En découvrant ce jeudi 14 janvier 2021 la Renault 5 EV dévoilée par Luca de Meo, une image a instantanément imprimé la rétine de mes yeux : 1996 et le salon de Genève, avec la présentation de la Renault Fiftie, l’icône de la 4CV réhabilitée !
Effectivement, sur le stand Renault du Salon de Genève 1996, une puce jaune-ocre nous plonge délicieusement dans une nostalgie positive en célébrant les 50 ans de la 4CV. C’est la Fiftie. « Ce concept-car est une demande de la communication de Renault, à l’époque dirigée par Alain Dubois-Dumée » se souvient Patrick Le Quément. Mais cette voiture n’était absolument pas programmée.
« S’il n’y avait pas eu cet anniversaire, nous aurions conçu autre chose qu’une petite voiture, mais franchement, la 4CV a marqué l’histoire, alors j’ai mis une équipe sur ce projet. Benoît Jacob a dessiné un engin absolument charmant qui est arrivé à capter l’essence de la bonhommie de la 4CV dans une silhouette de coupé. A l’intérieur, Axel Breun a joué la simplicité et amené l’osier à bord, où Isabelle Charles et Bénédicte de Sainte-Marie ont pris en charge les couleurs et matières. »
Au final, Fiftie est une voiture « bourrée de charme » et, comme la Twingo trois ans avant elle, a séduit grâce à une bouille plutôt souriante ! Cette voiture qui allait à contre-courant de la volonté du Design Renault de retourner vers des concepts forts, un brin futuristes, a finalement plu à tout le monde, y compris à Le Quément ! « J’adorais l’arrière avec ses feux cerf-volant, tout à fait dans l’esprit sympathique de Benoît Jacob ! »
Sur ce projet, Jacob était en compétition finale avec Stefan Guarda et Mark Walters. Pour autant, Benoît Jacob nous expliquait en 1996 que « nous avions un arrière intéressant mais l’avant paraissait un peu lourd, nous l’avons modifié pour retrouver le côté un peu menu et léger de la 4CV. » Quant à Axel Breun, il a pensé dès le départ au rotin car « je cherchais un matériau vraiment différent qui tranche avec l’aluminium assez froid. Le rotin est un matériau agréable au toucher et il rappelle les années 1950 avec les paniers de pique-nique ! »
Ci-dessus, de gauche à droite : Axel Breun pour l’intérieur, Benoît Jacob pour l’extérieur, Patrick le Quément, Jean-Marie Souquet et, de dos, Jean-François Venet dont vous retrouverez fin janvier le portrait intime dans le trimestriel LIGNES/auto#02 (à commandez fin janvier sur notre site e-commerce : https://lignesautoeditions.fr/)
C’est l’atelier D3 (ci-dessous) alors dirigé par Bernard Pene, resté treize ans chez Renault avant de créer sa propre société. Les équipes de D3 et de Renault Design Industriel donnent naissance à une Fiftie tellement attachante qu’une production est alors envisagée. Le concept-car a été étudié sur la plateforme technique du Spider, avec un moteur central arrière. Il s’agissait pour ce dernier d’un inédit et ultraléger 1.2 DF7 de 60 ch.
L’architecture impose donc deux places uniques et, côté industriel, une production dans une usine capable d’assurer la fabrication d’une petite série. L’usine d’Alpine à Dieppe est bien sûr envisagée. Finalement, le projet est rapidement abandonné comme se remémore Patrick Le Quément. « A l’époque, on regardait beaucoup les japonais qui fabriquaient de nombreuses petites séries, mais on s’est vite rendu compte que ce n’était pas pour nous ! »
En 2021, un quart de siècle plus tard, la R5 EV peut être considérée comme une descendante de ce projet Z-07. L’histoire bégaye mais cette fois, c’est la bonne : une Renault mythique aura droit à sa version modernisée et… totalement électrifiée !