Parler de lignes, de courbes et de design est une affaire très subjective. Mais Citroën annonce que sa nouvelle compacte C4 offre “une silhouette jouant avec plusieurs codes automobiles, qui marque une nouvelle étape du style Citroën.“
Cette nouvelle étape conserve l’identité apparue avec le concept-car CXperience en 2016, voici déjà quatre ans. Les deux barres de calandre en patte d’oie sont bien présentes. Mais pour le reste, difficile de croire que le travail mené sur les surfaces lisses du concept-car de 2016 a été perpétué.
La difficulté du traitement de style de CXperience fut justement de définir un volume sans ligne de carre, tout en souplesse et en muscles avec des modelés impeccables. Un style qui, selon Pierre Leclercq qui a rejoint la direction du style Citroën deux ans après ce concept, devait être pérennisé.
“C’est extrêmement important ” ajoutait-il, “car c’est là qu’on se différencie des autres marques, et notamment des autres marques du groupe. Le design Citroën d’aujourd’hui et de demain, c’est moins de lignes et plus de muscles, c’est un long travail sur les surfaces, c’est quelque chose qu’on veut garder, c’est la philosophie Citroën. Mais c’est évidemment plus complexe à traiter.” Cette vue ci-dessous avec les deux modèles superposés affiche clairement une rupture entre le thème hyper lisse de CXperience et celui, plus saccadé – disons, plus travaillé… – de la C4 de 2020.
Si on regarde le détail ci-dessous de l’embouti des portes avant de la nouvelle C4 (en haut) et de la récente Peugeot 2008 (en bas), on devine une volonté “transversale” dans le design groupe, d’ajouter des volumes emboutis qui donnent du caractère aux flancs. Notons quand même que le “triangle” de la Peugeot semble mieux intégré, alors que le “C” inversé, creusé dans la portière de la C4, surprend davantage.
1- : l’épaisseur de l’aile de la berline C4 est paradoxalement supérieure à celle du “SUV” Peugeot 2008.
2- : les passages de roues de couleur anthracite sont désormais adoptés sur la majorité des silhouettes reposant sur la plateforme CMP. Une astuce qui donne la sensation de plus grandes roues et compense la rehausse actuelle des modèles.
3- : l’embouti de la Citroën est nettement plus prononcé que celui de la Peugeot. Cette dernière rappelle ce graphisme sur l’arrière du véhicule contrairement à la Citroën C4.
Selon le court communiqué de Citroën, les ë-C4 et C4 sont les “dignes héritières d’une lignée de berlines audacieuses, dont GS (ci-dessus) qui célèbre ses 50 ans.” Le document ci-dessus dévoile donc l’évolution du design automobile chez Citroën sur une période d’un demi-siècle. Ce qui nous réjouit avant tout, c’est effectivement la force du concept de C4 qui fait oublier les fades ZX ou autre Xsara.
Pour autant, à part le gabarit et la silhouette à trois glaces latérales, il y a un monde entre la fluidité aérodynamique de la grand-mère et la carrosserie saturée de creux et de pleins de la petite-fille.
Même si la concordance de dates (50 ans de la GS et révélation de la C4) est légitimement prise en compte pour cette présentation, nous sommes surpris que cette C4 2020 représente plutôt ce qu’aurait pu être le renouvellement de la DS4 Crossback (ci-dessus). Casser les codes en mélangeant les gènes d’une berline ou d’un coupé avec ceux d’un SUV n’est pas quelque chose d’inédit au sein du groupe PSA. Il semble que les territoires de chacune des marques tendent donc parfois à se chevaucher…