1968-1973 : quand Fiat voulait manger… Citroën !

Fiat et Renault mariés ? Ce n’est pas la première fois que le géant italien s’intéresse aux constructeurs automobiles français. En 1968, Fiat entrouvre la porte de Citroën avant de vouloir en prendre les rênes en 1973 ! Pas question de jouer ici les Cassandres vis-à-vis de ce qui est en train de se nouer entre Renault et Fiat, il s’agit simplement de rappeler un pan de l’histoire automobile française.

Ce texte est un extrait du feuilleton LIGNES/auto sur le centenaire de la marque Citroën publié chaque semaine sur ce site, dans le MENU déroulant, onglet “Centenaire Citroën”.
Pierre Bercot, alors président de Citroën

Pour Citroën, l’année 1968 est celle de la restructuration de la société. Celle que l’on connait jusqu’alors sous le nom de Société Anonyme André Citroën devient Citroën S.A. et englobe les automobiles Citroën, ainsi que Berliet et Panhard. Pierre Bercot, patron de l’époque, veut rapprocher la structuration de son entreprise de celle de Peugeot. « Dès les premiers jours de 1968 » écrit Lucien Robin dans ses mémoires (Lucien Robin est un ingénieur qui a passé près de quarante ans de sa vie chez Citroën, de 1937 à 1974) « Pierre Bercot convoqua Jalady et lui demanda s’il se sentait capable de réaliser une restructuration des Sociétés Citroën sur le modèle de Peugeot avant le 1juin. La chose était possible, mais il ne fallait pas perdre de temps. Pierre Bercot donna le feu vert et associa à l’opération monsieur Geoffroy, un spécialiste de finance et de fiscalité. »Pour ne pas créer des sociétés nouvelles, on dépouilla donc la société anonyme André Citroën. « D’une part, on lui enleva ses usines et son fonds industriel au profit d’une société du groupe, la SPA. D’autre part, on lui soutira ses filiales commercialises et succursales de vente directe, au profit d’une autre société du groupe : l’Etoile du Nord. »


Claude-Alain Sarre

Ainsi, la Société Anonyme André Citroën devint Citroën S.A., les usines basculèrent dans la société Anonyme des Automobiles Citroën et l’Etoile du Nord devint la Société Commerciale Citroën. « Pour Citroën, ce fut l’occasion de mettre en place un état-major d’hommes jeunes, ce qui constitua une énorme révolution. » De nouveaux administrateurs furent alors mis aux postes de la direction de ces différentes société Citroën. Pierre Bercot restait évidemment à la tête de Citroën S.A. alors que Citroën Automobiles ainsi que la Société Commerciale Citroën étaient managées par George Depre, Pierre Ingueneau, François Michelin et Claude Alain Sarre. C’est ce dernier qui fut nommé président des deux sociétés avec à ses côtés Messiers, Ravenel et Fleury.


Dessin de Lattay concernant le développement d’un coupé sportif chez Citroën qui donnera naissance à la SM

Tout était en place pour redynamiser l’entreprise dans une période de crise. Une crise qui n’empêche pas Pierre Bercot de voir toujours plus loin. C’est d’abord la signature d’un accord avec Maserati. « Depuis 1968 » se souvient Lucien Robin, « Citroën rendait public un accord avec Maserati, le constructeur italien de Modène, et cette fois annonçait en même temps la probabilité d’une prise prochaine de participation. Cela confirmait officiellement l’intention de lancer un modèle de haut de gamme Citroën équipé d’un moteur fabriqué par Maserati. » Après Panhard et Berliet, Maserati venait se joindre à Citroën.


L’accord avec Maserati (aujourd’hui marque de FCA !!) donna naissance au V6 du coupé GT Citroën SM en 1970

Mais ce n’est pas tout, peu. Après ce fut l’annonce de l’alliance avec Fiat, alors que Pierre Bercot avait démontré que ce n’était pas jouable ! « C’était assez dans la manière de Bercot d’exposer brillamment toutes les impossibilités de faire quelque chose et finalement… de le faire ! » écrit Robin. « Toutes les autres alliances, y compris celle avec Peugeot qui prit fin en 1966 avaient été accueillies par le personnel avec sérénité et même une certaine fierté. Le sentiment dominant cette fois-ci était l’inquiétude, car le partenaire était beaucoup plus puissant que nous. Les Agnelli, qui parlaient beaucoup n’avaient jamais tenu Citroën en grand estime. On avait même été mis par l’un d’eux sur la liste des constructeurs qui devaient disparaitre et cela à une époque où notre réussite était incontestable. »


Agnelli abandonna l’idée de reprendre Citroën en 1973.

Pour autant, c’est bien avec Fiat que débute le projet d’une petite voiture urbaine et les prémices des véhicules utilitaires communs. L’affaire durera jusqu’en 1973, lorsque les Agnelli voulurent prendre la main sur Citroën et que le gouvernement stoppa les discussions. Ce qui n’empêcha pas Citroën de faire faillite et, de voir même gouvernement pousser Peugeot à racheter la société née en 1919. Ce fut le début d’une tout autre histoire avec la formation du groupe PSA en 1976.

Leave a Reply

Next Post

HOMMAGE - Michel Beligond, du Mans à l'Alpine A310

LIGNES/auto, c’est aussi une page Facebook : https://www.facebook.com/lignesauto/?modal=admin_todo_tour Il y a 46 ans, un styliste reconnu par ses amis designers mais surtout pour ses travaux sur le programme Alpine A310 s’est éteint. Michel Beligond (1927-1973) n’avait que… 46 ans, emporté par une sclérose en plaque. Michel Beligond œuvre chez Simca puis […]

Subscribe US Now