Alpenglow, quelle surprenante appellation. Pour ceux qui recherchent une définition, Alpine la fournit d’elle-même : « l’Alpenglow désigne un phénomène lumineux qui laisse transparaitre un filet de lumière horizontal, teinté de rouge, sur les montagnes avant le lever et après le coucher du soleil. Il exprime sans conteste la mission de ce concept-car : magnifier le moment où se dévoilent les formes et les technologies. »
J’imagine le designer devant sa palette, fenêtre grande ouverte sur l’Alpenglow d’un soir, pour porter à son paroxysme sa créativité. Voici donc le concept-car ultime pour Alpine, sensé esquisser « ce que seront les modèles Alpine de demain, ceux de route comme de compétition. Alpenglow est plus qu’un concept- car, c’est un véritable manifeste de la marque avant l’arrivée des trois prochains modèles 100% électriques du « Dream Garage ».
Cela ne vous étonnera sans doute pas, l’Alpenglow est vert. En fait, il est bleu extérieurement (une couleur que l’on retrouvera sur les modèles de série), mais son cœur est vert. Il s’agit d’un moteur thermique (oui, oui !) alimenté par de l’hydrogène vert, une des solutions envisagées par la marque « pour une mobilité durable, puisqu’il n’émet pas de CO2 lors de sa production par électrolyse de l’eau et rejette de l’eau lors de sa combustion. L’eau devient ainsi un élément clé dans le design d’Alpenglow. Elle souligne à la fois sa pureté et sa puissance. »
Vous comprendrez les différences entre cette architecture et celles des voitures 100% EV ou à pile à combustible plus bas. « Alpine s’est lancée dans l’étude d’une technologie qui pourrait préfigurer de futures voitures de compétition et de route de la marque. Le moteur thermique à hydrogène est une solution qui concilie le respect de l’environnement avec le plaisir de conduire inimitable que procure ce type de moteur : puissance, légèreté et richesse d’émotions sonores. » Pour l’heure, intéressons-nous au design d’Alpenglow.
Achetez nos ouvrages bilingues sur le design et les archives automobiles ici : https://lignesautoeditions.fr
Certains détails de style, comme la signature lumineuse ou les flocons de neige alpins qui pimentent le concept-car, se retrouveront peut-être sur des modèles de série. Mais la forme aérodynamique de l’Alpenglow est avant-tout une projection de ce que pourrait être la future Hypercar Alpine dans la catégorie LMDh des 24 Heures du Mans, auxquelles le constructeur participera dans la catégorie reine au côté de la Peugeot 9X8 (ci-dessous).
Mais Alpine, ce n’est pas que les (futurs) 24 H du Mans 2024, c’est aussi et surtout la F1. C’est pour cela que l’habitacle d’Alpenglow en forme de monoplace fait le lien avec la F1, alors que son aspect extérieur évoque les prototypes d’endurance. Le pilote du concept-car est seul à bord et entouré des deux réservoirs d’hydrogène.
Pour découvrir en visuel l’intérieur, il faudra attendre le Mondial de Paris le lundi 17 octobre, mais, dixit le constructeur, « les futures Alpine se verront dotées d’un volant intuitif, sportif, qui reprendra les mêmes fonctionnalités que sur Alpenglow » et sur ce dernier, ce volant est intriguant. Il intègre en son centre « de l’hydrogène encapsulé dans un triangle transparent pour rappeler la pureté de cette technologie, l’élégance de la marque et son avenir autour des émissions propres. L’identité Alpine est évoquée par des flocons de neige intégrés sur ce prisme central. » Les palettes de changement de vitesse sont transparentes comme le pédalier ou encore l’aileron arrière positionné très bas, rappelant un peu le design de l’arrière de la Peugeot 9X8.
Une ligne rouge visible de l’extérieur et de l’intérieur symbolise le mouvement alors que la signature lumineuse avant « annonce un nouveau chapitre dans l’histoire d’Alpine. Une pluie d’étoiles est symbolisée par des triangles lumineux qui naissent sur le capot et descendent jusqu’aux phares. »
Quelle architecture technique pour l’Alpenglow ?
L’Alpenglow ne dévoile pas la chaîne de traction des trois futures Alpine de route qui seront toutes trois 100% électrique avec un ou deux moteurs et un pack de batterie. Ces trois voitures sont la compacte sur la base de la Renault 5 de 2024 produite à Douai, le crossover GT qui sera produit à Dieppe et la remplaçante de l’A110 en partenariat avec Lotus ci-dessous :
L’Alpenglow, elle, continue de faire appel à un moteur thermique – ici positionné au centre, comme sur une Hypercar – mais il n’est plus alimenté par du carburant fossile mais par un carburant vert issu de l’hydrogène. Cette architecture est envisageable pour la fin de la décennie, c’est-à-dire lorsque les trois futurs modèles de la gamme auront déjà leur remplaçante à l’étude dans les bureaux du constructeur.
Reste que l’hydrogène comme « carburant » vert est une option plausible, et permettrait à Alpine de concurrencer Porsche qui travaille sur du carburant vert synthétique. Porsche et Alpine conserveraient ainsi des blocs moteurs classiques alimentés par du carburant zéro émission. A noter que Renault travaille sur toutes les pistes et notamment celle de la pile à combustible alimenté par de l’hydrogène embarqué, pile qui produit de l’électricité à bord du véhicule pour alimenter une machine électrique.
