Est-ce une voiture ? Un avion ? Une soucoupe ? Le concept-car Citroën 19_19 tient du « dream-car ». Cette déflagration dans l’univers automobile s’affranchit des codes habituels pour magnifier le confort, la technologie et l’audace stylistique d’une jeune marque centenaire.
Si Frédéric Duvernier a géré le projet car il est le responsable des concept-cars Citroën, c’est Romain Gauvin (ci-dessous) qui a remporté le concours de design pour ce concept-car pas comme les autres, dévoilé le 13 mai 2019.
LIGNES/auto : Avant d’aborder le thème et la genèse de cet important concept-car dans l’histoire de Citroën, je vais m’arrêter sur un élément de style parmi tant d’autres : à quoi servent ces embases latérales, à accueillir des ailes d’avion ?!
Romain Gauvin : « Oui, on pourrait imaginer la naissance d’ailes sur ces éléments… On peut rêver ! Le concept est fortement influencé par l’univers aéronautique.»
Bon, j’imagine que Frédéric Duvernier ne vous a pas demandé de dessiner un avion ? Quel était le brief de départ ?
R.G. : « Ce concept-car, c’est le gâteau d’anniversaire, celui qui célèbre le centenaire de la marque. Il fallait voir loin et on se projette en 2030. Côté gabarit, nous avions celui d’un C5 Aircross. 19_19 fait environ 4,65 m de longueur. Évidemment, la voiture est 100% électrique(1), mais pas seulement une voiture dans laquelle on peut dormir. Au contraire, sa transparence permet aux passagers de baigner dans le paysage ! »
(1) Deux moteurs, un à l’AV, l’autre à l’arrière. Batteries de 100 kWh, 800 km d’autonomie, recharge par induction, 800 Nm, 340 kW, 200 km/h en vitesse de pointe
Devant la page blanche pour ce dessin qui va un peu changer votre vie, il se passe quoi ?
R.G. : « Au moment des premiers coups de crayon, c’est un peu la tempête dans mon crâne car, pour moi, Citroën, ce ne sont que des voitures iconiques ! Prenez la SM, c’est une soucoupe volante sur la route.»
Le logo ailé qui s’évase en forme de “Y ” reprend l’identité née avec CXperience, mais il intègre les LED et finalise le capot avant dans sa partie supérieure, et l’aileron frontal dans sa partie inférieure. Cette dernière accueille les alertes lumineuses, comme les clignotants (ci-dessous).
Pas de rétro-design pour ce concept-car cependant ?
R.G. : “il n’en était pas question, l’entreprise même à cent ans est tournée vers l’avenir !”
Comment trouvez-vous ce thème de la soucoupe roulante ?
R.G. : “je dessine tout d’abord une ellipse au-dessus de la route, comme un nuage cotonneux. Pour moi, c’est l’image que je me fais du confort Citroën. La voiture semble voler au dessus de la route dans un grand confort… C’est l’image du ‘tapis volant’ ! Je crée cette espèce de goutte d’eau et je ne vais pas beaucoup plus loin car je tiens mon thème. »
Une soucoupe dont l’habitacle reste haut perché !
R.G. : « Les clients aiment bien être assis haut, voir loin pour plus de sûreté. Mais on peut concevoir une voiture surélevée sans pour autant dessiner un SUV !”
Vous faites aussi allusion à l’aérodynamique grâce à ce concept.
R.G. : « On peut effectivement créer des flux inférieurs. Ensuite, il faut bien accrocher les quatre roues à cette cellule habitable. Entre ces deux éléments (capsule et roues), je viens dessiner des suspensions que l’on met en avant par un dessin très technique. »
Une soucoupe portée par des roues incroyables (*)
R.G. : « Ces roues sont sans doute un record mondial pour une voiture, mais comme elles sont extériorisées, le travail de raccord à la cellule n’est plus un travail de design automobile, il faut aller chercher dans d’autres univers. C’est assez pointu en conception, car il faut aussi penser aux liaisons au sol et aux géométries. » Romain Gauvin reconnaît que lorsqu’il a fallu aborder le problème de rayon de braquage, toute l’équipe a eu quelques sueurs froides !
(*) voir le post sur le partenariat avec Goodyear
Vous avez délimité la cellule habitacle en deux zones dont l’une est recouverte d’un film…
R.G. : « Cette délimitation, entre la transparence totale et celle filtrée par le film (un décor multi perforé bleu), est venue de l’habitat. Si vous possédez une terrasse, vous la délimitez sans doute avec un coin au soleil et un autre à l’ombre d’une pergola ! Nous avons imaginé la même chose avec 19_19. »
Les clins d’œil aux thèmes esthétiques et historiques de Citroën sont nombreux, comme la lunette arrière concave qui est apparue en 1974 sur la CX dessinée par Robert Opron.
Cellule en forme de capsule, roues gigantesques et puis il y a les détails technologiques magnifiés !
R.G. : « J’ai regroupé tous les scanners, antennes GPS et caméras dans deux ilots positionnés sur le pavillon. Je les ai traités de manière très techno. Ils amènent également un puit de lumière à l’intérieur où ils débouchent sur deux éclairages d’ambiance. Pour ces dessins, je puise dans les domaines de la robotique, c’est stimulant car on est dans une époque charnière où l’on quitte le monde de l’automobile traditionnelle pour arriver dans une ère technologique. Nous sommes à un carrefour, et le centenaire arrive au cœur de cette mutation automobile ! »
Ei si devant cette page blanche l’année dernière, vous aviez proposé une voiture disons… normale ?
R.G. : « si j’avais présenté à Frédéric Duvernier un thème classique pour la voiture du centenaire, il m’aurait sans doute étranglé ! Car il ne faut pas oublier qu’André Citroën explorait l’avenir. L’idée était et reste toujours de se servir de la technologie la plus avancée pour la proposer au plus grand nombre. »
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