Nouvelle Citroën C5 X : vue par le responsable du style extérieur

Pierre Leclercq, le directeur du design Citroën, peut compter sur ses deux directeurs de style : Jean-Arthur Advenier pour l’intérieur, et Cyril Pietton pour l’extérieur. C’est ce dernier que nous avons évidemment rencontré pour évoquer le design de cette nouvelle grande Citroën.

Coïncidence ou pas, Cyril Pietton et Frédéric Angibaud, l’auteur du design de la C5 X, ont tous les deux une bonne vingtaine d’années d’expérience chez le constructeur français ! « C’est vrai » reconnaît Cyril, « mais on peut presque dire plus aujourd’hui puisqu’avant ma période PSA, j’ai travaillé chez Fiat ! » Pour les amoureux de concept-cars, rappelons Cyril est l’auteur du petit C3 Airplay de 2005 (Christophe Cayrol pour l’intérieur) et de la C3 actuelle génération (2016) qui, sous la direction d’Alexandre Malval, a relancé la nouvelle identité Citroën Ci-dessous.

Vingt ans, comment expliquer une telle fidélité ? « Je suis très attaché à la marque ! Je me sens bien ici, et ce qui compte évidemment, c’est l’environnement avec l’équipe. J’accorde beaucoup d’importance à l’humain. Chez Citroën, je pense qu’on a beaucoup de liberté et on ne s’interdit rien. » Son rôle aujourd’hui comme directeur du design extérieur, et ce depuis environ sept ans, « c’est de superviser le rôle de chacun des designers qui travaillent sur le projet. »

Alors bien sûr, lorsqu’on affiche 20 ans de fidélité au compteur, on a vu et on voit encore des jeunes talents débarquer dans le studio. Comment fait-on pour leur inculquer les valeurs de la marque ? « Ça prend du temps, forcément, mais notre richesse c’est justement de pouvoir travailler avec ces jeunes et des plus anciens comme Frédéric. Pour les jeunes, il faut parfois un peu de temps avant de se lancer dans un véhicule de production, à part certains qui peuvent avoir le feeling Citroën dès le début.”

“Pour découvrir l’histoire de la marque, on a la chance de pouvoir nous rendre régulièrement au conservatoire Citroën. Mais on ne regarde pas forcément dans le rétro, ce n’est pas dans l’esprit Citroën. Car on sait ce que l’on a fait, il y a comme un parfum et on s’imprègne de ce parfum. La C5 X par exemple est naturellement une Citroën, et pourtant on ne s’est pas forcé, on n’a pas mis de Citroën CX à côté de nous dans le studio ! »

Mais peut-être que Cyril et son équipe ont placé le concept CXPerience à leurs côtés ? « Un concept-car, c’est certainement l’exercice le plus classique pour défricher les proportions ou des thèmes comme la signature lumineuse. Pour cette dernière, on était clairement arrivé à un moment où il fallait la faire évoluer car on a vu que beaucoup de concurrents allaient sur notre territoire. C’est flatteur, certes, mais il fallait anticiper et réagir avec notre nouvelle signature. »

Comment le programme qui a donné vie à la C5 X a-t-il débuté ? « C’est un programme classique, il a donc débuté par l’avance de phase pendant laquelle on a travaillé la silhouette et l’attitude de la voiture. On a testé alors beaucoup de concepts, on a même fait un tricorps  mais on ne l’a même pas regardé ! On s’est dirigé naturellement vers cette silhouette de shooting-brake en accord avec le produit. Ensuite, on a lancé la compétition de sketches. »

Même si Cyril Pietton n’aime pas ce terme de compétition, il a bien fallu choisir et c’est le projet de Frédéric Augibaud qui a été retenu après que l’intégralité du studio a été mise au travail sur ce projet. « On ne pouvait pas se permettre de mettre en compétition seulement trois designers ! Il était important que ça dessine dans tous les sens ! Mais s’il n’y a qu’un seul vainqueur, ceux qui perdent apportent toujours quelque chose et je suis bien placé car dans ma carrière, je n’ai pas forcément remporté de nombreuses compétitions même si j’ai souvent été finaliste. Ce n’est pas un drame, c’est un travail d’équipe au final. »

La concept-car CXperience a été dévoilé en 2016. Où en était le projet C5 X à ce moment-là ? « L’avance de phase du projet était menée en parallèle au concept-car. Il y avait la dynamique du concept qui nous a notamment permis de créer des manifestes en interne. »

On retrouve le thème du design sans ligne de carre sur les deux voitures. « C’est un style qui est compliqué à mettre au point mais on y tient. Il exprime la fluidité et la douceur. Mais le danger avec ces rondeurs sans ligne de carre, c’est d’être trop lourd. Alors il faut travailler les rayons avec minutie, on y passe du temps. La malle nous a demandé beaucoup de travail avec l’enroulement des flancs. Mais au final, les courbes avec leur rayons suggèrent une tension et une certaine puissance. Il reste quand même quelques lignes de carre assez classiques pour alléger le véhicule, notamment en bas de caisse pour les animer ».

Soyons francs : la C5 X nous semble faire référence à la XM plutôt qu’aux CX ou C6, notamment par sa ceinture intégralement vitrée. « C’est un thème typiquement Citroën. On cherche notamment toujours à animer la custode, mais on ne voulait surtout pas d’excès de chrome. Le jonc chromé supérieur donne de l’élan à la voiture, il part du pied de pare-brise et il s’évanouit sur la custode. »

A l’inverse des CX, C5 et C6, la C5 X n’adopte pas de vitre arrière concave, celle à laquelle Frédéric Duvernier -responsable des concept-cars chez Citroën-, lors de la présentation de la CXperience, tenait beaucoup en expliquant qu’elle avait deux intérêts : laisser transparaître un effet tricorps et apporter une meilleure aéro et visibilité en permettant de positionner l’aileron le plus bas possible. Cyril Pietton reconnaît que cette vitre concave est un élément fort du design Citroën, « mais les roues arrière couvertes des DS, GS ou SM aussi ! » s’amuse-t-il. « On n’est pas obsédé par le passé, une vitre concave nous aurait plongé dans l’univers du tricorps alors qu’on avait clairement décidé d’aller vers l’esprit du shooting brake. »

L’aérodynamique qui est synonyme de gain en consommation (ce n’est certes pas très nouveau mais désormais impératif pour le calcul du C02) est très visible sur C5 X, notamment dans sa partie arrière avec un becquet à l’extrémité du pavillon et un énorme aileron planté à la base de la lunette. Un handicap pour le designer ? « Non, il sait qu’il y aura un élément aérodynamique dans cette partie-là mais il ne se bloque pas là-dessus. Au final, l’aileron n’est pas forcément mis en valeur, il est noyé dans la surface vitrée et toujours de couleur noire, alors que le becquet du pavillon a une valeur ajoutée en style. Il donne de l’élan, il est raccroché au chrome et de la couleur caisse lorsque le pavillon n’est pas noir. »

En résumé, Cyril Pietton estime « qu’en terme de balance, on a eu de la chance d’avoir de très bons ingénieurs, on ne va pas se plaindre ! On a eu tous les ingrédients en style : les grandes roues, les passages de roues noirs, l’implantation du pare-brise… Je n’ai pas de regret sur ce programme. Si je devais en avoir, ce serait de l’ordre du détail que vous-même ne verriez pas ! »

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