Le manifeste DS4 : lanceur d’une révolution chez DS !

Lors de la DS Week, le constructeur n’a pas fait les choses à moitié ! Et pour les amoureux de design, l’exposition de la maquette clay de la DS4 et surtout, celle du “manifeste” de la fin 2015 ont suscité la curiosité.

Le “manifeste” du programme D41, qui est devenu la DS4 que l’on connait, a été réalisé à la fin de l’année 2015, soit six ans avant la commercialisation de cette berline compacte premium. Seuls jusqu’alors les lecteurs du trimestriel LIGNES/auto en avaient pris connaissance, ci-dessous (https://lignesautoeditions.fr)

Ce manifeste est, comme le dit son designer Thomas Duhamel, “un mix entre un produit série et un concept-car. Pour le projet D41, on n’a pas commencé avec des maquettes à échelle réduite, on voulait rapidement avoir un support échelle 1 pour convaincre. On utilise de plus en plus de maquettes de ce type pour définir la direction où l’on veut aller. D’ailleurs, le manifeste que vous voyez là est resté longtemps dans le studio lors du développement de la D41.

Quel est le but essentiel de ce manifeste ? “Il a été réalisé pour définir les dimensions et les points durs de la nouvelle plateforme EMP2-V3, selon les désirs du design. Chez DS, on voulait de grandes roues de 72 cm, un pare-brise reculé et des voies permettant de bien poser le véhicule sur ses roues.

Ce manifeste a été exécuté en collaboration avec l’ingénierie car Citroën et Peugeot par exemple ont proposé leur propre vision de leur design sur cette nouvelle plateforme. La convergence a permis d’enfanter des designs aux proportions idéales sur la DS4 et la Peugeot 308.

Maquette clay définitive du programme D41

Le manifeste de Citroën voulait quant à lui optimiser les dimensions de la plateforme puisque la marque devait enfanter sa grande silhouette C5 X” précise Thomas. Dès lors, est-ce que le designer du manifeste DS voit ceux de ses cousins et néanmoins concurrents ? “Il faut comprendre que l’on va partager pas mal d’éléments, comme par exemple les trains roulants, alors oui, on finit par mettre les propositions des uns et des autres dans une grande salle afin de bien valider nos territoires différents. Mais lors de la conception de la maquette, on ne sait pas ce que font les autres, évidemment.

Ainsi, avant de sculpter la maquette échelle 1/1 en clay avec les modeleurs – ces artistes de la mise en œuvre du design en trois dimensions -, le designer Thomas Duhamel a dû repasser par la case dessins. Ce qui est pour lui une évidence : “je dessine tout le temps. Pour le programme DS4, ces phases de dessins ont duré jusqu’en 2017, donc jusqu’à la maquette clay, car même s’il existe des supports physiques ou numériques, j’ai besoin de ‘sketcher’ pour trouver de la cohérence sur la voiture. Ces sketches sont importants pour moi, car si ça fonctionne sur mes dessins, ça doit bien se passer en volume !

Revenons sur la maquette du manifeste de 2015. Il s’agit d’une maquette pleine, sans intérieur. On l’a vu, son objectif était de définir des proportions réalisables sur la nouvelle plateforme. Il ne s’agit pas alors de définir un “style” mais un thème. Il ne s’agit pas non plus de tenir compte des contraintes industrielles d’un produit de série, mais de poser les bases de ce que devra être le projet D41.

Thomas Duhamel rappelle que ce manifeste est “un mix entre le design pour un véhicule de série et celui d’un concept-car. On s’exprime avec une certaine liberté vis-à-vis des contraintes de la série, tout restant raisonné dans les dimensions. Avec lui, on affiche notre intention, mais on se libère de contraintes, notamment aérodynamiques. Ici par exemple, il y a plein de choses qui ne fonctionne pas en aéro, comme l’enchaînement ailes AR et bouclier, très rond qui ne décolle pas les filets d’air…

Ainsi, le manifeste est à la fois très réaliste sur le plan de l’architecture (voies, empattement, gabarit, etc.) mais audacieux sur certains choix de style, comme nous l’explique Thomas Duhamel, ci-dessous.

On note ci-dessous en 1, le capot moteur presque plat et de dimension généreuse et en 2 l’empattement long désiré par le design. En 3, autre volonté, celle de disposer de grandes roues. Elles impactent la conception de la plateforme. L’ingénierie sera obligée de concevoir de nouveaux trains roulants, avec une autre demande, celle de l’hybridation électrique.

Ci-dessous, on visualise les mots de Thomas Duhamel concernant la partie arrière en 1, avec un raccord tournant de l’aile au hayon, pas efficace en aéro. En 2, le design fait encore appel à des surfaces modelées alors qu’elles seront à l’opposé très acérées sur le modèle définitif. En 3, on devine déjà la volonté d’un mouvement de tôle sur la portière avant. Ce mouvement sera reconduit en série sous une forme plus aiguisée.

