Comme pour le concept-car Scénic Vision, le show-car Alpine A290_ß offre deux temporalités : un style extérieur très concret qui représente 85% de celui de la voiture définitive, et un style intérieur futuriste qui ne sera évidemment pas retenu sur l’Alpine A290 de série en 2024. Il interprète à sa façon l’ADN généré à bord du concept Alpenglow en 2022 ci-dessous.
Le siège central offre une vue parfaitement symétrique de l’habitacle et une vision idéale de la route, ou de la piste. Cette architecture intérieure n’est pas nouvelle en soi. Et très logique finalement. Mais elle impose quelques contraintes dont la première est évidemment l’accès au siège central, surtout lorsqu’il est encadré par deux sièges passagers de part et d’autre.
L’une des dernières voitures en date à proposer – en petite série – une position de conduite centrale est l’hyper-GT McLaren Speedtail hybride ci-dessous, vendue à 106 exemplaires sous trois finitions distinctes avec, dixit McLaren, « une gamme presque illimitée de personnalisation à la disposition des propriétaires. »
Les premières Speedtail ont été distribuées voici à peine deux ans. Le pilote est donc au centre avec deux passagers de part et d’autre, comme à bord de la mythique McLaren F1 de 1992, et dispose d’une vision parfaite pour mener la belle de 1050 ch à sa vitesse maxi de 403 km/h.
La position de conduite centrale et la disposition des trois sièges de la Speedtail ci-dessus ont été inaugurées par l’emblématique McLaren F1 en 1992. Cette architecture a été dévoilée publiquement pour la Speedtail dans un prototype basé sur la McLaren 720S reconfigurée avec un seul siège en position centrale. Mais pour s’asseoir à bord de la Speedtail, il a fallu aux 106 propriétaires débourser la somme de 1,75 million de livres sterling, soit environ 1,55 million d’euros, sans compter les taxes, voire les malus des différents pays où la bête a atterri.
Outre la vision périphérique et la sensation de faire corps avec la voiture, l’avantage de cette architecture permet à l’habitacle d’offrir un positionnement idéal des commandes. Comme à bord de la McLaren Speedtail, l’Alpine A290_ß exporte une partie des commandes au niveau du pavillon, telles des commandes d’avion.
Comparer l’Alpine A290 sous sa forme de Show-car à une McLaren, voilà qui n’est pas banal. Pour autant, ni Alpine ni McLaren ont inventé cette architecture. Dans notre univers contemporain, on peut remonter au prototype de salon Ferrari 365 P Berlinetta Speciale présenté par Pininfarina en 1966 (ci-dessous).
Cette berlinette à moteur V12 de 4.4 l et 380 ch offre donc, comme les McLaren et Alpine A290_ß, trois places à bord avec le pilote au centre. Cette Ferrari signée au tout début de l’ère Sergio Pininfarina reprenait quelques traits de la Dino dévoilée l’année précédente.
Deux ans plus tard, en 1968, Giorgetto Giugiaro présente son premier concept-car sous le propre nom de sa nouvelle société Italdesign. Ce coupé trois places frontales avec pilote au centre repose sur un châssis de Bizzarrini.
La Manta Bizzarrini (ci-dessus) arrive en même temps que l’exceptionnelle Carabo de Gandini sur le stand voisin, chez Bertone. La Manta est dotée d’une motorisation Chevrolet V8 poussée à 400 ch et capable de prestations très valorisantes pour l’époque avec 330 km/h en vitesse de pointe.
L’architecture avec le conducteur en position centrale a également été la base de nombreux travaux chez Citroën, mené des années 1950 aux années 1970. Voici par exemple un dessin de Michel Harmand pour un coupé compact qui positionne déjà le conducteur au centre, flanqué de deux passagers de part et d’autre.
Michel Harmand a également œuvré sur un projet mort-né de voiture suburbaine avec une architecture quatre places en “losange” et conducteur au centre, ci-dessous.
En 2008, Pour célébrer les quarante ans de sa société Italdesign, Giorgetto Giugiaro réinterprète son tout premiers concept-car Manta et reprend ainsi l’architecture des trois places de front avec le pilote au centre. Le concept prend le nom de Quaranta.
Six ans plus tard, pour annoncer son petit véhicule Kwid indien, Renault présente un concept-car original, en 2014 à l’occasion du salon de l’automobile de New Dehli. Le concept s’approprie l’architecture des trois places de front avec celle du conducteur au centre. Un petit drone est embarqué à bord du concept-car et permet ainsi de repérer le terrain avant de s’aventurer sur les pistes défoncées que le Kwid se sent capable d’affronter !
La même année, Rinspeed présente au salon de Genève 2014 la Rinspeed XchangE, une berline Tesla rendue totalement autonome et qui dispose à bord d’une colonne de direction “steer-by-wire” qui permet ainsi au volant d’être positionné au centre, à gauche ou à droite (ci-dessous).
Un concept que Citroën a également proposé sur son concept-car C-Crosser (ci-dessous) présenté en 2001. Coincé entre une petite Osmose avant-gardiste de 2000 et le sublime manifeste C-Airdream de 2002, le C-Crosser n’a pas laissé un souvenir impérissable. Et pourtant, il reste le premier SUV futuriste conçu par la jeune équipe de Jean-Pierre Ploué.
Comme certains autres concept-cars, il apporte un contenu technologique très futuriste, comme la possibilité de faire coulisser le poste de conduite de gauche à droite, voire avec le conducteur en position centrale.
Bien sûr, il ne faudrait pas oublier que d’autres produits de série ont proposé trois places de front, mais avec le conducteur sagement positionné à gauche et les deux passagers à sa droite. On citera seulement les Matra Simca Bagherra de 1973 et Fiat Multipla de 1998.