En novembre dernier, le groupe Renault a dévoilé le 3e volet de son plan Renaulution avec la création de 5 unités spécialisées sur les nouvelles chaînes de valeurs. Parmi elles, Ampere regroupera, développera et commercialisera tous les modèles 100% électriques, hors Alpine. Il s’agira donc des prochaines Renault 5, Renault 4 crossover et VU, du Scénic E-TECH et de « deux autres véhicules à venir », dixit le communiqué. Ce seront donc exclusivement des Renault.
Parmi les cinq entité autonomes, outre Ampere, il en existe une qui prend l’appellation de Power et qui concernera uniquement le développement des chaînes de tractions et de modèles thermiques hybrides. Car, toujours d’après le constructeur, « ces véhicules représenteront encore jusqu’à 50 % des ventes mondiales de véhicules particuliers même à l’horizon 2040. » Soit cinq ans après que l’Europe aura interdit la vente de véhicules de plus de zéro émission.
Le groupe Renault s’associe au chinois Geely pour combiner leurs motorisations thermiques dans une entité à 50-50. « Ce business dédié, concevra, développera, produira et vendra des composants et des systèmes de motorisations thermiques et hybrides avec des technologies de pointe. Dès le premier jour, cette entité génèrera un chiffre d’affaires de plus de 15 milliards d’euros avec un volume de 5 millions d’unités par an. » Pour le long terme, Renault n’a donc pas mis tous ses œufs dans le panier de l’électrique, mais le panier des thermiques est désormais partagé avec Gelly…
Enfin, l’entité qui nous intéresse aujourd’hui est celle qui porte tout simplement le nom de la marque Alpine. Ainsi, Luca de Meo renouvelle sa confiance dans la stratégie de développement mondial d’Alpine vers le 100% électrique. Évidemment, Alpine n’est pas seule dans son coin pour autant. « Faire partie du groupe Renault assure notamment l’accès aux actifs technologiques sur l’électrique et le software d’Ampère. Alpine se développera à l’échelle mondiale, avec la moitié de sa croissance future en dehors de l’Europe, en s’appuyant sur des partenariats commerciaux et le support d’investisseurs. » Et puisqu’il est question de ventes, et de ventes mondiales (la moitié des Alpine seront donc vendues hors Europe, ce n’est pas rien), parlons produit.
Le plan Renaulution avait défloré les trois premiers modèles de la marque 100% électrique : la R5 Alpine, le crossover GT et la remplaçante de l’A110. La première est un dérivé de la R5 100% électrique de 2024, la seconde reposera certainement sur la plateforme de la Nissan Ariya, alors que la troisième partagera son soubassement avec Lotus.
Ce ne sont pourtant pas ces trois véhicules qui permettront à Alpine d’atteindre ses objectifs mondiaux. Ainsi, deux autres silhouettes ont été annoncées en novembre dernier : « Alpine développe une toute nouvelle gamme qui soutiendra sa croissance et ses ambitions internationales et sera entièrement électrique à partir de 2026. » A partir de 2027, « Alpine prévoit de lancer deux véhicules embarquant des technologies de pointe dans les segments D – 2027- et E – 2028 – pour soutenir son expansion internationale. Ainsi, la moitié de la croissance d’Alpine proviendra de nouveaux marchés au-delà de l’Europe, incluant potentiellement l’Amérique du Nord et la Chine. »
Ces deux crossovers prévus en grande partie pour les marchés nord-américain et chinois, qui plus est dans le segment D et E (les deux segments situés les plus hauts) écorneront sans doute l’ADN de légèreté de la marque. Mais l’engagement pris en 2021 par Luca de Meo de faire d’Alpine une véritable marque, impose le choix de ces deux dernières silhouettes plus aptes à rentabiliser les investissements. Cependant, sachant que la marque a depuis la fin 2022 affiché ses ambitions mondiales, on peut s’interroger sur la volonté d’en faire une marque exclusivement électrique face à ses concurrents, notamment américains et chinois, qui continuent à investir dans le thermique. Parmi eux, Gelly qui fait désormais partie à 50% de l’entité Power du groupe Renault, mais dont Alpine n’aura théoriquement pas accès…