau noir, un peu à la mode Peugeot. Sauf que sur la récente e-3008, Peugeot n’a pas apposé son logo à l’arrière de son crossover. Surprenant…

Une fois encore, le gabarit augmente !
Pas du tout ! La ë-C3 (et les prochaines C3 thermiques) ne mesure que deux centimètres de plus que l’actuelle C3 avec 4,01 m alors qu’en largeur, six petits millimètres ont été ajoutés (1,76 m). C’est la (trop ?) grande hauteur de la voiture qui vous donne cette impression. Et là, nous sommes circonspects, car avec 1,57 m, la nouvelle « petite » Citroën est aussi haute que le tout nouveau Scénic E-TECH. Incroyable (ci-dessous) !

En revanche, ce gabarit permet une toute petite d’augmentation du volume du coffre (310 l au lieu de 300 aujourd’hui) alors que la banque 1/3 – 2/3 ne sera de série que sur le second niveau : Max.

Une citadine aussi haute qu’un crossover familial, c’est plutôt étrange ?
Et encore, les 1,57 m de hauteur sont calculés sans les barres de toit dont disposera la finition Max en série. Cette cote est un plus pour l’habitabilité (les passagers avant disposent de près de 10 cm supplémentaires pour bénéficier d’une position rehaussée et ainsi « dominer » la jungle urbaine), mais deux questions se posent : quid de la version C3 Aircross à venir si la berline tutoie déjà les étoiles ? Et est-ce raisonnable pour l’efficience aérodynamique d’avoir une citadine dotée d’une garde au sol de plus de 16 centimètres ?

Pour ce qui est de la future C3 Aircross, on a un semblant de réponse en regardant de près la version vendue en Inde (ci-dessous) et dans les pays d’Amérique du Sud. Cette C3 Aircross a pris de l’embonpoint (4,32 m contre 4,16 m au C3 Aircross européen actuel) et même… une troisième rangée de sièges. Il serait donc logique que sa version européenne opte également pour cet augmentation de gabarit et les sept places, surtout que la Renault Captur débarquera avec une version longue à l’occasion du (ou quelques mois après) restylage.

C’est étrange : les versions indiennes et brésiliennes des Citroën C3 ont droit à des poignées à palette et les versions européennes font appel à des poignées classiques, noires, non teintées couleur caisse…

LE PETIT PLUS DE LIGNES/auto ci-dessous : la silhouette C3 Aircross européenne qui viendra épauler la nouvelle C3 fin 2024 – début 2025 : elle aura une version 7 places !

Et côté style, que peut-on dire ?
Une fois encore, Citroën fait table rase des précédentes générations. Après la berline “bulle” en 2002, la citadine sage en 2009 et la dynamique berline personnalisable en 2016, voici un cube qui, malgré ses 4 m de long, affiche une robustesse et un gabarit rassurant. On prend de la hauteur installé à bord. En pur termes de style, on regrette que le nouveau langage formel, qui s’adaptait bien à Oli, concept-car un unique ci-dessous, a un peu plus de mal sur la base de cette plateforme.

Les designers ont été obligés de reprendre les points durs de la version indienne et, surtout, le nouveau langage formel – fait de verticalité et de droites – ne passe pas bien avec toute la partie du pare-brise et de l’auvent, à la base de ce dernier. Le pare-brise aurait mérité d’être un peu plus vertical. Cette zone est hélas un ensemble de pièces que les designers ne peuvent pas, ou peu toucher : toute la structure de la baie de pare-brise est en grande partie transversale dans le groupe sur les modèles de ce gabarit et, avec l’implantation des montants de pare-brise, elle participe à la résistance en cas de crash frontal. Bref, le pare-brise semble trop incliné et il y a un manque de cohérence sur cette partie, entre le nouveau langage formel avant et arrière et, au milieu, un bloc beaucoup plus classique. L’ensemble offre des proportions peu ordinaires. Mais avant de voir un pare-brise vertical, il va falloir attendre encore longtemps !

La C3 dispose-t-elle enfin d’une nouvelle plateforme, plus moderne ?
Oui, la C3 repose sur une évolution de la plateforme internationale de Stellantis « Smart Car » très modulable. Laurence Hansen, directrice du Produit et de la Stratégie de Citroën précise que « nous tirons déjà parti de ses capacités en dehors de l’Europe, grâce à de nouveaux modèles développés en local sur des marchés tels que l’Inde et l’Amérique du Sud. C’était le point de départ idéal pour la nouvelle ë-C3 européenne. »

Même concept pour les C3 européenne et indienne, mais plateforme modernisée sur la version européenne (en haut) avec notamment les suspensions à butées progressives.

C’est donc la base technique des C3 vendues en Inde et en Amérique du Sud ?
Oui et non, car cette plateforme a été considérablement modifiée pour les modèles européens, comme la ë-C3. Elle embarque par exemple une multitude de modules d’équipements, notamment d’aide à la conduite, non présents sur les versions indiennes ou brésiliennes. Sans augurer des tests EuroNcap, on peut également avancer que la version européenne obtiendra de meilleurs résultats (ce ne sera pas difficile…) que la version brésilienne. Mais surtout, les trains roulants sont totalement différents puisqu’ils adoptent sur toutes les versions la suspension à double butées hydrauliques progressives. La ë-C3 inaugure également une génération évoluée des sièges Advanced Comfort présents sur les deux niveaux de finition You et Max.