La partie arrière ci-dessous est plus audacieuse et Thomas Duhamel nous explique “qu’on utilise aussi le manifeste comme un laboratoire. Tous les départements veulent apporter leur idées. Moi, j’ai eu envie que le sabre traverse la lunette arrière et voulu positionner les clignotants en partie haute.” Voici les idées qui n’ont pas passé le cap de la série: en 1, on retrouve le modelé arrière qui ne fonctionne pas en aéro (il donnera lieu à une coupe franche sur la voiture de série qui participe au caractère de la DS4), en 2, les clignotants en partie haute, en 3 la lunette en deux parties et en 4, l’enjoliveur très SUV du passage de roues.

Clin d’œil à la DS originelle, le becquet implanté à l’extrémité du pavillon reçoit donc deux déflecteurs aérodynamiques en forme de “cornet” qui embarquent la fonction des clignotants. On le sait, l’homologation à cet emplacement n’est pas possible, ce qui est aberrant lorsqu’on voit certains véhicules aujourd’hui avec les clignotants reportés dans le bouclier arrière, invisibles donc…

Le manifeste annonçait déjà une signature lumineuse très travaillée comme on le voit ci-dessous en 1. Thomas Duhamel nous rappelle également “que l’objectif avec le projet D41 était de conserver les optiques fines présentes sur cette maquette.

Frédéric Soubirou, le responsable du design extérieur chez DS (au centre de la photo ci-dessous avec la veste), explique dans le n°3 de LIGNES/auto trimestriel (disponible ici : lignesautoeditions.fr) “que pour le projet D41 qui a donné vie à la DS4, après le manifeste, il y a eu quatre ou cinq maquettes polystyrène, puis deux maquettes en clay restées en compétition.” Une compétition remportée par Thomas Duhamel.

Frédéric précise que Thomas Duhamel “a dessiné la voiture peu de temps après son embauche à la sortie de l’école ISD de Valenciennes. Je dirais qu’il l’a dessinée avec sa fraicheur. Pour lui, une voiture moderne devait avoir de grandes roues. Il ne voulait pas faire une GTI collée au sol. Sa vision était celle d’un style élégant mais surtout, aérien. A partir de ces idées, on a d’abord réalisé ce manifeste (en photos dans ce post), une sorte de concept-car interne. (…) On devine déjà sur cette voiture un maître couple très bas, une voiture élancée et ce côté aérien, obtenu d’abord avec les grandes roues.”

Thomas Duhamel ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Après avoir esquissé le manifeste de la fin 2015, validé son projet pour le programme D41 de la DS4, il enchaîne avec le dessin du concept-car ASL (ci-dessus et ci-dessous) « En 2015, je suis dans le studio depuis à peine un an. J’ai eu la chance d’être intégré à l’équipe de design dédiée à la nouvelle marque DS. Je trouvais que la dynamique était déjà bien lancée ! »

C’est une chance pour un designer d’arriver au bon endroit, au bon moment ! « Oui, c’est super quand on est un jeune designer de participer à la création d’une marque ! » Thomas Duhamel sortait tout juste de l’école ISD de Valenciennes où son stage a été suivi par l’équipe de design DS. « Étudiant, je trouvais légitime que DS soit séparée de la marque Citroën. On faisait un projet de petite DS, la « DS Zéro », et plusieurs intervenants du studio étaient venus nous aider, y compris des modeleurs et on a réalisé le projet en clay. C’était très formateur ! »

LES PARENTS DE LA DS4

Évidemment, comme le fait humblement remarquer Thomas Duhamel, il n’est évidemment pas le seul à avoir œuvré au design du projet D41 devenu DS4. Voici de gauche à droite, les noms des principaux acteurs et actrices de la partie design du programme : Robert NUBOER – Pascal MACE – Frédéric SOUBIROU – Frédéric VALLEE – Fabrice BOSELLI – Bob ROMKES – Laurent NEU – Thierry METROZ  – Dominique BOUTHEMY – Andreas STUMP  – Thomas BOUVERET – Bernard GERMAIN – Emmanuel RAFFY – Francois LORMEAU – Cyril VEYNANTE – Nicolas DELUY – Alexis GOENS – Arthur HUBERT – Thomas ALTET – Sylvain GAUDICHON – Thomas DUHAMEL – Tzu Han CHOU – Sacha MILINKOVIC – Yovan VUJACIC – Colomba DUCROT

A gauche, Frédéric Soubirou, responsable du design extérieur de DS et à bord, Thomas Bouveret, responsable du design intérieur de DS.
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est LOGOActus_BD-1024x367.jpg.

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