Le Scénic Vision présenté cette année adopte cette chaîne de traction. Nous avons interrogé Gilles Vidal, directeur du design Renault, pour évoquer l’impact de ces trois chaînes de traction sur le design des futurs modèles :
– électrique pur comme sur la R5,
– moteur thermique et carburant vert comme sur l’Alpenglow
– pile à combustible et hydrogène comme sur le Scénic Vision
Car avec les véhicules 100% électriques, les designers ont sans doute mangé leur pain blanc ! Intégrer une pile à combustible et des réservoirs d’hydrogène n’est pas anodin sur la définition des proportions et de l’architecture même des véhicules. Écoutons donc Gilles Vidal.
« Ces chaînes de traction avec hydrogène sont plutôt valables aujourd’hui sur des véhicules de type utilitaires. Mais l’arrivée des batteries solides (horizon 2030), plus efficientes et plus compactes va peut-être remettre en cause ce type d’architecture et peut-être freiner l’hydrogène sur les petites voitures notamment. Il va se passer tellement de chose et tellement rapidement dans l’évolution des technologies qu’il nous faut en fait travailler sur toutes cas architectures en parallèle. Et ce, afin d’utiliser ce qui sera le plus judicieux à l’instant T, et selon ce qu’il se passe dans l’univers automobile, car nous ne sommes pas acteurs de la totalité des solutions technologiques. Alors, selon comment évolueront les choses, il faudra être intelligent et réactifs pour adopter la bonne solution pour telle ou telle silhouette. »
Tout sur le concept-car Renault Scénic Vision :
Prochaine Alpine à voir le jour, la sportive du segment B (ci-dessus) dérivée de la future Renault 5 électrique de 2024. Ensuite, ce sera au tour du Crossover GT. Il sera produit à Dieppe comme l’a annoncé cette année Luca de Meo en se rendant sur place (ci-dessous)
LE BONUS LIGNES/auto
Copie presque conforme !
Le design de l’Alpenglow nous a rappelé celui du projet mené par 28 étudiants en master de l’Istituto Europeo di Design (IED) en collaboration avec… Alpine et dévoilé le 18 mars dernier. Alpine expliquait alors que le “résultat de cette collaboration entre l’école de design italienne et Alpine est une supercar – A4810, comme l’altitude du Mont Blanc- deux places fonctionnant à l’hydrogène.” Comme c’est étonnant ?
“Plus technologique et plus respectueuse de l’environnement, cette voiture offre un avant-goût des modèles sportifs du futur. Avec ce projet spectaculaire réalisé par des étudiants talentueux, Alpine s’ouvre à une nouvelle génération de designers et de conducteurs.” Les dimensions de l’A4810 sont pratiquement identiques à celles de l’Alpenglow : 5,09 m de longueur contre 5,21 m pour l’Alpenglow, 2,01 m contre 2,14 m et 1,05 m de hauteur contre 1,02 au concept-car “officiel”.
Paola Zini, Directrice de l’IED Turin, exprimait alors son enthousiasme : “Comme les années précédentes, à travers leur grand projet, les étudiants du master ont pu expérimenter les notions de transversalité des compétences et de travail en équipe, dans un environnement fertile et visionnaire.” Alpine précisait que “cette contribution avec Alpine était empreinte de passion, d’enthousiasme et marquée par une présence constante. Elle constitue une nouvelle étape en matière de collaboration internationale. Cette expérience a, par ailleurs, offert l’occasion aux étudiants de travailler sous la supervision d’Antony Villain, Directeur Design Alpine, Raphael Linari, Alpine Chief Designer, et d’un certain nombre d’anciens étudiants de l’IED, que nous avons eu le plaisir de revoir.”
L’A4810 Project by IED a été conçu par des étudiants du Masters in Transportation Design de l’IED Turin, promotion 2020-2021 : Nicolas Alemany Rengifo (Espagne), Carlos Rodrigo Avila Vilchis (Mexique), Michele Balletti (Italie), Abhijeet Mahesh Birmole (Inde), Goh Chyan Si (Mali), José Gaspar De Jesus (USA), Amit Ramesh Dhuri (Inde), Virginia Droghei (Italie), Apoorv Garg (Inde), Govardhan Godavarthi Gauranga (Inde), Daury David Gomez Silvestre (République dominicaine), Jaya Sankar Anand Sarma Govindavajjula (Inde), Nihar Bharatkumar Khimasiya (Inde), Sanjay Kumar Kondi (Inde), Marco Martino (Italie), Stefano Pellino (Italie), Alessandro Pierangelini (Italie), Valentino Arjun Rajan (Texas), Janak Sushil Rathod (Inde), Mayank Shakya (Inde), Sanket Sanjay Shirsikar (Inde), Rohitshukla (Inde), Kushan Jyoti Singha (Inde), Shailesh Srivastava (Inde), Xiaobing Wang (Chine), Yunshi Yang (Chine), Wei-Che Yen (Taïwan), Faruk Yilmaz (Turquie). Le Masters in Transportation Design de l’IED Turin est coordonné par Michele Albera. Le Projet de thèse a été coordonné par Masato Inoue, Conseiller thèses, et Michele Albera.
LIRE AUSSI SUR CE MÊME SUJET : https://lignesauto.fr/?p=26261 ET https://lignesauto.fr/?p=26235