Alors que le monde automobile n’est pas encore submergé par le concept des SUV, Citroën imagine en 2003 pouvoir transporter six personnes autrement que dans un monospace : voici C-Airlounge et son concept à l’époque assez inédit.
La BMW X5 apparue voici près de trois ans n’a pas encore donné naissance à la gamme des BMW « X ». Le monde automobile ne connait pas la frénésie des SUV, il est encore féru de monospaces, mais les services de marketing des constructeurs sentent déjà que le concept de cette voiture volumique, capable de transporter jusqu’à sept passagers, doit évoluer. Avant d’être balayé par les SUV, les monospaces vont donc tenter d’aller fouler d’autres concepts, comme celui du break volumique, bas et habitable.
En ce sens, le concept-car C-Airlounge qui est présenté au salon de Francfort 2003 est l’un des premiers à emprunter cette voie. Il sera suivi, cinq ans plus tard, du concept-car Renault Ondelios qui se risque lui aussi à répondre à la même question : comment embarquer six passagers dans un confort royal et dans une ambiance intérieure digne d’un jet privé !
Dévoilé un an après le concept-car C-Airdream, C-Airlounge en reprend l’identité avec des chevrons ailés et une absence de calandre. Ce thème est pourtant très vite abandonné puisque Jean-Pierre Ploué oriente le design Citroën vers des faces avant moins plongeantes, moins frêles et plus expressives.
Een 2003, ce langage formel est encore d’actualité. Le C4 Picasso qui sera commercialisé en 2006, trois ans après C-Airlounge, reprend exactement cette identité, avec les barres du double chevron rejoignant les optiques sur une proue plongeante et démunie de calandre. Avec moins de 4,50 m de longueur, le monospace de série navigue dans un segment inférieur à celui du concept-car C-Airlounge. Avec près de 4,90 m, le concept de 2003 accueille six passagers (conducteur compris) dans une ambiance très haut de gamme.
Le design de ce prototype de salon est signé Domagoj Dukec, aujourd’hui responsable du design BMW, sous la responsabilité d’Adrian van Hooydonk. Domagoj a notamment suivi le développement du concept-car Citroën Hypnos en 2008. Le C-Airlounge est traité sans ligne de carre. Ses flancs sont lisses et l’absence de montant latéral participe à cet effet de style-galet. Pour compenser cette absente de montant, les sièges embarquent les ceintures de sécurité. Le dessin des feux arrière n’est pas sans évoquer ceux du break C5 de la première génération.
Plutôt bas avec 1,68 m, C-Airlounge accueille cinq ou six passagers en plus du conducteur. La première teinte du concept-car est un noir soutenu (il sera ensuite repeint d’un beige pas plus seyant) qui tranche résolument avec un habitacle drapé de cuir blanc. Cette atmosphère feutrée et luxueuse s’explique autrement que par ce seul choix d’une teinte claire.
Elle est destinée à créer une véritable scénographie à bord puisque des petits projecteurs diffusent différentes scènes, projetant sur la sellerie des sièges mais également sur les matériaux des contre-portes quatre ambiances lumineuses différentes répondant aux noms de « convivial », « romantique », « baroque » et « intense ».
Ces travaux ne sont pas sans importance car ces années 2000 mettent en avant un nouveau chapitre du traitement des habitacles, avec l’intégration progressive de fils de lumière. Réservé dans un premier temps aux véhicules haut de gamme, ce nouveau concept est désormais disponible sur des citadines de taille moyenne.
En 2003, à bord de C-Airlounge, cette scénographie amuse et pointe un intérêt certain sur ce concept-car qui, de l’aveu même de certains chez Citroën, ne restera pas le plus marquant de cette entame des années 2000. Outre son habitacle très épuré, on relève la présence d’une épaisse moquette de laine en guise de clin d’œil aux premières DS, alors que les panneaux de portes accueillent des médaillons revêtus de soie. Plus tard, DS Automobiles s’en souviendra pour ses propres concept-cars…
Les bagages sont quant à eux signés Hermès. Comme C-Crosser et C-Airdream juste avant lui, le concept adopte un immense pavillon de verre confirmant cette sensation de grande luminosité à bord où chacun des passagers disposent de son espace personnel, comme à bord d’un jet privé.
Mais de jet privé à roulettes, il n’y aura point. Si l’Ondelios a donné naissance chez Renault à l’Espace de la 5e génération, Citroën a abandonné ce concept de « break-volumique » au profit de véhicule assumant totalement les codes stylistiques et le gabarit des SUV purs et durs. Le C5 Aircross va d’ailleurs pousser le monospace C4 SpaceTourer, ex-C4 Picasso, à la retraite !