Opel a intégré PSA voici maintenant plus de deux ans. L’organisation au niveau du design est légèrement différente de celle que l’on trouve au sein du groupe français. Si les bureaux de design de Peugeot, Citroën et DS sont tous regroupés au coeur de l’ADN (centre de création design et technique de PSA) à Vélizy Villacoublay, le centre de design d’Opel reste implanté – et restera- à Rüsselsheim. Sa direction reste aux mains de Mark Adams, ci-dessous, qui réfère à Jean-Pierre Ploué, directeur du design groupe PSA.
Ainsi, Opel conserve son image de “voiture Allemande” en restant implantée dans sa ville emblématique. Et même si les dessous des Opel d’aujourd’hui et de demain seront identiques à ceux des productions du groupe PSA, les designers s’attachent à conserver l’ADN de la marque au Blitz. C’est ce que nous confie Martin Schaufler, le designer de la nouvelle Corsa que nous avons rencontré à Paris devant deux Corsa 2019 flambant neuves : une thermique et une électrique… ainsi que quelques versions de la Corsa “A” de 1982 !
Mais avant de lui donner la parole, il faut bien connaître la genèse de ce projet Corsa de la sixième génération : dès la fin 2016, un rapprochement logique entre les équipes du produit PSA et celles d’Opel a lieu pour ce programme, bien avant que PSA ne prenne possession des marques Opel et Vauxhall. Logique, car déjà la Peugeot 3008 et la Citroën C3 Aircross partagent leurs plateformes avec les Opel Crossland X et Grandland X. L’année 2017 avec l’intégration d’Opel au sein du groupe français changera quelque peu la donne, mais il était acquis depuis 2016 que la Corsa serait produite sur une plateforme PSA.
LIGNES/auto : entre l’arrivée d’Opel au sein du groupe PSA et la venue de la nouvelle Corsa, il ne s’est écoulé que deux années. Le programme a été mené avec célérité !
Martin Schaufler : « oui, on a du coup constitué une toute petite équipe pour mener à bien ce projet design. »
Une petite équipe, c’est combien de personnes ? Une, dix, cent ?
M.S. : « c’est principalement deux designers au style extérieur, deux autres au style intérieur, quelques designers des équipes de design IHM ou de celles du design des phares, feux, etc… »
C’était un véritable commando en fait !
M.S. : « oui, on peut le dire comme ça ! »
Le travail débute réellement en quelle année ?
M.S. : « nous avons commencé au début 2017 avec de nombreux roughs. On a dû avoir au maximum deux semaines pour dessiner la voiture à ce stade, j’entends par là, pour proposer nos thèmes avec nos sketchs, c’est très court ! »
Vous prenez connaissance du projet de la 208 à ce moment-là ?
M.S. : « non, évidemment ! J’ai dû voir une photo ou deux lors de mes passages en France, aux bureaux d’études. C’est une bonne chose de ne pas voir les projets concurrents, ça nous permet une vraie liberté de pensée ! »
Vous veniez en France pour ce projet Corsa ?
M.S. : « Oui, lorsque Mark Adams a validé le choix du thème de style en 2017, nous avons réalisé une maquette échelle 1 en clay. Pour avancer dans nos travaux, nous devions trouver notre voie avec la plateforme CMP (plateforme des petites et moyennes voitures de PSA). Nous nous sommes rencontrés avec les ingénieurs de PSA et j’ai dû m’approprier la platefomre et surtout ces point durs, notamment la position du pare-brise, de l’auvent. Il fallait que nous nous imprégnions du package pour enfanter de belles proportions… »
Vous évoquez une maquette échelle 1, mais entre vos sketches et elle, il y a eu une phase en 3D numérique j’imagine ?M.S. : « oui, le maquettage 3D nous a fait gagner du temps, notamment pour améliorer la silhouette tout en restant dans le thème du style choisi et pour l’adapter à la CMP. Un travail de design assez classique finalement si ce n’est les délais extrêmement contraints ! »
Le gel du style ne s’est pas opéré avec plusieurs maquettes échelle 1 ?
M.S. : « Non, il n’y en a eu qu’une seule que nous avons bien sûr travaillé et peaufiné. Le choix du design s’est en fait effectué dès la phase des sketches. »
Vous évoquiez vos passages au sein du bureau d’études PSA. Vous en gardez quels souvenirs ?
M.S. : « deux ou trois mois après nos travaux de style, nous sommes retournés chez PSA à Paris (à Villacoublay exactement, en banlieue parisienne) pour des missions avec les ingénieurs et confirmer la compatibilité de notre design avec la technique. Je garde surtout un souvenir d’efficacité au sortir de ces réunions. C’était très ouvert, et au final une coopération intéressante pour tous ! »
Jean-Pierre Ploué, le directeur du design groupe PSA s’est-il rendu à Rüsselsheim ?
M.S. : » j’imagine, mais ce genre de réunion se tenait exclusivement avec notre direction, notamment Mark Adams. »
C’est plus facile ou au contraire contraignant de travailler sur une base totalement nouvelle, comme celle de la CMP ?
M.S. : « je dirais que ce fut plus facile dans le sens où l’on a trouvé rapidement d’excellentes proportions avec ce capot long. Sur les points durs que nous ne pouvions pas changer, comme le montant de pare-brise, on a quand même pu faire évoluer les sections. »
Vous pouvez nous parler du projet de cette Corsa AVANT l’entrée en scène de PSA ?
M.S. : « non, car je ne faisais pas partie de l’équipe de stylistes de cet avant-projet. Je crois me souvenir qu’il reposait sur un thème de proportions plutôt orientées vers le monovolume comme la Corsa de la précédente génération. »
Et lorsque vous croisez cette équipe dans les couloirs du design à Rüsselsheim, elle n’est pas trop frustrée ?
M.S. : « franchement, je ne crois pas. Elle est surtout fan de cette nouvelle voiture plus dynamique et sportive ! Je préfère les proportions retenues pour cette nouvelle Corsa avec ce long capot qui rappelle un peu la Corsa de la première génération en 1982 ! »
Vous avez notamment travaillé sur le coupé Monza Concept (ci-dessus). A quand un vrai successeur aux Manta, Monza et Calibra chez Opel ?
M.S. : « Ah, des voitures fascinantes… Vous devriez poser votre question à Mark Adams ! »
Pour conclure, voici justement la vidéo officielle d’Opel avec Mark Adams, responsable du design Opel :