Voici un petit engin vivifiant et frais comme la bise d’été. Citroën prend les saisons à revers et nous plonge dans un univers indémodable : celui du buggy ! Et c’est la petite Ami électrique qui sert de base.
Samuel Pericles (ci-dessous avec Hélène Veilleux au volant) est designer au sein de la petite cellule Prolab Style chez Citroën. Une entité qui n’est pas transversale, puisque chaque marque de Stellantis dispose de son propre « prolab ». Le concept My Ami Buggy est en grande partie né ici. Samuel explique « qu’il s’agit d’un département où l’on axe plus nos réflexions vers le design produit et sans doute un peu moins sur le design purement automobile. Selon les périodes, on est ici entre 5 à 6 personnes. »
Souvenez-vous, si vous êtes fidèles lecteurs – http://lignesauto.fr/?p=23293 – Pierre Leclercq (le directeur du design Citroën) nous avait confié lors de notre récent entretien qu’il avait embauché une designer produit indienne et elle fait justement partie de cette petite cellule.
VIDÉO DE PRÉSENTATION CI-DESSOUS
Samuel Pericles, côté design, a œuvré sur ce petit concept Buggy sur la base de l’Ami avec les équipes d’Hélène Veilleux aux couleurs et matières. Et détrompez-vous, il ne s’agit pas seulement d’une fantaisie sur la plus fantaisiste des Citroën. « C’est véritablement un petit labo de recherches ! » assure Samuel. « Nous sommes partis de l’Ami qui rencontre un beau succès pour en dériver ce Buggy, tout en gardant la personnalisation en fil conducteur de l’étude. On a voulu pousser à l’extrême cette personnalisation, et adopter un traitement couleurs et matières très spécifiques, pour arriver au final à un objet complètement différent du modèle de série.“
La barre lumineuse qui prend place sur le pavillon provient d’un grand magasin où l’on trouve tout, même de quoi équiper un concept ! A noter la roue de secours sur le pavillon.
Et cette partie « labo » touche notamment les accessoires de personnalisation traités en impression 3D. Car dénuée de portières (on y reviendra plus bas), l’Ami laisse béant quelques trous dans les feuillures de portes, destinés sur la version de série à intégrer les systèmes de fermeture ou de charnières des portières. Dans ces espaces vides, les designers ont prévu des pièces accessoires intégralement réalisées en impression 3D. A l’avant par exemple, il s’agit d’un support de rétroviseur original. « On vient le clipper dans le logement, grâce à un mécanisme intégré dans la forme”
“On se sert de l’élasticité de la matière pour permettre cette fonctionnalité. Le support est réalisé en une seule pièce réalisée en impression 3D (hormis le miroir, bien sûr…) et intègre donc le mécanisme pour le réglage du rétroviseur. On a prévu lors du dessin de cette pièce des espaces de 2 à 3 dixièmes de millimètre pour que la poudre s’écoule après le bain d’impression. Le mécanisme est ainsi libéré, devient fonctionnel, et vous avez même la rotule de réglage qui est intégrée ! C’est super fun à concevoir ! »
Un bon bain de poudre pour imprimer cette pièce, voilà qui surprend ! « Tout ça est réalisé chez nous et on peut même imaginer qu’une fois l’étude de la pièce réalisée en numérique, le client puisse l’imprimer chez lui ! » Et dire que je galère avec mon scan… Un autre accessoire vient se clipper sur la feuillure de porte arrière et peut supporter un appareil photo (ci-dessous) pour rapporter des souvenirs de votre promenade. « Avec ces pièces, on est sur de la vraie conception de design produit. »
Retrouvez nos trimestriels (livres de 130 pages) dédiés au design automobile sur https://lignesautoeditions.fr
L’Ami Buggy n’a plus de portes, juste des portillons et a gonflé les biceps – ou plutôt ses roues – pour crâner un max sur la plage. En pensant à My Ami Buggy à Miami, c’est sûr que l’Ami a ri ! Les portillons reprennent le dessin et pratiquement l’emplacement des ‘gélules graphiques’ de la voiture de série. Ils intègrent une bagagerie (étanche) et dédiée de couleur jaune citron (Citric Yellow), une teinte que l’on retrouve à l’intérieur avec une multitude d’accessoires. Les assises se font plus confortables que celles de l’Ami (7 cm plus épaisses) et on pourrait tout à fait imaginer un pack confort à l’avenir pour l’Ami de série. Ce petit labo est craquant car il conserve l’ADN de la voiture-mère : intelligence de conception pour minimiser le prix tout en améliorant certaines prestations.
Il vous sera plus facile de retrouver l’avant de l’arrière de votre Ami grâce à un traitement de couleur caisse spécifique. Hélène Veilleux et sa troupe ont conservé la couleur kaki pour l’avant mais ont travaillé cette teinte jusqu’à un noir perlé sur la partie arrière (un texturé baptisé Speckled Black). « De quoi accentuer le côté pile-face du véhicule » s’amuse Samuel. Les barres de toit (LA barre de toit devrais-je écrire car c’est la même qui est doublée, économie, économie…) est recouverte d’une peinture mouchetée, inspirée de celles que l’on trouve aujourd’hui sur les sneakers, « ça apporte un côté sportif et jeune à la voiture » en plus de son look outdoor ! Depuis son lancement, l’Ami de série s’est écoulée à 13 000 exemplaires en Europe. Elle méritait bien que Citroën l’émancipe davantage !
LE DESIGN VOUS PASSIONNE ? Découvrez l’envers du décor avec le récit du designer Patrick le Quément qui raconte ses 20 premières années de designer, et les relations parfois tendues au cœur des bureaux de style Simca, Ford et Volkswagen, de 1968 à 1989 : ci-dessous