A l’origine du virus de la passion Porsche

Pour le Covid-19, les scientifiques recherchent le patient “zéro”. Pour le virus de la passion Porsche, cela fait bien longtemps que ce véhicule “zéro” a été retrouvé. Retour sur la naissance de la 356 dans une scierie d’une ville autrichienne au nom imprononçable : Gmünd !

Ténébreuses années de l’après-guerre. Les anglais transforment peu à peu les ruines de l’usine de Wolfsburg en bâtiment prêt à entreprendre la fabrication de la Volkswagen voulue par Hitler. Et donc industrialisée grâce aux alliés. Dans le même temps à Gmünd, en Autriche, où s’est réfugiée l’équipe de Ferry Porsche, l’idée de concevoir la première Porsche reprend son cours. Mais rien n’est simple. En 1946, Ferdinand Porsche est emprisonné à Baden-Baden, puis libéré et conduit en France où une équipe de la Régie Nationale de Usines Renault, nouvellement créée, lui présente le projet de la future 4CV ci-dessous.

Il sait que son fils Ferry l’attend avec plus que des idées : un projet qui se concrétise. Au lieu de cela, Ferdinand Porsche est de nouveau incarcéré, cette fois en France à Meudon, puis à Dijon où il reste une vingtaine de mois. En août 1947, il retrouve enfin la liberté. Mais il est terriblement diminué…

Pendant cette longue et pénible période, son fils gère l’intégralité des travaux du bureau d’engineering Porsche à Gmünd, notamment la conception de la très fameuse Cisitalia, mais aussi le projet interne de la Porsche sportive de série connu sous le nom de Type 356. Ferdinand Porsche a certes toujours rêvé de créer sa propre voiture de sport, même si le projet de la voiture du peuple lui tenait à cœur, mais c’est bien son fils Ferry qui conçoit la 356 au moment où son père est privé de liberté et loin de Gmünd. La toute première 356, un roadster immatriculé « K 45.286 », est d’ailleurs finalisé un an à peine après que Ferdinand Porsche a rejoint l’Autriche et son bureau d’études.

Cette toute première Porsche d’une longue série est basée sur un châssis tubulaire en acier et dispose du moteur Volkswagen à refroidissement par air, d’une cylindrée de 1 131 cm3 et délivrant 40 ch. Cette motorisation est implantée en avant de l’essieu arrière, avec la boîte de vitesses derrière cet essieu. Ce n’est donc pas (encore) une tout à l’arrière. Contrairement aux précédents projets sortis du bureau d’études, ce type 356 n’est pas prioritairement dédié à la compétition.

Il est plutôt recensé comme une véritable voiture de sport pour la route. La carrosserie tout aluminium de la « K 45.286 » est façonnée en moins de trois mois et, en juin 1948, un an après la libération de Ferdinand Porsche, son fils peut enfin lui dévoiler le résultat d’un projet bien différent de tous ceux qui jusqu’alors sont sortis du génie du Konstrukstionburo

Cette 356-1 est également très différente de toutes celles qui vont suivre, tout d’abord parce que sa structure de châssis tubulaire ne convient finalement pas à une production en petite série, pour des raisons de coût. La seconde mouture de la 356 dénommée tout naturellement 356-2 et immatriculée « K 49.801 » casse l’architecture à moteur central arrière de la 356-1 et adopte une implantation dérivée de celle de la Volkswagen.

Son moteur bascule en arrière de l’essieu et transforme donc la première Porsche sportive de série en « tout à l’arrière », une architecture qui perdure aujourd’hui encore !

Le châssis tubulaire est remplacé par une solution plus moderne et plus aisément industrialisable en petite série : une structure poutre-caisson en acier ci-dessus, l’ensemble est habillé d’une superbe carrosserie aluminium de coupé deux portes. Le confort semble bien plus prometteur que sur la 356-1 totalement découverte.

Cette 356-2 va servir de base à l’élaboration de la 356 que nous connaissons mais l’affaire n’est pas aussi sommaire. Nous sommes en 1948, à peine trois ans après la fin du deuxième conflit mondial. En Autriche, produire un tel véhicule avec une carrosserie en aluminium n’est pas aisé, pas plus que d’obtenir les différentes autorisations d’exportation !

Et, plus traumatisant sans doute, Ferry Porsche réalise que son père n’a plus l’énergie dont il regorgeait avant son incarcération. Porsche, l’entreprise créée Ferdinand, repose désormais sur les épaules de son fils Ferdinand Anton Ernst, dit Ferry…. Il vient tout juste de célébrer ses quarante ans…

Malgré toutes ces difficultés, la première Porsche est exposée au salon de Genève en mars 1949. Cela étant, moins de 50 modèles sont produits plutôt artisanalement entre la naissance de la 356-1 en 1948 et 1951, l’année du décès de Ferdinand Porsche ! C’est au cœur de cette période, en 1950, que Ferry Porsche décide de réhabiliter la production en Allemagne. Il s’établit aux côtés des ateliers de la carrosserie Reutter qui produit les premières 356 Allemandes, à opposer aux 356 sortant de Gmünd en Autriche, avec des carrosseries non plus en aluminium mais en acier. L’histoire est en marche !

BONUS : la première Porsche a été conçue dans une scierie

A l’automne 1943, la société “Dr. Ing. h. c. F. Porsche Gesellschaft mit beschränkter Haftung, Konstruktion und Beratung für Motoren- und Fahrzeugbau“, c’est à dire, pour faire court, le bureau d’études de Ferdinand Porsche, cherchait un nouveau site douze ans après sa création. En effet, les bombardements sur la ville de Stuttgart devenaient de plus en plus fréquents et mettaient en péril la production. En 1944, Ferdinand Porsche s’est donc installé sur le site beaucoup plus sûr de Gmünd en Autriche (ci-dessous, la carte actuelle pour situer la ville de Gmünd).

Les conditions de travail dans les bâtiments d’une ancienne scierie étaient plus que difficiles pour les quelque trois cents employés de l’entreprise. Les machines manquaient, ainsi que les matériaux, et les baraques en bois étaient pleines à craquer. Dans les baraquements, l’espace était si restreint que les ouvriers pouvaient à peine se déplacer entre les machines à usiner.

Il fallut construire des baraquements supplémentaires pour la direction et la cantine, et un autre pour les ingénieurs fut construit dans le quartier de “Gries an der Lieser”. Malgré cela, la situation dans une vallée isolée présentait un avantage inestimable : les troubles de la guerre ne menaçaient pratiquement pas les lieux et il y avait surtout assez de nourriture pour tous les employés de la zone rurale. La 356 pouvait naitre tranquillement…

A LIRE : LE PORTRAIT DE Ferdinand Porsche (ARCHIVES) :
http://lignesauto.fr/?p=12462

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