Le 20 juillet prochain, la NASA célèbrera les 50 ans du premier pas de l’homme sur la Lune. Les constructeurs français aussi nous ont promis la Lune naguère et bien souvent, avec des technologies avancées et crédibles, comme les deux démonstrateurs dont nous rappelons aujourd’hui l’existence : la Renault Eolab de 2014 qui affiche une consommation d’un litre aux 100 et la Peugeot 208 Hybrid FE concept qui annonce quant à elle 1,9 litre aux 100.
RENAULT EOLAB – 2014
Ces deux modèles font appel à un moteur thermique associé à l’hybridation, rien de bien nouveau ! Pourtant, en y associant deux autres fondamentaux incontournables (allègement et aérodynamique), Peugeot et Renault proposaient des engins capables de répondre aux mêmes prestations routières, d’habitabilité et même de coûts d’usage qu’une berline thermique correspondante.
PEUGEOT 208 Hybrid-FE Concept
Cette technologie semble désormais caduque puisque dans vingt ans, c’est à dire à l’horizon 2040, les moteurs thermiques seront interdits à la vente dans les concessions ! En clair, pour prendre une gamme comme celle de Peugeot, seules aujourd’hui les antiques Ion (encore au catalogue !), Partner Tepee, e-Partner (VU) et la nouvelle 208e 100% électrique (ci-dessous) auraient le droit d’être commercialisées. N’est-on pas en train de jeter l’eau du bain avec le bébé ?
Effectivement, la plateforme EMP2 des 308, 3008, 508, 5008 n’est pas (encore ?) disponible dans une variante 100% électrique, mais seulement hybride rechargeable, contrairement à la nouvelle plateforme des DS 3 Crossback, Peugeot 208 et prochaine Opel Corsa. Ce constat est valable pour de nombreux constructeurs.
Ci-dessus, les deux plateformes actuelles du Groupe PSA : à droite, la EMP2 disponible en tout thermique ou hybride rechargeable, mais pas encore en tout électrique.
Cet horizon 2040 à l’échelle de l’industrie automobile est-il crédible : d’ici 20 ans, peut-on imaginer les constructeurs se débarrasser de leurs usines de production de moteurs thermiques, peut-on les imaginer financer et concevoir l’intégralité d’une gamme 100% électrique ? Peut-on imaginer les réseaux de garagistes s’adapter pour un moindre travail, l’électrique étant moins complexe ? Peut-on s’assurer que les sites industriels sauront s’adapter à ce nouvel univers de l’électrique (ou de l’hydrogène) sans perdre des milliers d’emplois et autant d’hectares de bâtiments devenus pour la plupart inutiles ? Le débat est ouvert !
Ci-dessus, la gamme de modèles VW 100% électrique. C’est bien, mais que deviendront les Up!, Polo, Golf, Passat, Tiguan, Touareg et autres modèles thermiques d’ici 2040 ? Impossible d’étudier en vingt ans autant d’équivalents 100% électriques. Porsche a pourtant déclenché le processus avec l’annonce de son futur Macan 100% électrique et uniquement électrique…
Le Groupe PSA a opté pour une plateforme multi-motorisations pour sa gamme des petits et moyens véhicules. Rien encore pour le reste de la gamme. Volkswagen a de son côté certes conçu une plateforme dédiée spécifiquement aux véhicules 100% électriques du groupe, mais quid du reste de la gamme, c’est à dire les 80% de modèles restants des années 2020-2030 ? Même chose pour Audi, Mercedes et BMW qui ont dédié une “ligne” de modèles 100% électriques dans leurs gammes. Si ces lignes Audi e-tron, BMWi et Mercedes EQ peuvent être viables à l’horizon 2040, quid de leurs gammes normales ?
Ci dessous, les videos des trois prochains modèles électriques de BMW : le iX3, version électrifiée du X3, la i4, nouvelle berline 100% électrique située entre Série 3 et Série 5 et la iNext, SUV lui aussi intégralement électrique.
Enfin, dernière interrogation, les poids lourds ainsi que tous les véhicules utilitaires seront-ils touchés par cette interdiction d’être motorisés par des blocs thermiques ? Je laisse le soin aux spécialistes d’annoncer le nombre de poids lourds en circulation aujourd’hui en France et le scénario qui les ferait, en vingt ans seulement, se transformer en véhicules Zéro Emission…
Alors : OUI aux mutations des chaînes de traction pour le bien être de la planète. NON à l’idée peu pragmatique du “forcément” tout électrique. NON enfin à la réduction drastique de la période de transition nécessaire à la transformation de l’industrie de la mobilité : 20 ans, c’est à peine la durée de vie de deux générations de véhicules… C’est le temps dont l’industrie disposerait donc pour refondre l’intégralité de ses gammes de produits, de ses modèles industriels, de ses sites de production, de ses effectifs (!) et de ses recherches et développements. Jouable ou pas ?