Dacia a constitué une solide équipe de designers autour de David Durand, le directeur design de la marque. Un département d’avance de phase et de design avancé a même été créé. Il est entre les mains de Romain Gauvin qui nous accompagne pour cette découverte du concept-car Manifesto. Les ambitions de Dacia grandissent, légitimement. Côté design, signalons (entre-autres) les arrivées de la spécialiste des Couleurs & Matières Hélène Veilleux, en provenance comme Romain, de chez Citroën. Ajoutons aussi celle de Raphaël Le Masson au design intérieur, lui aussi tatoué précédemment du double chevron.
Est-ce une révolution de palais ? Écrivons plus simplement que Dacia, avec les volumes de ventes réalisés ces dernières années, peut se permettre des audaces esthétiques hier interdites. Comme le souligne Romain Gauvin, « il y a une logique industrielle et comme Dacia représente des volumes conséquents, c’est désormais plus simple d’apporter un design avec des aspects sur lesquels on a besoin d’investissements qui sont absorbés par ses volumes. On a maintenant la possibilité d’effectuer des choix de design forts. »
Voici donc le premier concept-car Dacia depuis la présentation du concept Duster – qui n’a rien à voir avec le véhicule de série – en 2009. Considérons le Bigster comme un show-car de la version de série qui arrivera d’ici à 2025. Le nom du nouveau venu est Manifesto, une appellation qui montre clairement que ce véhicule ne sera pas produit en série car il s’agit, dixit Romain « d’un laboratoire d’idées et de langage de formes. Il y a une myriade de détails qu’on a dessiné sur ce Manifesto que vous allez retrouver sur des véhicules de série. »
Lors de la découverte de cette Dacia très aérée, la surprise est totale ! On est à des années lumières de la Logan de 2004 avec ses vitres plates, ses emboutis simplistes et sa silhouette tricorps désuète, mais totalement raccord avec le cahier des charges de la fin des années 1990. Comment ne pas réaliser que, dix-huit ans plus tard, Dacia est un constructeur qui pèse lourd désormais sur les marchés Français, Européens et d’Afrique du Nord ? Pouvait-on imaginer qu’un jour, on s’amuserait au volant d’une Dacia ?
S’amuser au volant de ce Buggy ? Tout d’abord, il ne faut surtout pas comparer le Manifesto à un Buggy, ou vous allez passer sous les roues d’un Bigster ! « Non, ce n’est pas un Buggy » confirme Romain Gauvin. « Dacia est connu désormais pour son côté fiable, robuste et outdoor. Tous nos véhicules sont orientés vers des activités en plein air. Dacia met en avant le côté essentiel mais malin. On va chercher les besoins du client au plus proche de leurs attentes. »
Effectivement, le côté essentiel transparait avec ce Manifesto totalement ouvert puisqu’il n’a ni porte, ni pare-brise ! « Lorsqu’on dessine des voitures avec des choix de style forts, on va au plus juste ! Ce sont alors des véhicules qui donnent le sourire. » Vous voyez bien, on va pouvoir s’éclater au volant d’une Dacia ! « Cette voiture, c’est un peu comme un Sherpa, elle n’est pas au centre de l’expérience ou du voyage, mais sans elle, il n’y a plus de voyage ! »
L’aspect outdoor de Manifesto transparaît avec son côté axé sur le franchissement. Il intègre les activités de plein air qui sont chères aux clients Dacia, comme les deux assises qui se transforment en sac de couchage. Ces « accessoires » qui ont une double fonction sont légion, notamment avec l’unique phare de la proue asymétrique qui est nomade et se transforme en lampe torche, ainsi que la lampe qui est à bord. A l’arrière du concept, on trouve à gauche une batterie qui fait office de générateur pour charger toute sorte d’équipement. A droite, le caisson est plutôt dédié à l’outillage. A l’avant, les grands évidements reçoivent des accessoires et se transforment au gré des besoins ou des envies.
Ce Dacia Manifesto est 100% électrique pensez-vous ? Non, ce n’est pas le cas confirme Romain Gauvin : « c’est avant tout une Dacia et donc, c’est un véhicule qu’on imagine multi énergies. Un moteur thermique pourrait tout à fait prendre place à l’avant. On pense nos produits en fonction de nos marchés qui ne sont pas tous 100% électriques. »
Le Manifesto est une stricte deux places, car il est compact : pas plus de 3,60 m à comparer aux 3,73 m de la Spring et aux 4,08 m de la Sandero. Romain Gauvin précise « qu’on voulait cette compacité car chaque centimètre, c’est du poids en plus. » Il se caractérise avant tout par ses pneumatiques « airless » (sans air) de grande taille. « Les grandes roues sont une vertu pour le franchissement et jouent sur les proportions. » Leur diamètre est de 850 mm, ce n’est pas rien sur ce petit gabarit de 3,60 m !
« On voulait un véhicule franchisseur et dès le départ, on a travaillé les proportions avec la taille des roues, le type de silhouette qu’on voulait avant même d’aborder le style. Après, nos designers ont trouvé des idées sympas et c’est vrai qu’on n’est pas sur un geste de sculpture d’un design classique. » Est-il nécessaire d’écrire que les matériaux sont recyclables et même novateurs, comme le revêtement de la partie haute du volant ou de la planche de bord qui sont en liège mélangé à des pneus recyclés. Pratique : on peut punaiser sur cette dernière nos photos ou nos notes. Allez, prenez votre sac à dos et suivez ce Sherpa !
QUAND DACIA SE PREND POUR CITROËN :
Vous pensez que Dacia ne se considère pas forcément comme un rival de Citroën. Il est amusant de remonter l’échelle du temps jusqu’en 1939 lorsque les ingénieurs qui ont conçu la TPV Citroën (très petite voiture) ont élaboré une face avant avec un seul phare (ci-dessous)
Et puis, en 1948, ils ont doté leur 2CV de sièges démontables pour se reposer ou pique-niquer.(ci-dessus). Avec son phare “lampe torche” et ses housses de sièges faisant office de sac de couchage, Dacia réinterprète à sa façon l’icône Citroën !
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