Un autre regard sur la nouvelle Renault 5 E-TECH

La voici, la voilà. Enfin ! Pourtant, seulement trois ans pour passer du prototype R5 de la présentation ‘Renaulution’ de 2021 à une voiture prête à entrer en production, ça reste un petit exploit ! Bravo aux équipes du design, de la technique et de l’industrialisation…  D’autant qu’il a fallu compter avec la plateforme inédite AmpR Small (même si elle est dérivée d’une unité existante en thermique) et que ce sont ajoutés pas mal de soucis d’intégration, notamment du design sur ladite plateforme, avec des porte-à-faux extrêmement courts pour respecter le style du concept-car.

La R5 E-TECH a quitté les chaînes “prototypes” du centre de Guyancourt pour celles de l’usine de Douai où elle sera produite, comme la toute première R5 en 1972 !

Laurens van den Acker – le grand patron du design Renault Group – nous l’a bien expliqué dans l’interview qu’il nous a accordé : « ce n’était pas si facile de porter la R5 jusqu’à la série. Gilles Le Borgne (directeur de la technologie Renault Group) a bougé les lignes et a créé l’ingénierie qu’il fallait pour nous aider, et il a fait la différence. » A lire ici : https://lignesauto.fr/?p=31338

La première maquette de la R5 électrique lorsque Luca de Meo l’a découverte en 2020, était baptisée ECHO : photo TF1 Information.
De la R5 de 1972 à la R5 E-TECH de 2024, les proportions n’ont plus rien en commun, pas plus que la taille des roues ! Sans même évoquer la chaîne de traction, même si la R5 née en 1972 a existé en version électrique pour l’EDF.

Nous n’évoquerons pas la technique, ni la chaîne de traction (moteur de 110 kW sans terre rare, batterie de 40 kWh et autonomie de 300 km ou batterie 52 kWh et autonomie de 400 km). Côté design, n’oublions pas que la R5 E-TECH de 2024 a puisé son ADN dans ses sœurs de 1972, de 1980 avec la Turbo ou encore de 1984 – voilà tout juste 40 ans – avec la Supercinq.

En vue arrière, le dessin est plutôt inspiré de celui de la Supercinq dessinée par Gandini, avec des feux qui montent assez haut. Notez le nom du constructeur sur le bandeau noir et le 5 ajouté à droite.

A la fin des années 1960, lorsqu’il s’est agi de dessiner un regard au projet 122 de la future Renault 5 de 1972, les stylistes n’imaginaient pas forcément lui offrir un regard malicieux et humain. C’est avant tout la nécessité de limiter les pièces sur la partie avant qui va les conduire à esquisser ce phare. Il joint à la fois les ailes, le capot, la calandre et le bouclier, sans aucun artifice, le tout pour « fermer » une proue qui deviendra, avec la publicité, un visage souriant, jeune et espiègle !

Pour conserver la bonhommie de la première R5, tout est dans le regard ! Et pourtant, les yeux de la R5 E-TECH n’ont pas grand-chose en commun avec ceux de 1972. C’est tout l’art du designer de savoir réinterpréter l’icône sans la plagier bêtement ! Pas si simple…

Plus de cinquante ans plus tard, c’est ce regard qui a été la clé du design de la Renault 5 dévoilée aujourd’hui. A propos du regard du prototype R5 de 2021, Nicolas Jardin (ci-dessous), le designer extérieur du concept sous la responsabilité de François Leboine, alors responsable du département « avance de phase » (aujourd’hui patron du design Fiat…), nous explique que « la Renault 5 avait ce regard tout à fait particulier. On a déployé beaucoup d’énergie pour essayer de focaliser sur ce thème et faire en sorte que sur notre concept, cela devienne un élément prépondérant, et même un élément vivant. Le dessin animé promotionnel de la Renault 5 dans les années 1970 nous a vraiment donné l’envie de retraduire ce côté vivant. Nous avons analysé la géométrie du phare, ses proportions, ses contours et même les valeurs de rayon pour le redessiner. »

Le designer Nicolas Jardin (fils de Michel Jardin, designer entre autres de la Fuego) a esquissé les lignes de la R5 Prototype dévoilée en 2021. Image : TFI

Et ce regard va littéralement sauver ce concept ! Il faut effectivement le resituer dans son contexte, car il a connu deux changements au sein de la direction et du design lors de sa genèse, avec l’arrivée de Luca de Meo à la tête du groupe Renault en juillet 2020, et avec celle de Gilles Vidal (ci-dessous) à la direction du design Renault en novembre 2020.

Gilles Vidal a trouvé la maquette de la R5 Prototype dans la corbeille Renault à son arrivée. Elle lui a fait de l’œil, comme son aïeule de 1972 !