A gauche, la nouvelle ë-C3 européenne, à droite la C3 indienne et brésilienne En dehors du gabarit et du thème de petit SUV, elles n’ont pas grand chose en commun…

La C3 ne proposera plus de motorisation thermique ?
Si, évidemment. Laurence Hansen précise que « même si elle a été conçue dès le départ pour être entièrement électrique, la plateforme Smart Car est suffisamment flexible pour accueillir des groupes motopropulseurs à moteur à combustion interne, et pour soutenir des véhicules plus grands ou plus petits, y compris des SUV. » Le département produit de Citroën confirme dans ces propos que la ë-C3 « est annonciatrice d’une famille de C3 qui jouera un rôle majeur dans le renforcement de la gamme européenne et porteuse des valeurs de la marque. »

Citroën a annoncé un prix de vente aux alentours des 25 000 €. La promesse est-elle tenue ?
Non seulement elle est tenue, mais elle est encore plus favorable pour le client, puisque le prix d’attaque de la ë-C3 européenne débutera à 23 300 € prix net, pour une version You dotée du moteur électrique de 113 ch, avec batterie (Lithium Fer Phosphate) de 44 kWh et une autonomie de 320 km. Sa vitesse maxi sera de 135 km/h. Une option d’achat à 99 € par mois est annoncée.

Dans le courant de l’année 2025, c’est-à-dire au moment où les Volkswagen ID2 et Renault 5 seront sur le marché, Citroën proposera une seconde version avec une autonomie de 200 km à 19 990 €. On s’interroge sur le délai d’une année entre la commercialisation des deux variantes, car il s’agit techniquement de modifications qui ne touchent pas à la structure du véhicule. Serait-ce une décision prise en cours de développement ? A suivre…

La future Volkswagen ID2 de 2025 est annoncée à 25 000 €, plus chère que la ë-C3 de 2024. Quid de la future VW D1 ? Une ë-C3 à moins de 20 000 € débarquera quant à elle en 2025.

A bord, Citroën évoque une nouvelle conception C-Zen Lounge. De quoi s’agit-il ?
C’est une planche de bord horizontale, comme à bord de toutes les Citroën, divisée en deux niveaux. Le niveau supérieur est dédié à l’information, et un niveau central, au confort. Ce dernier est revêtu d’un revêtement tissu « Sofa Design ». Ce qui surprend est l’absence de combiné d’instrumentation face au conducteur.

Il est remplacé par une projection de type « Head Up Display » sur une partie noir brillant située entre la base du pare-brise et la coiffe de la planche de bord. Plus simple que de projeter sur le pare-brise directement comme à bord de la future BMW Neue Klasse de 2025, cette architecture en jette pour une petite voiture. Un écran flottant de 10,25 pouces prend place plus haut qu’accoutumée au centre de la planche.

Citroën évoque un petit volant. C’est une copie du i-Cockpit de Peugeot ?
La nouvelle planche de bord avec sa projection dite « tête haute » implique de réduire le diamètre du volant pour assurer une bonne visibilité des informations. C’est exactement ce que Peugeot a suivi lorsqu’il a « inventé » le i-Cockpit. Mais ce dernier, à la différence de la Citroën, ne repose pas sur une projection tête haute, mais sur un combiné d’instrumentation rehaussé.

Toutefois, il est vrai que les deux architectures ont des points en commun. Il est donc temps que le concept du Hypersquare des futures 208 et 2008 arrive dans la rue en 2026. Il faut quand même savoir que le « Design Project Manager » de la C3, Boris Reinmöller, vient de chez Peugeot (ci-dessous).

C’est lui qui a inventé le i-Cockpit ?
Non. Cette architecture a été pensée par l’équipe d’avance de phase, où l’on trouve notamment Pierre Rémond et le designer Yong Wook Sin qui a eu l’idée de cet i-Cockpit. En revanche, on doit à Boris Reinmöller chez Peugeot le dessin du concept-car RC Hybrid4 de 2008 et surtout, le dessin du coupé RCZ !

Boris Reinmöller a eu une jolie carrière chez Peugeot et le voilà désormais chez Citroën. Le groupe Stellantis avec ses 14 marques offre cette possibilité de transfert de designers en interne. Un autre grand du design Peugeot, Sylvain Henry, a suivi le même chemin de Peugeot – où il a dessiné notamment la première génération de 208 qui inaugurait le… i-Cockpit- vers Citroën.

Quel est le rôle joué par le nouveau directeur de la marque Citroën, Thierry Koskas, sur ce projet ?
Thierry Koskas a été nommé à la tête de la marque Citroën le 1er mars dernier, en plus de ses responsabilités de directeur des ventes et du marketing de Stellantis. Autant dire que le projet C3 était déjà figé. Il faut donc rendre hommage au précédent directeur de la marque, Vincent Cobée, dont les rapports tendus avec la direction du groupe ont précipité son départ (ci-dessous, Vincent Cobée à droite en compagnie de Pierre Leclercq et de Laurence Hansen devant le concept-car Oli)

Cet ancien patron de la marque Citroën avait vu juste, comme il nous l’expliquait en 2022. A la question de savoir si la C3 européenne serait identique à la version indienne, il nous répondait que non. « En Europe, l’électrification est une tendance lourde, et il est clair que le renouvellement de l’offre C3 et C3 Aircross aura une position forte dans ce domaine. Mais dans le même temps, cette électrification donne naissance à des voitures plus chères. Alors face à la crise économique qui va diminuer le pouvoir d’achat de nos clients, il est évident que ce que nous avons appris en développant ce type de programmes pour les pays à forte croissance, va nous aider dans l’élaboration du remplacement de la C3. » Sans doute est-ce à partir de cette réflexion qu’est née la future ë-C3 à moins de 20 000 €…

Comparaison entre l’actuelle génération de C3 et celle de 2024.

La genèse des 3 premières générations de C3, à lire ici : http://lignesauto.fr/?p=30102

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