“Sensation au Mondial, je t’ai préférée toi, R4 E-TECH, à ta petite sœur R5 E-TECH. Autant de charme – ça n’engage que moi -, plus de place à bord avec ton empattement de 2,62 m soit 8 cm de plus que la R5 et plus de volume de coffre avec tes 420 litres. Et tout ça pour une longueur de seulement 4,14 m, soit respectivement 9 cm de plus que la Clio et 9 cm de moins que la Captur. Et tellement de clins d’œil à ton ancêtre. Je t’aime… mais je te maudis.”
“Est-ce vraiment toi qu’il faut blâmer d’être uniquement branchée ? Ou faut-il toquer à la grande porte de la maison européenne qui n’a pas de garage et nie tout sentiment envers le monde automobile. Et par là même, vous impose à toi et ta fratrie d’être câblée. Je t’aime mais notre amour est définitivement impossible. Tu es électrisante mais moi, je ne peux pas te brancher…”
“Pourtant, j’adore ton regard qui déclenche de jolis souvenirs. Un regard tellement simple et pourtant très technologique. Je te la ferais bien à la Gabin, « t’as de beaux yeux tu sais ! » mais tu mérites mieux. Alors je braque les projecteurs sur un détail stylistique et conceptuel qui n’en est pas un : ta calandre. Ton père ou ta mère à la communication de la grande maison Renault, dit de toi que « ta calandre est la première à attirer l’œil. »
“Bingo, j’en suis raide dingue. Et méfiant. Car désirer tes iris irisés ne suffit pas à transformer une idylle en un amour infini. Tes yeux ne sont rien sans ton masque. Ta calandre est démesurément grande : 1,45 m ! Contrairement au pic de Cyrano, c’est une chance. Tu l’illumines d’un fin trait de mascara et tel un clown, ton nez en losange brille lui aussi dans l’obscurité.”
“Sur ce point, tu es quand même bien plus belle que certaines allemandes qui n’ont que leur traits de mascara éclairés et un gros point noir – leur logo – sur le pif. Mais ça change, elles aussi vont se mettre à luire la nuit tombée. Méfie-toi… Oui, j’aime la complexité qu’il y a derrière ton visage. Il paraît si simple avec tes deux yeux presque ronds, mais ton minois est dessiné de multiples fragments et travaillé comme une pièce d’horlogerie.”
“Cette simplicité dans le dessin et la conception a été l’un des défis de ton design. Tout le monde s’y est mis, des designers à l’ingénierie jusqu’aux équipes d’industrialisation sans oublier les fournisseurs, Valeo et OP Mobility. Il y en a eu du monde au-dessus de ton berceau. C’est un projet dans le projet qui a abouti à la première calandre lumineuse monobloc au monde. Et c’est toi qui l’inaugure ! Du coup, je ne sais même plus si je te mérite…”
“Gilles Vidal, (c’est le patron du design Renault et c’est lui qui a géré ta conception) explique que « nous avons toujours aspiré à sublimer nos calandres grâce à la lumière. Aujourd’hui, la règlementation nous offre cette possibilité. » Tu as vu comme il parle bien de toi. Je suis un peu jaloux. Mais ce n’est pas grave, car toi et moi, on ne vivra pas ensemble…”
“Tu ne seras pas à l’heure de notre rendez-vous. Je ne pourrais pas toucher ton volant – qui n’a rien à voir avec celui de ton ancêtre-, je ne titillerai pas tes commandes, ni caresserai tes deux écrans de 10 pouces (7 et 10 en entrée de gamme) avec Google intégré et les services qui vont avec. On aurait même pu faire ménage à trois avec ton avatar « Reno » qui a réponse à tout. Tu veux que je te branche et je ne peux pas. « Hey Reno, fais-moi une R4 E-TECH thermique hybride ! »
“Ce ne sont pas les constructeurs qui ont Imposé l’électrique, mais toi, tu n’es pas multi énergie. Et moi, je vis dans un village de caractère, certes, mais sans borne de recharge, et dans une maison de ville sans garage et un trottoir à l’aplomb de mes fenêtres. Et je ne peux pas recharger au travail, car je bosse chez moi ! Suis-je le seul ?”
“Je t’aime mais je te maudis d’avoir donné naissance à cet amour impossible ! Ta mère qu’on surnommait la 4L me trimbalait pourtant lorsque j’étais tout jeune. J’ai souvenir du bruit du frein à main lorsqu’on le tirait, le mouvement du paternel lorsqu’il passait la seconde vitesse en arrachant le levier de la planche de bord. J’avais l’impression qu’un jour il y aurait un brochet au bout de la canne. Ou un requin. Mais non, mon père passait la troisième, repoussait la tige d’acier là-bas sous le capot moteur pour donner naissance à une accélération, faut-il l’écrire, relativement modeste. Voilà, la 4L, c’était la voiture pour les modestes… Tu as bien changé sur ce point, non ?”
“Or donc, après avoir adoré la 4L dans mon adolescence, je t’aime toi, la R4 E-TECH. Sacré Gilles, l’équipe du design a su remuer le couteau dans la plaie : un toit ouvrant en toile, des feux arrière en gélule – mais il ne faut pas dépasser la dose prescrite – , un hayon au ras du bitume et des noms qui parlent aux connaisseurs : Jogging pour tes enjoliveurs, Sixties et Parisienne pour tes différentes jantes aluminium diamantées noir. Des noms de “série spéciale” de ta mère…”
“Bon, tu penseras sans doute que ça paraît un peu facile. Tu as même une teinte qui rend hommage à ton lieu d’assemblage, le vert Hauts-de-France. Ne rigole pas, ta mère en 1961 s’habillait d’un bleu Ile-de-France ! Tu nous fais voyager dans de superbes contrées… Mais ce sera sans moi. Je plonge à regret dans le monde de l’adultère au volant d’une thermique hybride. Tu l’as bien cherché ! Et ne m’appelle plus, ça ferait trop mal !”
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