Ce dernier se souvient que « lorsque je suis arrivé, le 2 novembre, j’ai évidemment découvert les nombreuses maquettes du plan en cours. Il y avait bien sûr ce projet de Renault 5 Prototype. C’est Luca de Meo qui, en juillet 2020 lors d’une grande présentation, est tombé sous son charme. Luca, qui a un sens aigu du produit, s’est emparé de cette proposition pour la sortir de l’ombre et l’inscrire au plan produit. Maintenant que je le connais mieux, j’imagine qu’il a instantanément pensé quel objet cela allait être et quel marketing adopter pour l’accompagner ! Il a déclenché un réel engouement dans la marque pour ce projet ! » Un projet qui opère de nombreux clin d’œil à l’icône de 1972, et pas seulement dans son regard. »

Gilles Vidal souligne notamment le liseré rouge qui parcourt la montée de pare-brise et le pavillon, en hommage à une célèbre Renault 5, la Turbo (ci-dessus) qui a également inspiré les ailes arrière. Les éléments de style inspirés de la R5 originelle et modernisés cachent des fonctions modernes : la prise d’air du capot affiche désormais l’indication du niveau de charge de la batterie. Les poignées des portes arrière sont camouflées, rappelant que la Renault 5 a vécu de 1972 à 1979 en version deux portes.

La R5 E-TECH est une cinq places, cinq portes. La R5 originelle n’avait que 3 portes, jusqu’en 1979. A noter l’esquisse retrouvée dans les archives de Gaston Juchet montrant une étude de la R5 de 1972 avec… deux portes à droite et seulement une côté conducteur !

Pour Gilles Vidal, en 2021, le plus dur restait à faire : concrétiser l’idée, et ne pas décevoir. « Quand je suis arrivé au design Renault en 2020, j’ai discuté à la marge sur des détails du concept, sur le langage de forme et j’ai ajusté l’équilibre entre sa partie rétro et futuriste. Il fallait que la Renault 5 soit moderne, et surtout pas vintage. Il y a mille chose sur lesquelles il a été possible de travailler ! »

Pas de levier de vitesses implanté comme celui d’une R4 ou des premières R5, mais un sélecteur disposé sur la colonne de direction.
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« Mais le concept ne dévoilait pas grand-chose de l’intérieur. Tout restait à faire à bord et nous voulions pousser encore plus fort dans son langage de formes pour concevoir un intérieur qui colle parfaitement avec l’extérieur. » Quant au langage formel de la R5, unique, Gilles Vidal explique « qu’entre cet objet rétro futuriste, qui a le droit de vivre sa vie avec ce langage de forme, et les voitures futures de la gamme qui seront vendues plus ou moins au même moment, , il y aura une différence de design et d’identité, forcément assumée. »

La planche de bord réinterprète les lignes verticales du léger revêtement matelassé qui recouvrait toute la planche de bord de la version de 1972. Pour le reste, on est très très loin de la simplicité d’une R5 d’origine. La sellerie fait plutôt penser à celle de la R5 Turbo.

Luca de Meo n’a pas caché qu’il irait encore plus vite pour mettre sur les routes la Twingo revival alors que les premiers prototypes roulants de la 4-Ever sont déjà testés. Et pour ceux qui n’apprécieraient pas cette stratégie de puiser dans le passé pour offrir (façon de parler…) des véhicules modernes 100% électriques, Laurens van den Acker nous a expliqué « qu’on ne désire pas que les icônes d’hier deviennent la seule voie possible. Regardez la gamme, il n’y a pas que ces modèles-là. On produit aussi le Rafale, le Scénic et on va également faire une Clio qui va être très moderne ! Il n’y a pas une seule solution, une seule réponse. Les deux stratégies sont possibles. Regardez la marque Hyundai : les Ionic 5 et 6 sont totalement différentes, et je n’ai pas l’impression que le marché se plaigne de ça. » Pas faux…

Ajoutons que Renault n’a pas lésiné sur la technologie avec un train arrière multibras (ci-dessous). Un ensemble dont se réjouit déjà la prochaine Alpine A290 ci-dessus qui reposera sur cette base !

A noter les dimensions officielles de cette sœur sportive de la R5 E-TECH : longueur 3,99 m, largeur 1,82 m, hauteur 1,52 m, empattement 2,53 m et que le volant de cette Alpine sera très différent de celui de la R5 E-TECH (ci-dessous)

R5 E-TECH : CE QUI LUI MANQUE

Avec moins de 4 mètres (3,92 m), la R5 E-TECH peut naturellement être considérée comme une citadine. Dès lors, nous aurions bien aimé voir renaître les fameuses protections latérales nées en 1976 sur la version R5 GTL. Certes, quand on voit le rejet des “Airbump” de la première génération de Citroën Cactus, on peut comprendre…

Ces protections étaient un véritable thème d’étude au milieu des années 1970 puisque c’est le programme VBG (Véhicule Bas de Gamme) qui les avait instaurées sur de nombreuses maquettes de “petites” Renault citadines. Ci-dessus, en jaune, celle de Gaston Juchet.

CLIN D’ŒIL : la R5 est MADE IN FRANCE

TÉLÉCHARGEZ LE PDF DE LA COMMUNICATION OFFICIELLE DU CONSTRUCTEUR

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